Cela faisait 43 ans que Montréal n’avait pas été championne de la Coupe Grey et de la Coupe Vanier lors de la même année.

Et comme le hasard fait parfois bien les choses, deux des principaux artisans de ces triomphes sont de vieux complices dans la vie. En plus d’être des preuves vivantes de l’attachement de tout un quartier pour le football.

Danny Maciocia, directeur général des Alouettes, et Marco Iadeluca, entraîneur-chef des Carabins de l’Université de Montréal, étaient honorés lundi soir par l’arrondissement de Saint-Léonard. Celui où ils sont nés, où ils ont grandi et où ils demeurent toujours.

On célébrait leurs championnats respectifs, bien sûr, mais aussi tous les succès cumulés depuis leurs débuts dans l’univers du ballon ovale avec les Cougars de Saint-Léonard, organisation créée il y a près de 40 ans par Antonio Iadeluca senior – le cousin de Marco – et qui a fait du quartier un terreau montréalais des plus fertiles pour ce sport.

De nombreux joueurs des Cougars étaient d’ailleurs présents, avec leur chandail sur le dos, pour la cérémonie. Quelques anciens, aussi, dont les Alouettes Régis Cibasu et Louis-Philippe Bourassa, qui ont également évolué pour les Carabins. Certains de ces jeunes footballeurs, accompagnés de leurs parents, ont ensuite fait la file pour obtenir un autographe de Maciocia ou de Iadeluca. Sans oublier la photo de circonstance avec la coupe Grey et la coupe Vanier, bien mises en évidence au centre de la table.

« Revenir chez nous et partager ça avec les anciens et les Cougars actuels, c’est spécial. C’est unique. Pour moi, c’est très important de redonner [à la communauté], et c’est une façon de le faire », s’est réjoui Maciocia en entrevue avec La Presse.

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Le directeur général des Alouettes de Montréal, Danny Maciocia

« C’est tellement émouvant, raconte pour sa part Iadeluca. J’étais un petit joueur de baseball à Saint-Léonard et ils ont commencé le football quand j’avais 16 ans. J’ai changé [de sport] et je n’ai jamais arrêté depuis. C’est ici que j’ai eu la passion et la piqûre du foot. »

Collègues, mais surtout amis

C’est justement chez les Cougars que Macioca et Iadeluca se sont croisés pour la première fois, au début des années 1990. Le premier était coordonnateur offensif, le second était quart-arrière.

Au fil des ans, leurs parcours professionnels ont pris des directions différentes. Ils ont eu l’occasion de se retrouver sur les lignes de côtés d’un terrain de football en 2010 lorsque Maciocia, alors entraîneur-chef des Carabins, a offert à Iadeluca de devenir son coordonnateur offensif.

Mais peu importe là où leur vie de coach les a menés, leur amitié, elle, n’a jamais faibli. Les deux hommes et leurs familles ont fréquemment voyagé ensemble. Leurs filles s’adonnent au cheerleading. Iadeluca est également le parrain d’une des filles de Macioca, Alessia.

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L’entraîneur-chef des Carabins de l’Université de Montréal, Marco Iadeluca

« [Danny], c’est quelqu’un avec qui je suis toujours en contact, et on se côtoie aussi socialement avec nos familles. Sur le plan professionnel, dès que j’ai besoin d’un conseil, de parler d’une idée ou de savoir comment il gérerait les choses, je prends le téléphone, je l’appelle et on discute. Il est toujours là. C’est un mentor pour moi et il le sera toujours », détaille Iadeluca.

« Une place spéciale »

Si la soirée de lundi nous a permis de constater quelque chose, c’est à quel point la communauté de Saint-Léonard est mordue de football grâce aux Cougars. Qu’est-ce qui explique cet engouement ?

« Depuis les 30 ou 40 dernières années, ils ont été capables de produire d’excellents joueurs et des entraîneurs. C’est un bassin, un endroit où tu sais que tu seras bien coaché », explique Maciocia.

« Mais je pense que la clé avec cette organisation, c’est l’aspect humain, poursuit-il. Dès le moment où tu mets un pied ici, tu n’es pas seulement un joueur de foot. Tu es une extension de leur famille. Et ça, ça parle très, très fort. »

Iadeluca, quant à lui, estime que Saint-Léonard est « une place spéciale pour le foot ».

« Beaucoup de gens qui passent par ici ont continué à coacher et se sont rendus au niveau collégial, universitaire ou professionnel. Ça amène toujours de l’engouement et ça aide toujours l’organisation. Les jeunes voient qu’il y a une possibilité de se rendre au niveau auquel ils aspirent », note-t-il.

On ignore évidemment si Danny Maciocia et Marco Iadeluca auront de nouveau l’occasion de ramener les coupes Grey et Vanier à Saint-Léonard en même temps, dans un avenir plus ou moins rapproché. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que leurs succès continueront d’inspirer toute une génération de footballeurs.

Et que les deux hommes n’oublieront jamais leurs racines.