Au sein de l'entreprise familiale, Marie-Pier apporte les valeurs environnementales propres à sa génération. «Sans viser une certification prestigieuse, nous réfléchissons à de petits trucs, en début de projet, qui rendent la maison plus écologique, indique la jeune diplômée en design industriel. Nos habitations, toutes uniques, ont les fenêtres orientées ouest-sud-est, pour que les gens puissent vivre au rythme du soleil. Même quand la façade s'y prête moins - par exemple à cause de son alignement avec la rue -, il y a moyen de reproduire cette disposition.»

L'habitation décrite ici sert de maison modèle dans un ensemble résidentiel au pied du mont Saint-Hilaire, le Chemin de la montagne, comprenant 30 terrains.

Outre la chaleur gratuite du soleil et sa lumière, les ouvertures de la résidence apportent une ventilation naturelle, en été. Dans chaque pièce, les fenêtres s'ouvrent avec deux battants plutôt qu'un seul, favorisant un mouvement d'air. Elles sont certifiées Energy Star, un gage d'efficacité énergétique. «Ces petits détails, le commun des mortels peut les planifier», observe la directrice de projet.

Marie-Pier accompagne les clients dans leur processus de planification des espaces, et dessine des croquis qui seront mis en plans par un architecte. L'équipe propose un vestibule d'entrée, qui sert de tampon entre les températures extérieure mais intérieure. Elle prévoit également des débords de toit qui masqueront le haut soleil d'été et laisseront pénétrer le soleil d'hiver. Les poutrelles ajourées sont préfabriquées et le plancher est en bois canadien.

Air chaud recirculé

Le toit cathédrale de la maison modèle a fait l'objet d'un soin particulier, avec son facteur d'isolation R-50, supérieur au standard Novoclimat, fixé à R-41. On est arrivé à cette performance en soufflant de la fibre de cellulose, pour combler les petits vides laissés par les nattes d'isolant rose, particulièrement à leur jonction au sommet du toit.

Dans la pointe du plafond, deux grilles se fondent avec le mur. L'air chaud s'y engouffre pour recirculer ensuite dans le système à air pulsé qui assure, avec la thermopompe, le chauffage du bâtiment. «Sans ce dispositif, les maisons à toit cathédrale sont plus difficiles à chauffer», explique Marie-Pier Guilmain.

Concessions

Le style architectural du quartier est fait de grandes résidences avec toits à multiples versants. Pour Marie-Pier Guilmain, c'est un non-sens écologique. «J'ai appris, à l'université que moins il y a de pentes de toit, moins il y a de pertes, fait-elle valoir. Et que de plus petits espaces bien pensés permettent de dimminuer la consommation de ressources. Sur ces points, nous avons fait des concessions pour nous intégrer au quartier. Cependant, nous allons proposer à la Ville de nouvelles architectures.»

Au Service de l'urbanisme d'Otterburn Park, on se dit ouvert à toutes les propositions. «Nous les étudions cas par cas, affirme la directrice Rachel Comeau, urbaniste. Il est certain qu'on veut harmoniser les bâtiments plus que créer des contrastes. Nous tenons aussi à offrir une diversité de terrains et de constructions, afin de répondre à différents types de besoins. Par ailleurs, on évolue avec le temps.»

Une autre compromis, ajoute Marie-Pier Guilmain, se rapporte à la taille des lots: de 10 000 à 16 000 pieds carrés, soit au maximum huit familles par hectare. «C'est sacrifier beaucoup de terre agricole pour loger peu de personnes, commente-t-elle. La réglementation sur le dézonage des terres agricoles, peu adaptée aux réalités d'aujourd'hui, est appelée à changer. Du moins pouvons-nous proposer, sur un grand terrain, une maison bi-génération.»

Au MAPAQ (Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation), on affirme que La Loi sur la protection du territoire agricole, en cours de modification, pourrait être appliquée dans sa nouvelle version dès 2013, «peut-être vers l'automne», estime Mathieu Rousseau, conseiller en aménagement du territoire et développement rural. Imposera-t-elle un plus grand nombre d'habitations sur les territoires dézonés? «Il est trop tôt le dire», répond M. Rousseau.

www.chemindelamontagne.com

Photo: Marco Campanozzi, La Presse

Marie-Pier Guilmain, de Guilmain Design, ouvre la porte patio du coin-repas, face au sud. Notre photo montre le côté est des pièces de vie, au rez-de-chaussée.