Après Paris, Lyon, Madrid, Lisbonne, Londres, Los Angeles et Toronto, la marque chinoise Shein ouvre une boutique éphémère à Brossard, du 27 au 30 juillet.

Cette entreprise chinoise de l’« ultra-fast fashion », qui propose plus de 470 000 modèles de vêtements en ligne à prix dérisoire, est très controversée. Ses différentes pratiques, environnementales notamment, sont critiquées dans de nombreux pays.

Dans une tribune du journal Le Monde publiée le 7 juin dernier, plusieurs personnalités, dont le député européen Raphaël Glucksmann, la militante Camille Étienne, le président de la Fédération française du prêt-à-porter féminin, Yann Rivoallan, et la fondatrice de The Good Goods, Victoire Satto, écrivent que derrière les t-shirts à 2 euros (3 $) ou les robes à 9 euros (13 $) se cache un système d’exploitation d’une rare violence.

« Selon une enquête de l’ONG Public Eye, les ouvriers de Shein – qui proviennent des provinces les plus pauvres de Chine – travaillent 12 heures par jour avec un seul jour de congé par mois. Le plus souvent sans contrat de travail et sans assurance, écrivent-ils. Les prix ultra-faibles pour le consommateur ont donc un coût : ce coût, ce sont les travailleurs qui le paient à l’autre bout du monde, c’est celui des dépenses énergétiques requises pour produire des millions de vêtements considérés comme jetables, potentiellement toxiques pour la santé et les écosystèmes dans lesquels ils finissent. »

PHOTO CHEN LIN, ARCHIVES REUTERS

Bureaux de Shein à Singapour

Une pétition a d’ailleurs été lancée pour interdire Shein en France, soutenue par Raphaël Glucksmann, qui demande au gouvernement d’agir. « Shein est la version la plus aboutie du modèle de surproduction et de surconsommation qui nous conduit tout droit au désastre climatique. Nous demandons au ministre des Finances Bruno Le Maire et au gouvernement français de mettre en place d’urgence un bouclier législatif et réglementaire pour protéger les citoyens européens, les droits humains et le climat », écrit le député européen et ses collègues dans la tribune publiée dans le journal Le Monde.

Une marque populaire

Même si Shein est critiquée par les défenseurs des droits de la personne et environnementaux, la marque chinoise, omniprésente sur les réseaux sociaux, est très populaire auprès des jeunes qui apprécient la diversité des modèles à très bas prix. Shein propose jusqu’à 8000 nouvelles références par jour.

Selon Anne-Marie Laflamme, cofondatrice d’atelier b et chargée de cours en design à l’Université Concordia, Shein est l’exemple le plus radical de la mode éphémère, et il faut en avoir conscience.

En achetant chez Shein, on fait mal à la planète et on contribue à l’esclavage moderne. C’est difficile de justifier que des vêtements qu’on trouve beaux à très bas prix vaillent cette souffrance-là.

Anne-Marie Laflamme

« Je dis souvent qu’en touchant un vêtement, on voit défiler un peu de son histoire, dit-elle. Dans le cas de Shein, si on voyait d’où il vient et par où il est passé, on ne voudrait pas le porter, c’est certain. C’est bien présenté, c’est bien emballé, alors on ne voit pas ce qu’il y a derrière. Mais pour les petits budgets, il y a d’autres options. Un peu de conscientisation peut faire réfléchir et faire comprendre à quoi on contribue en achetant des vêtements chez Shein. »

Contacté pour savoir pourquoi on avait accepté que cette marque s’implante, même temporairement, au Quartier DIX30, Nicholas Kassis, responsable de la location, a répondu ceci par courriel à La Presse : « Notre équipe a été approchée par l’agence événementielle de SHEIN, car Quartier DIX30 est reconnu dans le marché de la location court terme pour sa disponibilité d’espaces temporaires et faciles d’accès pour toute la région du Grand Montréal. Chaque année, plusieurs dizaines de pop-up de marques locales et internationales ont lieu dans ces locaux du DIX30. Ceci étant dit, SHEIN et son agence événementielle sont entièrement responsables de l’organisation et de la promotion de leur pop-up. »