(Saint-Jérôme) Cody Fajardo ne connaît probablement pas Joe Bocan, mais il tentera, à sa manière, d’imaginer la prochaine saison comme un jardin d’Éden, là où tout est à refaire.

Les éloges ont été nombreux et les festivités ont été de longue durée après que le quart-arrière des Alouettes de Montréal eut été nommé joueur par excellence de la Coupe Grey au bout de sa première saison passée avec l’équipe.

Une trajectoire inattendue, étant donné que sa venue dans la métropole québécoise représentait son ultime et dernière chance d’obtenir un poste de partant dans la Ligue canadienne de football. Occasion qu’il a saisie pour se faire un nom. Un nom qui est aujourd’hui associé à un succès imprévisible et à une équipe qui est devenue la sienne.

« Si tu veux faire partie des grands, si tu veux devenir une légende dans cette ligue, il faut être constant. Je ne veux pas que ce soit un feu de paille », a révélé Fajardo au terme de la première journée du camp d’entraînement de l’équipe, dimanche dernier, à Saint-Jérôme.

Le pivot de 32 ans entame donc la nouvelle saison avec cette mentalité. S’il veut gagner, c’est certainement pour entrer dans l’histoire, tels sont le souhait et la mission de la majorité des athlètes professionnels. Mais il le veut aussi simplement parce que le goût de l’élixir que l’on appelle victoire détient des propriétés qui créent la dépendance. Et Fajardo veut en reprendre une gorgée le plus rapidement possible.

« Maintenant qu’on a goûté au fait de gagner le dernier match de la saison, on veut le refaire. On veut ressentir cette sensation à nouveau. »

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Cody Fajardo (à gauche)

Une nouvelle équipe

Plus de la moitié des joueurs présents au camp d’entraînement des Alouettes sont des nouveaux venus. C’est pourquoi Fajardo refuse de dresser trop de parallèles avec l’épopée vécue en 2023.

L’ancien entraîneur-chef des Alouettes Marc Trestman lui a déjà dit : « Chaque fois qu’il y a un nouveau joueur dans l’équipe, nous avons une équipe différente. » Ainsi, avec 55 nouveaux joueurs dans l’alignement actuel, impossible pour lui et le reste de l’équipe de s’appuyer avec trop de confiance sur le championnat de l’an dernier.

Vous n’allez jamais m’entendre parler des exploits de l’équipe de l’année dernière, parce que ce n’est pas juste pour les nouveaux joueurs. Il faudra trouver notre nouvelle recette secrète.

Cody Fajardo

L’entraîneur-chef, Jason Maas, tient aussi un discours similaire depuis le début de la semaine. D’ailleurs, Fajardo a louangé la manière dont Maas a accueilli les nouveaux éléments et favorisé leur intégration.

Dans le vestiaire, aucun joueur n’est assis à côté d’un joueur évoluant à la même position. Les vétérans ont des places assignées près des recrues. À chaque repas, l’entraîneur impose aux joueurs de manger à des tables différentes, chaque fois.

C’est une sorte de renforcement positif. Et ça plaît beaucoup au quart-arrière partant de l’organisation : « Pour parler à d’autres joueurs, apprendre d’où ils viennent. Il faut apprendre l’histoire de tout le monde, ce qu’ils ont traversé et pourquoi ils sont ici. C’est super d’entendre toutes sortes d’histoires différentes. »

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Cody Fajardo et l’entraîneur-chef des Alouettes Jason Maas

En français, svp

Fajardo, comme bien des vedettes sportives avant lui, avait promis d’apprendre le français dès que son avion est atterri à l’aéroport de Dorval. Questionné sur son apprentissage, le quart estime que « ça va un peu mieux ». « J’espérais que ce ne serait pas aussi difficile. »

En fait, il croit être plus à l’aise pour le comprendre que le parler. « De ce que j’en comprends, c’est le processus normal. C’est juste tellement difficile de le parler. Il faut être vraiment confiant pour aller de l’avant et s’essayer, sachant que ça va sortir tout croche. »

Depuis l’an passé, coach Maas exige de ses joueurs qu’ils sachent au moins prononcer leur numéro dans la langue de Vigneault. C’est leur manière de passer la sécurité pour entrer dans le vestiaire de l’équipe au Stade olympique. Comme un mot de passe.

C’est pourquoi votre journaliste lui a demandé si vraiment il comprenait « numéro 7 », lancé en français.

« Quoi ? », a répondu Fajardo.

« Number seven ? », pour le relancer.

« Ah oui ! Nu-mé-ro sept », ajoute finalement le quart en riant.

« Mon Dieu, tu l’as dit tellement rapidement ! C’est ça, le problème, ça va trop vite. Il faut me parler lentement. »

C’est donc à se demander ce qui va le mieux, son français ou la saison des Angels de Los Angeles, son équipe de baseball favorite.

« Les Angels… ça va tellement mal. Donc c’est serré ! »