À mesure que Josh Harding multiplie les performances, les yeux d'un peu tout le monde s'écarquillent en pensant qu'il réussit tout cela bien qu'il ait la sclérose en plaques.

Ayant appris en septembre 2012 qu'il devait composer avec cette maladie neurologique incurable, le gardien du Wild du Minnesota a été en mesure de participer à cinq rencontres régulières en fin de saison et de remplacer au pied levé le titulaire Nicklas Backstrom en séries éliminatoires.

Cette démonstration lui a valu le trophée Bill-Masterton, remis au joueur ayant démontré le plus de persévérance.

Cette année, non seulement encore Harding poursuit-il sa carrière, mais il est en voie de faire quelque chose qui paraît presque impensable pour quelqu'un qui négocie avec une telle maladie: devenir le gardien numéro un de son équipe.

Après tout, la sclérose en plaques peut présenter une variété de symptômes, entre autres des spasmes musculaires, une faiblesse généralisée, des problèmes de vision et des étourdissements. Difficile de concevoir qu'on puisse garder les buts aussi souvent dans cette condition.

Mais Harding est en train de démontrer qu'il ne faut présumer de rien.

«Il y a beaucoup de communication entre nous pour gérer son utilisation, mais ça relève ultimement de son engagement, expliquait récemment à La Presse l'entraîneur-chef Mike Yeo. C'est une histoire assez impressionnante. Je pense que personne ne s'imaginerait avoir à gérer une telle condition, et encore moins (en étant un) athlète professionnel.»

Pendant des années, Harding a été coincé au Minnesota derrière le gardien Nicklas Backstrom. Or, avant qu'il n'apprenne de quelle maladie il souffrait, Harding a décidé en juin 2012 de demeurer avec l'équipe plutôt que d'obtenir une chance d'être numéro un ailleurs. Cette loyauté a payé des dividendes car lorsque Backstrom s'est blessé en début de saison, Harding était déterminé à saisir sa chance.

«Il a pu jouer plus de matchs et prendre son rythme, constate l'attaquant Jason Pominville. Il joue bien, c'est épouvantable!

«Son message est clair: il veut faire ce qu'il peut pour prendre le contrôle du filet.»

En 17 matchs, Harding présente une fiche de 12-2-2, une moyenne de 1,25 et un taux d'efficacité de ,946. C'est à lui que le Canadien aura affaire ce soir.

Comme si de rien n'était

À l'instar de ses coéquipiers, Nicklas Backstrom se dit impressionné par la façon dont le gardien de 29 ans gère la situation.

«On ne se douterait pas de ce qui lui arrive si on ne le savait pas déjà, soutient le vétéran gardien. Ç'a été un choc pour toute l'équipe quand on a appris la nouvelle l'an dernier. Mais pour lui, de revenir s'entraîner ou de participer à un match, ça n'a été qu'une autre journée au bureau. Il a agi comme si rien ne s'était passé.»

La dernière chose que veut Harding, c'est qu'on le prenne en pitié.

Plutôt que de répandre le mélodramatique de ville en ville, il décline les entrevues depuis quelque temps afin de se concentrer sur le hockey.

Ce qu'il arrive très bien à faire, merci! En stoppant 21 tirs dans une autre victoire des siens, dimanche, le gardien originaire de la Saskatchewan est demeuré invaincu à domicile cette saison (10-0-0). De plus, Harding a aidé son équipe à inscrire au moins un point à chacun de ses 11 derniers matchs (9-0-2), ce qui constitue un record d'équipe.

«C'est extraordinaire ce qu'il peut faire, confie Pominville. Il semble très bien encadré par les médecins et ça doit lui donner un gros coup de main. Il arrive de bonne humeur tous les jours, il est enthousiaste et il a de l'énergie sur la glace.

«Je ne sais pas comment il fait, mais ça donne un boost à tout le monde.»