Faire le ménage, ça passe mieux si on se fait une petite routine zen et qu'on utilise des produits à notre goût. La Presse a demandé à des professionnels du ménage de tester 27 nettoyants écologiques de sept marques différentes et quatre nettoyants maison.

Précisons d'emblée que ce banc d'essai n'a aucune prétention scientifique. Les produits testés ici ont tous des attributs écologiques. On fait déjà preuve «d'écoconscience» si on utilise n'importe lequel d'entre eux. De plus, la satisfaction est une chose bien subjective, et un même produit a parfois suscité l'enthousiasme chez une participante et l'ennui chez une autre. À chacun de faire ses propres expériences!

La méthode

Dix employés - huit femmes et deux hommes - de Plumeau, chiffon et cie, entreprise d'entretien ménager accréditée par le CAA-Québec, ont bien voulu se mouiller en évaluant les produits pendant huit semaines, à raison d'une marque par semaine. Un chaleureux merci à ces pros du chiffon!

Les participants ont donné une note sur cinq à trois catégories d'attributs: le parfum, l'efficacité et la facilité d'utilisation. Ils pouvaient ajouter des commentaires. La moyenne des résultats a été exprimée par une note sur 100.

Les produits verts font le travail

Ces spécialistes de l'entretien ménager ont été des évaluateurs exigeants, peu portés sur les notes élevées. Ils ont plus d'une fois commenté: «Ce produit fait le travail.» Les notes évaluant l'efficacité sont presque toutes dans la soixantaine, sauf celles de Bio Green Crystals, qui stagnent à moins de 50%. «Trop de frottage», selon les pros.

Voici les produits qui sont sortis du lot. Les meilleures notes de performance vont aux détersifs vaisselles de Cucina (70%) et de Bio-Vert (70%), ainsi qu'au nettoyant Fenêtre et miroir de Attitude (72%). Ce dernier produit obtient également la plus haute moyenne de toutes, soit 82%, sous la catégorie «facilité d'utilisation».

Parfum de dilemme

Les fragrances ne sont pas des atouts écologiques, puisqu'elles contiennent habituellement d'indésirables phtalates. Mais les fabricants savent bien que les consommateurs aiment les senteurs qui «font propre». Les participants à notre banc d'essai ne font pas exception à la règle et ont accordé de bonnes notes aux bouquets de plusieurs marques. La palme revient à Cucina, avec son nettoyant multi-usage (81%) et son nettoyant de surfaces (80%), parfum «coriandre et olivier».

Des produits accessibles

Notre expérience s'est limitée à sept marques, alors qu'il existe bien d'autres excellents nettoyants écologiques sur le marché. Dans notre sélection, nous avons privilégié des marques facilement accessibles, offrant une gamme de nettoyants utilisés à diverses tâches et caractéristiques des habitudes des consommateurs, si l'on fait exception de Bio Green Crystals. Cette dernière est une nouvelle venue sur le marché, comme nom et comme concept (de petits sachets de poudre à diluer dans l'eau). Voici notre liste, en ordre alphabétique: Attitude, Bio-Vert, Bio Green Crystals, Cucina, Envirolab, Nettoyants Lemieux et Rona Éco. Ces marques sont fabriquées au Québec, à l'exception de Bio Green Crystals, de l'ontarienne Icoideas. Une nuance: la gamme Rona Éco est mise en marché, et non pas fabriquée, par Rona. Les recettes de nettoyants maison ont été tirées de Maison propre et jardin vert (Ville de Montréal) et de Ménage vert (Marc Geet Éthier, éd. Trécarré).

Sept gages de sérieux



«Il y a des entreprises qui ont une vraie démarche environnementale et d'autres qui jouent avec le marketing vert», indique Fabien Durif, directeur de l'Observatoire de la consommation responsable. Des indices pour reconnaître les écolos sérieux? Un rapport de l'Observatoire en relève sept. 

1 - Les caractéristiques du produit concordent avec une condition d'utilisation écologique. Par exemple: un savon à lessive performant à l'eau froide. Ne pas chauffer l'eau de lavage allège considérablement l'empreinte environnementale.

2 - La présence d'un sceau de certification indépendante, comme Ecologo ou Design for the environment de l'EPA.

3 - Des messages à caractère environnemental (exemple: sans danger pour la vie aquatique, la santé des humains, des animaux, des plantes), pourvu que des informations supplémentaires en fournissent les preuves, sur le site web de l'entreprise ou sur un site indépendant.

4 - La capacité de se biodégrader en 30 jours ou moins, validée par une tierce partie.

5 - Un contenant recyclable. Vérifiez si votre municipalité accepte les contenants de plastique recyclables de code 01, 02 ou 03.

6 - Un emballage minimal et efficace. Les formules compactes ou concentrées sont plus écologiques, de même que les emballages en gros sont préférables aux emballages à l'unité. Un contenant réutilisable est encore mieux.

7 - Sans parfum. Les phtalates sont un composant dangereux courant des fragrances.

Écoblanchiment: cinq mises en garde

Cinq formes d'écoblanchiment sont pratiquées par les fabricants de produits nettoyants désireux d'attirer le consommateur. Les voici, tel que recensé dans le document de l'Observatoire de la consommation responsable sur le positionnement vert des produits d'entretien ménager. À nous d'être vigilants!

1 - L'absence de preuves sur l'étiquette ou le site web. Exemple: la biodégradabilité n'est pas vérifiée par une partie neutre. Ou encore: un logo maison n'est assorti d'aucune information.

2 - L'imprécision. Les allégations de cette catégorie foisonnent: «nettoyant écologique» (en quoi est-il écologique?), «pour le bien-être planétaire» (comment ça?), «biologique» (un détergent issu de l'agriculture biologique?), «vert» (mais encore?), «naturel» (ça pousse dans les arbres?), «le choix écologique des Canadiens» (comment le sait-on?), etc.

3 - Une étiquette mensongère. Par exemple: le logo ressemble à une certification officielle, mais c'est un écolabel maison.

4 - La non-pertinence. C'est le cas de la mention «sans phosphate» sur des contenants de détergents à lessive ou à vaisselle, alors que ces produits n'en contiennent plus, de toute façon. 

5 - La surabondance de logos ou d'infos. Plus de 33% des produits qui ont un écolabel officiel (Ecologo ou Design for the Environment) ont aussi la mention «biodégradable selon les normes de l'OCDE», une information redondante, puisque comprise dans la signification du logo officiel.

Faire le ménage chez soi, faire le ménage en soi, Dominique Loreau, ed. Marabout