L’envie d’une sortie au resto avec les enfants se fait sentir durant la relâche ? Si certains parents poussent la curiosité et l’ouverture culinaire de leur progéniture, d’autres évitent ce genre de sortie, jugeant que le prix à payer, en argent et en paix, est trop élevé. Conseils pour que ça se passe bien.

Ariane, 9 ans, mange de tout : tartare, escargots, foie gras, pieuvre. Ses parents se décrivent comme des foodies et sortir au restaurant fait partie de leur mode de vie.

« On est curieux et on aime découvrir de nouveaux restaurants, que ce soit ici ou en voyage, explique le père d’Ariane, Louis-Philippe Péloquin, résidant de Varennes. On ne sort pas seulement dans des restaurants plus chics ou gastronomiques, on aime aussi aller dans des chaînes. »

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Louis-Philippe Péloquin, sa conjointe Catherine et leur fille Ariane

La clé, selon lui ? La réceptivité des parents, du personnel et de l’enfant. « On choisit nos heures et il faut qu’elle soit en forme et reposée », dit le père de 47 ans.

Valérie Dorion, de Blainville, vit la même chose avec ses garçons de 7 et 8 ans : elle sort au restaurant régulièrement avec eux, sans craindre de déranger. « On apporte des jeux de table et des jeux de poche, comme des cartes ou des petits casse-têtes, raconte-t-elle. Généralement, ça se passe bien. »

Elle apporte une précision : il lui est déjà arrivé de quitter le restaurant pour avoir « une discussion dans la voiture car la limite avait été atteinte ».

Un état d’esprit

Selon Sébastien Munoz, copropriétaire des restaurants Tapeo et Mesón à Montréal, certains parents peuvent trouver intimidant d’essayer une sortie au resto une première fois avec leurs enfants. « On reçoit énormément d’enfants dans nos deux restaurants et ça nous fait plaisir », assure ce père de deux adolescents de 12 et 15 ans.

Venir à l’ouverture, lorsque c’est moins achalandé, est une bonne idée. Aussi, il faut se mettre en tête, comme parents, qu’on ne passera pas une soirée habituelle.

Sébastien Munoz, copropriétaire des restaurants Tapeo et Mesón à Montréal

Se lever fréquemment, amuser les enfants pour les faire patienter, imposer quelques règles de base sont des choses normales auxquelles les parents doivent s’attendre.

PHOTO FOURNIE PICHARA CHHE

Samuel, 6 ans, et Michael, 8 ans, les deux garçons de Pichara Chhe

Pichara Chhe, une Montréalaise de 36 ans, aime inventer des jeux de devinettes ou d’énigmes pour tenir occupés ses garçons de 6 et 8 ans. « L’état d’esprit dans lequel on se présente au restaurant est important, glisse-t-elle. Ce ne sont pas des adultes ! »

Stratégie étonnante, elle aime bien faire grignoter ses enfants avant de quitter la maison. « Je les fais manger juste un peu, quelques craquelins, un morceau de fromage ou un fruit, pour qu’ils ne soient pas affamés ou impatients. »

Pas toujours facile ni souhaitable

Geneviève Tourigny, mère de trois enfants de 19 mois, 5 ans et 8 ans, n’en a pas tant contre l’impatience de ses enfants... mais bien celle des autres clients. Cette Montréalaise de 38 ans déplore le manque de tolérance de ses concitoyens, et parfois le manque d’installations ou d’équipements pour les enfants (table à langer, chaise haute) chez les restaurateurs.

On évite le restaurant avec les enfants. J’ai déjà eu l’impression qu’on dérangeait, même si on était là pour le brunch, en matinée ! C’est dommage. Je trouve que c’est beaucoup plus facile aux États-Unis, où il semble que ce soit dans la culture de sortir avec ses enfants.

Geneviève Tourigny, mère de trois enfants de 19 mois, 5 ans et 8 ans

Mère de deux fillettes, Audrey Proulx évite elle aussi les sorties au restaurant. Le bruit, les odeurs et les goûts différents gênent son aînée. Quant à sa cadette, âgée de 5 ans, elle est « très active » et « ne tient pas en place ».

« Elle va passer en dessous dans la table, par-dessus, va essayer de plonger de l’autre côté de la banquette, raconte la résidante de Belœil de 35 ans. Heureusement, je n’ai jamais reçu de commentaires ou senti de jugements, mais on n’a pas trop de fun... On préfère recevoir à la maison ou aller chez des amis. »

Petit à petit

Nadia Gagnier, psychologue, rappelle que les sorties au restaurant en famille ne sont pas réalistes pour tout le monde. Plusieurs variables entrent en jeu, dit-elle. « Il y a bien sûr la question du budget et de l’intérêt, tout comme notre personnalité et notre tolérance au regard des autres. Aussi, il faut tenir compte du tempérament et des besoins de l’enfant, et des expériences passées. »

Un bon truc, si on craint une sortie au restaurant ? Privilégier la technique des petits pas : choisir un restaurant familial, s’y rendre tôt et ne pas y aller trop longtemps, commander un repas composé d’aliments que l’enfant aime, etc. « On peut aussi y aller pour le dessert seulement, propose Nadia Gagnier, pour voir comment cela se déroule. »

Copropriétaire du Marconi à Montréal et du Mollies à Sutton, Molly Superfine-Rivera déplore que certaines familles se privent de sorties au restaurant. « Oui, les enfants bougent et ils peuvent être bruyants, c’est ça, la vie ! lance cette mère d’un garçon de 4 ans. Les enfants font partie de la société et ils ont le droit d’être au restaurant. »