Alors qu’on estime que les Montréalais jettent ou donnent plus de 7 kg de vêtements et d’autres produits textiles par année, Renaissance poursuit ses efforts pour en détourner le plus possible de l’enfouissement en lançant un guide sur la consommation responsable.

Pourriez-vous vivre avec une garde-robe saisonnière limitée à 40 articles, incluant les accessoires et vêtements d’extérieur ? C’est le défi que lance l’organisme aux Québécois avec la publication de son Petit guide de la consommation responsable.

Agrémenté de conseils sur la création d’une garde-robe capsule, l’entretien des vêtements, leur durabilité et leur revalorisation, le guide, offert en ligne, s’inscrit dans le projet-pilote lancé en 2021 par Renaissance et Vestechpro, centre de recherche et d’innovation en habillement. Tout en continuant de miser sur les autres volets du projet que sont le réemploi et le recyclage, l’organisme veut sensibiliser la population à la réduction à la source.

« On souhaite faire réfléchir les gens sur comment on peut changer ses habitudes, indique le directeur général de Renaissance, Éric St-Arnaud. Est-ce qu’on peut mieux consommer, notamment en se tournant vers l’usagé ? Est-ce qu’on peut aussi ne pas acheter autant et essayer de se créer des kits pour s’assurer qu’on utilise les vêtements au maximum ? Puis, si on est capables, acheter des vêtements de meilleure qualité pour qu’ils puissent être réutilisables. »

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Éric St-Arnaud, directeur général de Renaissance

Selon une recherche effectuée par Vestechpro en 2022, les Montréalais achètent en moyenne 9,7 kg de textiles par année, alors qu’ils en jettent ou en donnent 7,4 kg. Précisons que les textiles incluent non seulement les vêtements, mais aussi la literie et le linge de maison. Appuyé des professeurs Emmanuel B. Raufflet et Jonathan Deschênes et d’étudiants de HEC Montréal, le chercheur en économie circulaire chez Vestechpro, Ennouri Triki, en est arrivé à ces résultats en compilant les réponses de 1100 répondants à un sondage en ligne mené entre janvier et mai 2022. En fonction de chacune des catégories nommées par les répondants (manteaux, hauts, pantalons, etc.), le poids de leur consommation textile a été estimé. Les résultats complets de cette étude feront l’objet d’un article scientifique, présentement en préparation.

En 2019, 292 000 tonnes de textiles ont été jetées, selon Recyc-Québec. « C’est épouvantable, la quantité qui est jetée. Comment on peut, premièrement, sensibiliser les gens à donner leurs vêtements et, deuxièmement, à acheter usagé ? », s’interroge M. St-Arnaud.

Mais Renaissance a-t-elle la capacité d’accepter davantage de dons ? Son directeur général le croit. « Il y a un besoin. Les clients sont là, peu importe où on ouvre. L’usagé était associé à certaines classes de la société, à faible revenu, mais on voit une augmentation [de l’attrait pour les articles d’occasion] dans toutes les strates de la société. Aussi, depuis quelques années, on remarque que les gens sont plus en plus sensibilisés à l’environnement. »

En pleine expansion, l’organisme étend ses activités hors de la région métropolitaine. Après Sherbrooke et Gatineau, un premier magasin à grande surface ouvrira ses portes dans la région de Québec au cours de la prochaine année.

Réparer et recycler

Chez Renaissance, c’est plus de la moitié de la marchandise reçue qui est mise sur les tablettes et plus du quart (26 %) qui trouve preneur, précise le directeur général. « Tout ce qui est reçu est trié », assure-t-il. L’organisme s’est donné comme objectif de détourner 54 000 tonnes d’articles des sites d’enfouissement d’ici 2028. L’an dernier, c’est environ 26 000 tonnes d’objets qui ont eu une deuxième vie. Pour atteindre son objectif, il mise donc sur la réparation et le recyclage. Depuis peu, des couturières participant à un programme d’insertion socioprofessionnelle travaillent à réparer des vêtements abîmés reçus dans les centres de dons. Les premiers articles devraient être mis en vente d’ici Noël au magasin de Montréal-Nord, où est situé l’atelier de réparation. Avant d’étendre l’offre à d’autres magasins, Renaissance souhaite évaluer si les clients sont prêts à payer plus pour un vêtement qui a été réparé.

Bien que le soutien financier versé par la Ville de Montréal dans le cadre de son programme Agir pour la transition écologique prenne fin ce mois-ci, Renaissance et Vestechpro ont décidé de poursuivre ce projet de recherche. Le plus grand défi consiste à trouver une façon de recycler de grandes quantités de vêtements et d’autres produits textiles postconsommation. « On a quelques prototypes, on a acheté de l’équipement, ça coûte très cher », note Éric St-Arnaud. « Ça serait mentir de vous dire que c’est extrêmement avancé. […] On a décidé de continuer à la hauteur de nos moyens. On veut faire partie de la solution. »

Le 9 novembre, Montréal accueillera le premier volet de la Conférence internationale en recherche appliquée en textile et matériaux (CIRAT), lors de laquelle des experts se pencheront sur la transformation et le recyclage de textiles résiduels.

Télécharger le Petit guide de la consommation responsable Consultez le site de Renaissance
En savoir plus
  • 58 %
    Proportion des résidants de la grande région de Montréal et de Sherbrooke qui ont fait des dons d’objets en 2022.
    Sondage som, effectué en janvier 2023 auprès de 1425 personnes