Un record d’achalandage a été établi au Centre des sciences de Montréal pendant les vacances du temps des Fêtes : quelque 40 000 personnes ont été accueillies en 12 jours. Gageons que lors de la relâche scolaire, l’endroit sera également très animé. Curieux de savoir comment sont créées les expositions qui y sont présentées ? Survol en cinq points.

Penser aux tendances d’aujourd’hui… et de demain

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le petit Marcel explore l’une des activités de la table à eau.

De sept à dix ans. Voici la durée de vie des expositions permanentes présentées au Centre des sciences de Montréal. Si, pour développer une nouvelle exposition, l’équipe du musée se renseigne sur les grandes tendances du moment en sciences et en technologie, elle doit aussi s’assurer que le thème exploré demeurera pertinent dans les années à venir. Bien que l’intelligence artificielle soit un sujet fort intéressant, parler exclusivement de ses utilisations actuelles serait une mauvaise idée, explique Cybèle Robichaud, directrice du Centre des sciences, avec qui La Presse a visité les lieux. Pour créer du nouveau contenu, son équipe et elle « s’inspirent de ce qui se fait ailleurs, mais aussi de [leur] expérience ». Par exemple, lorsqu’est venu le temps de renouveler l’exposition Science 26, qui a été présentée de 2007 à 2019, il était évident que certaines attractions « chouchous » devaient être conservées. La bulle géante et la table à eau font partie des expériences repensées (et multipliées) pour l’exposition Explore qui, comme sa prédécesseure, parle des grands principes scientifiques, sujet indémodable.

Miser sur l’interactivité

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Le kaléidoscope géant de l’exposition Explore

Pour intéresser les jeunes (et les moins jeunes) à la science, le musée mise beaucoup sur l’interactivité. « Ce que les visiteurs viennent chercher ici, ce n’est pas de lire un texte. Ça, ils peuvent le faire dans un livre ou sur l’internet. Ils viennent vivre une expérience », explique la directrice. Dans chaque salle, les visiteurs sont invités à manipuler des objets. De quelle longueur sont les intestins d’un adulte ? Dans l’exposition Humain, on invite les curieux à dérouler une corde de six mètres pour le découvrir. « Une ligne directrice qu’on essaie de garder en tête dans le développement des expériences, c’est de faire vivre quelque chose à nos visiteurs qu’ils n’ont pas l’occasion de vivre à la maison ou à l’école », ajoute Cybèle Robichaud. Un exemple ? Pour explorer le thème de la lumière et des miroirs, le musée s’est tourné vers le kaléidoscope. Si tout le monde peut s’en procurer un au magasin, personne n’en a un géant comme celui du Centre des sciences.

Réparer les excès d’enthousiasme

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L’atelier où sont notamment réparées les attractions défectueuses

Les visiteurs du musée sont parfois « très enthousiastes », admet la directrice. « Quand on vient, on s’attend à toucher à tout, à tester différents mécanismes. Il faut que ce soit solide, que ce soit durable, mais, des fois, on a des surprises quant à la façon dont les visiteurs usent de leur créativité. » Lors du passage de La Presse, une expérience regroupant une série de tuyaux dans lesquels de l’air fait progresser des objets était d’ailleurs en réparation. « On a une équipe de techniciens [...] qui veillent à ce que la magie continue d’exister. Que tout soit toujours en très bon état et fonctionnel », explique Cybèle Robichaud. Leur « magie » s’opère dans un atelier situé au deuxième étage où l’on trouve tout le matériel nécessaire pour faire des réparations en tout genre.

Écouter le public

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Destinée aux 0 à 7 ans, Mini mondo se veut un éveil à l’écocitoyenneté.

« Dans le processus de réalisation d’une exposition, on met en place plusieurs moments dans le développement pour tester des éléments avec nos visiteurs. [...] Ça peut être une activité, un prototype. Ça peut être tester un design, des consignes ou un jeu multimédia », révèle Cybèle Robichaud. Les participants à ce « club des testeurs » sont recrutés grâce à l’infolettre du Centre des sciences. Destinée aux enfants de 0 à 7 ans, l’exposition Mini mondo a pour sa part été testée par des familles issues de l’immigration, dans un souci « d’inclusion et de diversité ». « On voulait qu’elles se sentent accueillies », indique la directrice. Le Centre des sciences porte aussi une attention particulière à l’accessibilité universelle « pour faire en sorte que tout le monde puisse en profiter ».

Naviguer à travers les contraintes

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L’exposition Dinosaures autour du monde est présentée jusqu’au 12 mars.

Un tyrannosaure et quelques comparses dinosaures ont pris d’assaut l’une des salles d’exposition jusqu’au 12 mars. La taille impressionnante de certains spécimens a donné quelques maux de tête à l’équipe du musée. « Les visiteurs ne le remarquent peut-être pas, mais on est dans un ancien hangar du port de Montréal construit en 1908. [...] Quand on a fait le Centre des sciences en 2000, on a conservé le squelette des anciens hangars, ce qui est fantastique pour souligner le patrimoine industriel, mais c’est un peu plus compliqué quand on fait des expositions. On a des hauteurs de plafond très variables. On a des colonnes à plusieurs endroits », explique Cybèle Robichaud. Toutes ces contraintes doivent être prises en compte lorsque le musée reçoit une exposition temporaire. La prochaine devrait toutefois s’installer sans soucis puisque le Centre des sciences a participé à sa création. Son sujet ? Le hockey. À découvrir dès le mois d’avril.

Consultez le site du Centre des sciences
En savoir plus
  • 2 ou 3
    Nombre d’années nécessaires pour concevoir une nouvelle exposition permanente
    4
    Nombre d’expositions permanentes au Centre des sciences : Explore – La science en grand, Humain, Mini mondo et Fabrik – Défis créatifs. Deux expositions temporaires sont également présentées à l’heure actuelle, soit Dinosaures autour du monde et Notre quête climatique : de petits pas vers de grands changements.
    Source : Centre des sciences de Montréal