Être parent d’un jeune enfant comporte son lot de défis. Et il arrive qu’on ne sache plus vers qui se tourner pour trouver des réponses à ces petits soucis du quotidien. La Presse explore une question qui touche le bien-être des enfants à l’aide d’un spécialiste. Aujourd’hui : on répond à des questions de parents sur la sieste et le coucher des moins de 5 ans.

Le sommeil est – sans surprise – le motif de consultation « numéro un » durant la petite enfance, affirme d’emblée la psychoéducatrice Mélanie Bilodeau, qui est également autrice des livres Soyez l’expert de votre tout-petit et Soyez l’expert de votre bébé.

Jusqu’à l’âge de 10 ans, le sommeil de l’enfant va vivre énormément de variations avant de commencer à ressembler à celui de l’adulte ; mais dès l’enfance, on voit bien qu’il y a des petits dormeurs, des lève-tard ou encore des couche-tard, note-t-elle. « Chaque enfant à son rythme biologique bien à lui », souligne Mélanie Bilodeau.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

La psychoéducatrice Mélanie Bilodeau

Le point sur la sieste

Jonathan est le père d’une fille de 2 ans et demi. « Depuis sa naissance, le sommeil a toujours été un problème », nous a-t-il écrit. Mais le vrai défi pour ses parents est la sieste, puisque le seul moyen pour elle de s’endormir, la fin de semaine, est en voiture.

« Ça se pourrait bien qu’on ait créé une habitude, dit Mélanie Bilodeau. Mais est-ce que c’est si grave que ça si l’enfant dort ? Il y a un problème à partir du moment où le parent dit : “Ça commence à m’épuiser, je n’ai plus trop envie d’aller faire des tours de voiture tous les samedis.” »

Si c’est le cas, pourquoi ne pas aller faire un tour au parc ? suggère la psychoéducatrice. « Elle va peut-être s’endormir dans sa poussette ou dans son traîneau, l’hiver.. Mais on ne va pas lui imposer une heure de sieste parce que ça génère du stress et de la protestation. »

L’enfant, ce qu’il veut, c’est sortir du cadre habituel de la garderie ; si on tombe en mode répression – “il faut que tu fasses dodo, c’est important, la sieste” –, il y a de la confrontation entre le parent et l’enfant.

Mélanie Bilodeau, psychoéducatrice

Plutôt que de « se battre » pour la sieste, elle croit qu’il serait plus bénéfique de lâcher prise, quitte à avoir un moment de calme à la maison où tout le monde se colle sur le divan ou dans le grand lit. « On ferme nos yeux, on relaxe, on respire, on raconte une histoire... Si on s’endort, tant mieux ; si on ne s’endort pas, ce n’est pas dramatique non plus. C’est juste deux jours par semaine, alors le fait d’être dans le plaisir, ça change complètement la donne. »

Le fameux nombre d’heures de sommeil

Combien d’heures un enfant devrait-il dormir par jour ? C’est la question qu’une mère nous a posée afin de connaître les variations qui surviennent vers l’âge de 4 ou 5 ans, alors que deux mamans nous ont écrit parce qu’elles s’inquiètent que leur fils de 20 mois ne dorme que sept heures par nuit, en plus de sa sieste de l’après-midi.

Peu importe l’âge de l’enfant, Mélanie Bilodeau conseille aux parents de ne pas s’attarder aux chiffres. « Ça devient extrêmement anxiogène et on se déconnecte du besoin réel de l’enfant. C’est comme la sieste : à quel moment on cesse de la faire ? Il y a des enfants qui, à 3 ans et demi, n’en ont plus besoin et fonctionnent super bien, alors qu’il y en a qui, à l’entrée à la maternelle, en ont encore besoin l’après-midi. »

La psychoéducatrice conseille plutôt d’observer l’enfant ; est-ce qu’il est plus irritable que lorsqu’il dort davantage ? Est-ce qu’il est disposé aux apprentissages ? Et le soir, guetter les signes de fatigue – il regarde dans le vide, il bâille, il se frotte les yeux – afin de ne pas manquer « sa fenêtre d’endormissement ».

« Le sommeil, c’est un peu comme un train qui passe. Si tu l’as manqué, il faut que tu attendes le prochain », explique Mélanie Bilodeau. Et le prochain peut arriver une ou deux heures plus tard, selon l’âge de l’enfant.

« Enseigner l’analogie du train aux enfants, ça fonctionne tellement bien parce que c’est sûr que si on leur dit : “Allez, au lit”, c’est très rare qu’ils soient enthousiastes à aller se coucher. Au lieu de leur dire : “Oh, je pense que tu commences à être fatigué” – tous les enfants répondent non, c’est systématique ! –, on pourrait dire : “Tu te frottes les yeux, tu bâilles, ça pourrait être un train qui passe.” Ça amène les enfants à développer de la pleine conscience et l’idée que le sommeil, c’est quelque chose d’agréable, qui fait du bien, plutôt que d’insister sur le fait qu’il faut aller faire dodo. »

Et ce qu’il ne faut surtout pas oublier, c’est que le sommeil demeure un processus neurophysiologique sur lequel le parent n’a aucun pouvoir, souligne Mélanie Bilodeau ; tout ce qu’il peut faire, c’est accompagner l’enfant en répondant à ses besoins affectifs durant la période d’endormissement et les réveils nocturnes.

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