Un luxe, la rénovation écologique? Pas exactement, il y en a pour tous les budgets, répondent les adeptes. L'option écolo demande surtout de pratiquer les fameux 3R: réduire, réutiliser, recycler. Dans cette série, La Presse passe en revue quatre pièces de la maison, avec pour chacune un tour d'horizon des possibles. Cette semaine, on termine avec le salon.

Un plancher écologique est durable et sain. On pourrait manger dessus, pour ainsi dire, sans risquer d'inhaler des COV, ces malheureux solvants, colles et autres composés organiques volatils.

Si le sol du salon a besoin d'un petit coup de jeune, l'option la plus écologique consiste à restaurer la surface seulement.

Si, au contraire, on veut changer le revêtement, on choisira un matériau qui présente des qualités telles que la durabilité, une gestion respectueuse de la ressource (forêt, mine), peu ou pas d'émanations nocives, etc. Si on doit poser du contreplaqué sous la surface, on choisira la marque PureBond, sans urée formaldéhyde ajoutée.

Sur le site d'Écohabitation, on passe en revue quelques matériaux de plancher écolos, tels que le bois massif, le bois d'ingénierie, le liège, la céramique, le bambou, le linoléum, la pierre ou le béton, indiquant pour chacun les points forts et les points faibles. Pour compléter l'exercice, voici quelques exemples inspirants de rénovation de plancher écologique.

Simple: sablez et huilez! 

Quel bonheur! Plus jamais le plancher huilé n'aura besoin d'un sablage, opération perturbante s'il en est, en plus d'être coûteuse.

Luc Proteau, pionnier au Québec de la finition de planchers huilés, fait valoir d'autres avantages à cette technique: elle est totalement écologique (l'huile est végétale et naturelle), les marques se réparent localement, le plancher huilé est agréable au pied nu, plus chaud qu'un plancher vernis, les égratignures sont moins apparentes et le bois s'adapte plus facilement aux variations de température. L'huile peut être colorée avec des pâtes naturelles de minéraux qui permettent une grande palette de teintes.

Cette finition peut s'appliquer sur une marqueterie ou dans un escalier. L'opération sablage-huilage prend en tout deux ou trois jours. L'huilage doit être refait tous les 10 ou 15 ans.

« Certains n'aiment pas l'aspect mat du plancher huilé, ajoute Luc Proteau. Il faut savoir qu'avec les mois, il prend de la patine et devient plus luisant. »

Le prix d'un sablage-huilage? « Plus ou moins 3,50 $ le pied carré, dépendant de la superficie, répond M. Proteau. Pour l'entretien, c'est moins de 1 $ le pied carré. »

Récupérer un plancher 

Chez ÉcoRéno, rue Papineau à Montréal, on vend parfois des lots de merisier ou d'érable provenant de planchers déconstruits de maisons en démolition. « En général, il y en a assez pour couvrir le plancher d'une pièce, indique Virgil Tremblay, directeur général. Nous les vendons entre 1,75 $ et 2,25 $ le pied carré. »

M. Tremblay a lui-même recouvert le sol de son salon avec un plancher récupéré. En refaisant la division des pièces du triplex centenaire qu'il possède depuis six ans à Montréal, il a mis de côté les quelques morceaux de plancher encore beaux. « Puis j'ai eu la chance de trouver un plancher en démolition semblable à celui de ma maison, du pin rouge d'une épaisseur entre un demi et et trois quarts de pouce, relate-t-il. Je suis allé le prélever. »

Comme le plancher récupéré avait déjà été sablé, il était plus pâle que celui de la maison de Virgil Tremblay. Ce dernier a harmonisé la couleur avec une gomme-laque ambrée. « Si c'était à refaire, affirme-t-il, j'utiliserais un produit écologique. Mais je n'en connaissais pas, à l'époque. Je suis très satisfait du résultat. On jurerait que c'est le plancher d'origine de la maison. »

Bois de grange 

Chez La belle gueule de bois, à Magog, on peut demander un plancher récupéré clé en main, ou un plancher de bois de grange. « Le plancher récupéré est un produit haut de gamme, allant jusqu'à 30 $ le pied carré, installé, explique Michel Lafrenière, le copropriétaire. Pour une maison de 3000 pieds carrés, il faut peut-être récupérer le bois de 10 maisons! »

Plus accessible, le bois de grange (de la pruche) permet des planchers à 18,50 $ le pied carré. Son apparence se marie bien au style industriel, plus tendance que jamais dans les lofts, entre autres. On peut réduire les prix jusqu'à 14 $, si on élimine quelques opérations. « Donner une patine n'est pas toujours nécessaire », dit Michel Lafrenière.

Les mauvais choix 

Certains matériaux de plancher ne recueillent que de mauvais points sur le plan écologique, indique sur son site l'organisme Écohabitation. C'est le cas de la moquette mur à mur, qui émet des composés organiques volatils, n'est pas recyclable, retient la poussière et les allergènes, favorise la prolifération de microbes, et n'est pas très durable. La thibaude (sous-tapis) de mousse n'améliore pas les choses, et annule même les aspects positifs d'une moquette en matériau naturel.

Les planchers flottants, ou stratifiés, sont composés de particules de bois couvertes d'une couche de mélamine ou d'oxyde d'aluminium. Ce matériau est peu durable, émetteur de COV et difficilement recyclable. Les lamelles et carreaux contenant du polychlorure de vinyle (PVC, extrêmement répandu) sont peu coûteux et polyvalents. Le hic: ils demandent beaucoup d'énergie à produire, sont polluants, toxiques et difficilement recyclables.

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