Le Jardin de l’étrange est de retour. La Presse a suivi l’équipe du Jardin botanique pendant qu’elle s’affairait aux derniers préparatifs dans cette mystérieuse serre-laboratoire qui accueillera les visiteurs du 22 février au 30 avril.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Quand on voit les quelque 200 espèces de plantes différentes qui embellissent la serre 10 du Jardin botanique, il est difficile de croire qu’au début du mois de décembre, seuls quelques arbres et de grandes fougères se trouvaient sur place. « On fait table rase entre chaque exposition », explique Viviane Fortier, horticultrice spécialisée responsable de la Grande Serre, lieu qui accueille les expositions thématiques temporaires.

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Puisque les végétaux de la serre changent plus d’une fois par année, ceux-ci doivent se transporter facilement. La solution ? « Je ne plante pas mes plantes en pleine terre. Je les laisse en pot de production », révèle Vivian Fortier. Lors du passage de La Presse, la jardinière Marie-Ève Tourigny plaçait des fougères « Cotton candy » dans la plate-bande. Autour de chaque pot, elle installait un long tuyau noir servant à irriguer la terre.

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Parmi les plantes du Jardin de l’étrange, certaines n’ont que 1 an, alors que d’autres comptent une quinzaine d’années, comme ces clivias. « Les avoir en pot facilite le fait qu’on les retourne dans les serres de production après l’exposition. […] Ça nous permet d’avoir des spécimens qui sont très gros et très spectaculaires par rapport à ce que les gens cultivent chez eux », explique l’horticultrice responsable de la Grande Serre.

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Qu’ont en commun les plantes réunies dans l’exposition ? Elles se sont adaptées à leur environnement de manière étonnante. Un exemple ? Cette plante-caillou, dont l’apparence rebute les herbivores susceptibles de la manger dans le désert où elle pousse. « Elle s’est transformée en caillou pour se camoufler », résume Viviane Fortier.

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Énigmatiques, géantes, animales, carnivores, succulentes et flamboyantes : dans le Jardin de l’étrange, les plantes exposées ont été regroupées dans différentes familles fictives. Dans quelle catégorie est classée celle que tient Viviane Fortier ? Un indice : son nom commun est la fougère patte de lapin.

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Les plantes présentées dans la Grande serre ne poussent pas nécessairement toutes dans le même environnement dans la nature. Trouver un équilibre pour chaque espèce représente tout un défi. « On va jouer avec les microclimats qui sont déjà présents dans la serre, explique l’horticultrice spécialisée. Il fait plus chaud au deuxième étage qu’au premier. » Des terrariums sont aussi utilisés pour certains spécimens.

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« L’une des particularités d’une exposition comme ça dans un jardin botanique, c’est qu’on travaille avec du vivant », ajoute Anny Guindon Varvarikos, agente de programmes éducatifs. L’équipe a parfois de belles surprises, comme la floraison prolongée d’une plante, ou quelques déceptions, comme des semis ravagés par des souris.

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Dans la serre de production à laquelle le public n’a pas accès, Laurence Boissonneault, horticultrice spécialisée à la production florale, donne l’exemple de ces plants de silosi crête de coq, qui sont encore trop petits pour être transférés dans la Grande serre. Les semis ayant été infestés de pucerons, les fleurs n’ont pas encore atteint la taille escomptée. « Là, elles sont aux soins intensifs et je les traite aux petits oignons. »

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On trouve de nombreux exemplaires de chaque plante dans les serres de production afin de pallier les imprévus pouvant survenir pendant les neuf semaines de l’exposition. « On peut avoir une plante qui casse, quelqu’un qui tombe dans une plate-bande, des insectes… », énumère Laurence Boissonneault.

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Soulignons toutefois que tous les insectes ne sont pas indésirables. Dans un souci d’utiliser le moins de pesticides possible, l’équipe a même recours à certains insectes-amis, livrés dans de petites bouteilles. Par exemple, le cryptolaemus, la petite larve blanche sur cette photo, se charge d’éliminer les cochenilles.

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Quel type de plantes vole la vedette dans le Jardin de l’étrange ? Les plantes carnivores. « Ce sont des plantes qui se sont adaptées au terrain pauvre où elles vivaient. Il n’y avait pas beaucoup de minéraux dans le sol. Elles complètent leur alimentation en mangeant des insectes », explique Viviane Fortier.

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L’horticultrice doit-elle nourrir les plantes carnivores avec des insectes? Elle le fait une fois aux trois mois environ en leur donnant des insectes déshydratés. Puisque la dionée commence sa digestion que si elle sent le mouvement de l’insecte qu’elle mange, Viviane Fortier doit même masser la plante pour activer ses réflexes.

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C’est la deuxième année qu’est présentée l’exposition Jardin de l’étrange dans sa forme actuelle. Une fois de plus, les visiteurs sont invités à jouer aux apprentis botanistes, à aiguiser leur sens de l’observation et à répondre à des questions tout au long du parcours. Des ateliers inspirés des plantes carnivores attendent aussi les enfants.

Consultez le site du Jardin botanique