Ce n’est pas exactement le retour de congé auquel Danny Maciocia s’attendait. Revenu mardi de ses vacances hivernales, il était au bureau mercredi pour la rencontre dînatoire entre le personnel d’entraîneurs de l’équipe et les membres des médias.

En fait, les choses vont tellement vite qu’au moment de s’entretenir avec les journalistes, il n’avait pas encore rencontré son nouveau patron, Pierre Karl Péladeau. Le nouveau propriétaire de l’équipe l’avait évoqué en point de presse, mais la conversation que les deux hommes ont eue a été sommaire, la communication étant brouillée parce que Maciocia était en croisière.

« C’était une conversation qui a duré trois, quatre minutes, a admis le directeur général des Alouettes, mercredi midi, en marge d’un lunch plutôt convivial. On a compris qu’on allait s’échanger des courriels et des textos en attendant. J’ai hâte de le rencontrer en personne. »

Quoi qu’il en soit, pas besoin de gratter bien longtemps pour comprendre que tout le monde dans les bureaux de l’équipe respire mieux, maintenant que l’équipe a un propriétaire en bonne et due forme, et n’est plus sous la tutelle de la Ligue canadienne de football.

Le personnel, on s’est tous dit : “Bon, on a un peu de vent dans les voiles.” Tu es dans l’incertitude, les joueurs le vivent, le sentent, avec raison. Les coachs le sentent, avec raison. Il y avait beaucoup d’attention négative autour des Alouettes, mais on a des gens qui se démènent, qui veulent juste que ça marche. C’est le fun que ces gens-là sentent qu’on a de l’aide.

Byron Archambault, coordonnateur des unités spéciales

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Le coordonnateur des unités spéciales des Alouettes, Byron Archambault

« Mais ça devait être business as usual en attendant, sinon on aurait perdu tout le monde pendant [le marché des] joueurs autonomes. Donc il fallait mettre les bouchées doubles, parce qu’on savait qu’on allait jouer des matchs la saison prochaine », a poursuivi Byron Archambault.

Archambault évoque les joueurs autonomes parce que la période de flottement avant l’arrivée du nouveau propriétaire a justement coïncidé avec l’ouverture du marché, le 14 février. Dans les jours qui précédaient, l’équipe avait les mains liées. Coïncidence ou pas, les Alouettes ont perdu le quart Trevor Harris et les receveurs Eugene Lewis et Jake Wieneke, qui ont profité de leur autonomie pour lever les feutres.

« Ce qui était difficile, c’était que l’incertitude arrivait au pire moment, pendant [le marché des] joueurs autonomes », a confirmé le nouvel entraîneur-chef des Alouettes, Jason Maas.

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Le nouvel entraîneur-chef des Alouettes, Jason Maas

L’équipe a tenté de colmater les brèches, notamment en s’entendant avec le quart-arrière Cody Fajardo et le receveur Greg Ellingson, mais l’instabilité était néanmoins dérangeante.

C’est pourquoi l’arrivée d’un nouveau propriétaire est accueillie avec un soupir de soulagement. Luc Brodeur-Jourdain, membre de l’organisation comme joueur, puis comme entraîneur, depuis 2019, en sait quelque chose.

« J’ai vécu des hauts et des bas ici, et c’est bon de savoir qu’on est détenus par un gars de la place qui est prêt à [pousser] à la roue, mais [à ouvrir] le portefeuille aussi », a rappelé l’entraîneur de la ligne offensive.

« C’est un gars qui comprend que c’est une organisation importante au Québec. Être encore sous la tutelle de la ligue, c’était décevant. Pas qu’on sentait que nos emplois étaient à risque, parce qu’on s’est fait assurer qu’on allait de l’avant, que la ligue couvrait nos frais, que c’était business as usual. Mais depuis que je suis arrivé avec les Alouettes, j’ai toujours vu une réduction des effectifs, des budgets. On en avait toujours moins. Et depuis une semaine, on en a plus. »

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L’entraîneur de la ligne offensive des Alouettes, Luc Brodeur-Jourdain

L’importance des intérêts locaux

Pour la première fois depuis le retour des Alouettes en 1996, l’équipe est donc détenue par des intérêts québécois.

« Ça fait toute la différence au monde, croit Maciocia. Quand tu viens de la place, que tu sois propriétaire, DG ou joueur, ça vient avec de la fierté. J’ai travaillé à Edmonton pendant neuf ans. Je ne peux pas dire que je n’étais pas fier d’en faire partie. Mais ce n’est pas la même fierté que pour les Alouettes de Montréal.

« La stabilité, c’est tellement important, ajoute Maciocia. On n’a pas vraiment vécu ça dernièrement, il y avait plus de sujets à l’extérieur du terrain que sur le terrain ! M. Péladeau a eu beaucoup de succès, c’est un fier Montréalais, un fier Québécois, il a des liens avec la province. On est vraiment motivés. Sa façon de s’exprimer a inspiré beaucoup de gens dans notre bureau. Il y a du travail à faire, mais nous sommes soulagés. »

Un dernier dossier en suspens

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L’ancien président des Alouettes, Mario Cecchini, et Jason Maas

Maintenant que l’équipe a changé de mains, il lui faudra bien un président ou une présidente. L’ancien président, Mario Cecchini, récemment nommé commissaire de la LHJMQ, est d’ailleurs venu faire un tour mercredi, mais sa succession n’est toujours pas officialisée. « C’est important que ça se règle, a convenu le directeur général Danny Maciocia. Ce qui est important, et on partage ça avec M. Péladeau, c’est qu’il faut qu’on soit alignés, qu’on partage la même vision, les mêmes valeurs. Si on est bien alignés, on peut rêver à gagner sur le terrain et avoir du succès en dehors du terrain. » Rappelons que le nom d’Annie Larouche, vice-présidente aux opérations de l’Alliance de Montréal et ancienne employée des Alouettes pendant 25 ans, fait partie de ceux qui ont circulé ces derniers jours.

Guillaume Lefrançois, La Presse