Depuis ma dernière chronique du 2 août, j'ai beau avoir eu congé de clavier, mes papilles et mes cils olfactifs n'ont pas chômé, eux! Loin de là. En plein coeur de mon marathon annuel de dégustation pour la rédaction de la treizième édition de La sélection Chartier, j'ai effectué de nombreuses découvertes, dont certaines chez des crus dégustés en primeur, tout comme de multiples harmonies enivrantes. Mes matinées sont consacrées à mes recherches en sommellerie moléculaire, ce qui m'inspire des harmonies plus précises et plus complètes que jamais. Voici donc certaines pistes harmoniques effectuées en août.

Débutons avec l'un des vins blancs qui m'ont le plus surpris, chez les crus offerts sous la barre des vingt dollars, et qui m'a permis de réussir de belles envolées avec des brochettes de poulet et de crevettes à la salsa d'ananas, une fricassée de poulet à l'asiatique ou des calmars au mojo. Donc avec des mets parfumés, un brin épicés et fruités. J'ai nommé le très attendu Anthilia 2007 Sicilia, Tenuta Donnafugata, Italie (15,95$; 10 542 137).

Un 2007 supérieur au déjà très bon 2006, qui lui était déjà meilleur que le 2005... Vous avez alors compris que c'est plus que jamais l'aubaine des aubaines italiennes en blanc! Vous y trouverez un vin sec au nez très ouvert et aromatique à fond, à la bouche pleine et fraîche, ample et élancée, texturée, mais sans lourdeur, aux saveurs éclatantes d'abricot, de fleurs jaunes et de zeste d'agrume. Un régal à base d'ansonica et de catarratto, deux cépages autochtones.

Puis, question d'effectuer des harmonies plus détaillées, servez un vin mature, à un prix défiant toute concurrence, comme le nouveau tannat Le Couvent de Château Peyros 1996 Madiran, Château Peyros, France (22,55$; SAQ SIGNATURE; 10 976 234). Osez cuisiner, qu'il fasse chaud ou pas, des jarrets d'agneau confit, escortés de lentilles du Puy au jus d'agneau parfumé de quelques étoiles d'anis étoilé.

Cette remarquable aubaine, attendue fin août/début septembre, chez les vins rouges assagis offerts aux deux SAQ Signature, impressionne par sa couleur très foncée et violacée, d'une jeunesse inouïe. Tout comme par son nez se montre expressif, jouissif, riche et détaillé, sans esbroufe, branché sur le terroir, exhalant ainsi des notes de fruits noirs, de cuir neuf et de graphite. Ainsi que par sa bouche qui se montre fraîche, serrée et élancée, aux saveurs expansives et très longues, égrainant des notes de prune, d'épice douce, de fumée et de café, aux tanins très serrés, on ne peut plus madirans, mais sans être durs.

Après un sphérique et gourmand 2003, un plus fin et moins généreux 2004 ainsi qu'un plus racé et plus vertical 2005, les propriétaires du bistro montréalais Le Continental aussi fondateurs et propriétaires d'un domaine dans le Languedoc, nous ont présenté depuis le début août le quatrième millésime de l'une de leurs trois cuvées de rouge. Malgré l'incendie de juillet 2007, le restaurant a rouvert ses portes, temporairement, dans un autre lieu nommé Le Petit Conti (www.lecontinental.ca).

Il en résulte un inspirant Le Régal du Loup 2006 Minervois, Vignoble du Loup Blanc, France (20,70$; 10 405 010) encore plus achevé et épuré que les déjà engageants millésimes précédents. Le nez est d'une remarquable pureté, sans esbroufe ni artifice. Que du fruit. La bouche est à la fois ample et juteuse, fraîche et texturée, presque soyeuse et harmonieuse, aux tanins plus fins et mieux ciselés que dans les premiers millésimes. L'évolution se poursuit, et la maîtrise des vendanges et des vinifications se fait sentir. Comme je l'ai fait, sortez vos recettes de tartinades d'olives noires, de carré de porc aux tomates séchées ou, plus simplement, de hamburgers de boeuf à la pommade d'olives noires.

Enfin, l'énième découverte du Nouveau Monde, qui était attendue fin août/début septembre, pour vos dernières grillades de thon rouge au poivre et purée de pommes de terre aux olives noires, ne manquez pas le passage de la Sud-Africaine Shiraz Delheim 2004 Simonsberg-Stellenbosch, Delheim, Afrique du Sud (21,75$; 10 960 689). Après une oxygénation de 30 minutes en carafe, vous vous sustenterez d'un vin ramassé, dense et passablement concentré, sans lourdeur ni boisé futile, aux saveurs intenses et d'une grande allonge pour le prix demandé. Belle matière, tanins polis avec soin, fraîcheur modérée et harmonie d'ensemble, à la manière européenne. Sur ce, à samedi prochain pour le retour du grand format automnal du cahier Gourmand.

François Chartier est l'auteur du guide des vins et d'harmonies avec les mets La sélection Chartier 2008, aux Éditions La Presse. On peut lui envoyer des questions via le blogue internet www.francoischartier.typepad.com ou par la poste au 7, rue Saint-Jacques, Montréal H2Y 1K9.