Les sources de La Presse sont formelles à ce sujet.

Les sources de La Presse sont formelles à ce sujet.

Ses menaces à mi-mots rapportées dans La Presse d'hier n'ont pas provoqué une grosse commotion aux bureaux de GPF1, la compagnie présidée par Normand Legault qui organise le Grand Prix. Faut dire qu'on connaît le bonhomme qui parle parfois plus vite que son ombre et qui joue toujours sur plusieurs tableaux en tentant de déstabiliser tous ceux qui font affaire avec lui.

D'ailleurs, Legault, qui ne voulait sans doute pas jeter de l'huile sur le feu et qui a évité de commenter les déclarations de B'wana Be'nie, a pris les devants au cours de la dernière année. Ainsi, à la suite des exigences de la FIA, des rails bordant la piste après le virage no1 ont été remplacés par des murets de béton. Au virage Panis, là où le pilote français a eu un accident il y a quelques années, c'est le contraire. On a installé des rails pour empêcher les voitures d'aller percuter le mur de ciment en cas de perte de contrôle.

De plus, pour accroître la sécurité du personnel des écuries, on a installé l'éclairage sur la passerelle qui traverse le bassin olympique. Les mécanos et les ingénieurs qui travaillent tard le soir ne craindront plus la baignade forcée le soir tombé.

Si Bernie Ecclestone a des demandes plus précises à formuler, il pourra le faire au téléphone ou lors de son passage s'il vient à Montréal pour le Grand Prix. Ce qui est loin d'être une certitude, puisqu'il se rendra à Indianapolis la semaine suivante. Pas sûr que tonton va avoir le goût de passer dix jours dans des contrées aussi sauvages que l'Amérique.

Mais ça ne veut pas dire que Montréal est à l'abri d'un coup de force. Un circuit aussi mythique que celui de Spa a été abandonné par la Formule 1 quand les Belges ont refusé d'apporter les modifications exigées par Ecclestone. La F1 est revenue en Belgique une fois que les ordres de gouvernements eurent investi les millions nécessaires.

Imola a perdu son Grand Prix, mais faut dire que les installations étaient 100 fois plus désuètes que celles de l'île Notre-Dame. Quant à Magny-Cours, un circuit perdu au milieu de nulle part construit par les socialistes amis de François Mitterrand, les infrastructures régionales ont été négligées par les dirigeants. Il y a cinq ans, Ecclestone avait posé des conditions qui n'ont pas été respectées.

La petite cour de Bernie Ecclestone, de Max Mosley, président de la FIA, et des propriétaires d'écuries se donne de plus en plus des allures de Comité olympique international. Le CIO constitue sans doute, avec la Couronne britannique, le dernier bastion des grands aristocrates de ce monde. Les patrons du CIO sont des princes qui veulent être traités en princes. Et ils exigent des installations qui sont de plus en plus majestueuses et colossales. On le voit à chaque olympiade.

La Formule 1 joue la même game. Les circuits de Shanghai, de Bahreïn et d'Istanbul sont extravagants et offrent aux bonzes de la F1 et à leurs chantres des médias des infrastructures extraordinaires. C'est tellement vrai que Sepang en Malaisie, qui était le nec plus ultra de la F1, commence maintenant à attirer des critiques.

Les journalistes de la F1, habitués à faire le tour du monde, aiment la nouveauté, l'exotisme et des salles de presse bien climatisées où on est à quatre pattes à leur service. On se sent plus important.

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On ne dorera pas la pilule. Les installations de l'île Notre-Dame ont 30 ans. Malgré les efforts de la Ville et du promoteur, les salles de presse souffrent mal la comparaison avec les autres du grand cirque. Par contre, les journalistes ne sont pas obligés d'aller téter un sandwich ou une platée de pâtes aux écuries, puisqu'ils peuvent manger à satiété dans une vaste tente de GPF1. Ça devrait d'ailleurs être comme ça dans le reste du monde.

Il est évident que Bernie Ecclestone cherche des villes qui lui permettront de présenter des courses à prix d'or. L'idéal pour lui, c'est un Grand Prix financé par les gouvernements. Ou présenté dans un pays qui permet la publicité du tabac. Ou dans un pays qui veut se servir de la Formule 1 comme geste politique pour se rapprocher de l'Europe, comme c'est le cas en Turquie.

Mais le Grand Prix de Turquie n'a pas été viable et Ecclestone en a repris possession. Alors que Montréal offre le marché canadien, permet des courses spectaculaires et une ambiance extraordinaire de F1 qui surpasse encore celles de Monza et de Monaco.

Et puis, si Tony George décide de tirer la plogue sur le Grand Prix des États-Unis à Indianapolis dans deux semaines, à la fin de son contrat, pensez-vous que B'wana va se priver de sa seule vitrine sur l'Amérique du Nord ?

So... welcome Mister Ecclestone, et si vous voulez parler sérieusement, composez donc le 514-285-7070.