(Toronto) Montréal et Toronto. Canadien et Maple Leafs. Sir Pathétik et Drake.

Il existe une rivalité certaine et naturelle entre le Québec et l’Ontario. Samedi, au BMO Field de Toronto, un autre chapitre de la rivalité s’écrira lors de la finale de l’Est entre les Alouettes de Montréal et les Argonauts de Toronto.

Et puisque l’historique est déjà chargé, les deux camps s’entendent pour dire que ce match aura une connotation spéciale.

Pour le Québécois Kristian Matte, l’effet d’affronter les ennemis jurés, surtout dans un contexte éliminatoire, ne s’est jamais dissipé, même après 14 saisons.

« En grandissant à Montréal, il y a toujours eu les Canadiens et les Maple Leafs, et même encore aujourd’hui c’est quelque chose de gros. Mais juste le fait de venir en Ontario, que ce soient les Argonauts ou les autres équipes, c’est toujours spécial. Il y a une rivalité entre les deux provinces et moi, j’adore ça », a-t-il expliqué en point de presse, vendredi après-midi.

Même s’il est arrivé à Montréal il y a moins d’un an, l’entraîneur-chef des Alouettes Jason Maas comprend bien à quel point les rencontres sans lendemain revêtent un caractère sans égal pour les partisans de l’équipe et les joueurs québécois au sein de la formation. « On n’a jamais été gênés de dire qui on représentait sur le terrain », a-t-il soutenu.

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L'entraîneur-chef des Alouettes, Jason Maas

Depuis son arrivée en poste l’hiver dernier, sa mission est de redonner aux partisans une raison d’être fiers de leur équipe. Et ce genre de match, admet-il, est une occasion parfaite : « On représente les Montréalais et les Québécois. On sait qu’on est en Ontario. Il y a une vraie rivalité entre le Québec et l’Ontario. Je pense que c’est une bonne chose parce que ça nous motive. On n’a jamais été gênés de parler de la fierté de jouer pour le Québec et de représenter le Québec. »

Une bonne équipe

Pour Marc-Antoine Dequoy et David Côté, cet affrontement contre les Argos vient avec une charge, inévitablement.

Mais pas nécessairement parce que Toronto représente l’ennemi juré.

« Ça reste un match éliminatoire. Il y a tellement peu d’équipes dans l’Est qu’elles sont toutes devenues des rivales jusqu’à un certain point. On se concentre sur l’adversaire, sur Toronto. L’aspect de la rivalité fait de la bonne presse, mais en vérité, on est juste concentrés », dit Marc-Antoine Dequoy.

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Kabion Ento (48), Marc-Antoine Dequoy (24) et Shawn Lemon (0) après la victoire, samedi dernier

Et les Alouettes devront être concentrés, effectivement, car leurs adversaires ont connu la meilleure saison de leur histoire avec un dossier de 16 victoires et 2 défaites, en plus d’avoir battu Montréal trois fois en autant de matchs.

« Depuis que je suis arrivé dans la ligue, Toronto est la meilleure équipe dans l’Est, a affirmé Côté en entrevue téléphonique, jeudi. Ils ont toujours été bons, ils se sont rendus en finale, ils ont été meilleurs que nous. Et il y a un petit quelque chose dans le fait de jouer contre eux, parce qu’on sait qu’on est très près d’eux. »

À en croire le botteur des Alouettes, le désir de battre les Argonauts à tout prix n’est pas nécessairement motivé par la proximité et le passé entre les deux villes, mais plutôt par la volonté de vaincre la meilleure équipe.

On veut les battre chaque fois qu’on joue contre eux, mais chaque fois, il nous manque un petit quelque chose. Donc c’est plus ça qui rehausse la rivalité. Surtout que ça fait deux ans qu’on joue contre eux en finale de l’Est.

David Côté, botteur des Alouettes

Et le Québécois est lucide : « Il y a la rivalité Toronto-Canadien qui est très présente, mais je ne pense pas que ce soit aussi valide chez les Alouettes. »

Après tout, comme l’a rappelé le demi défensif des Argos et ancien des Alouettes Adarius Pickett, « à ce point-ci de la saison, c’est juste un autre adversaire ».

Les Argos sont prêts

Donc, peu importe la langue d’usage de la province ou la manière d’apprêter la poutine, il faut s’attendre à une bataille de tranchées en finale d’association dans la LCF.

Les Alouettes ont une bonne défense, mais les Argonauts ont une bonne attaque.

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Chad Kelly (12)

Ils font beaucoup de bonnes choses et ils ont une tonne d’excellents athlètes. Des jeunes et des plus vieux qui sont dans la ligue depuis longtemps. […] Même si on a gagné nos trois matchs, ils étaient tous serrés. Alors il faudra arriver préparés.

Chad Kelly, quart-arrière des Argonauts

L’unité offensive des Alouettes s’est réveillée lors du dernier match contre les Tiger-Cats, mais la défense des Argonauts l’attend de pied ferme.

« [Cody] Fajardo peut courir, ça amène une autre dimension à leur attaque et il faut respecter ça, a expliqué le secondeur Wynton McManis. Mais on va rester nous-mêmes. On va être physiques. Et on ne fera pas de cadeaux. »

Ne reste qu’une seule danse entre les deux équipes pour déterminer qui retournera à la maison la tête entre les jambes. Nous verrons si les Alouettes prendront leur envol ou si les Argonauts poursuivront leur croisade. Dans tous les cas, la rivalité vivra.