Il y a une cassure ou une lézarde qui vous agace dans les fondations de votre maison. Jusqu'à troubler peut-être votre sommeil. Avant l'hiver, faites-la regarder de près. Soit par un inspecteur en bâtiment, soit par un spécialiste consciencieux en colmatage de fissures.

«L'an passé, par bonheur, l'hiver n'a pas été dur. Mais, cette année, il pourrait être implacable. Un gel profond, par exemple, pourrait surprendre de l'eau qui se serait introduite dans une lézarde ou une fissure sous le niveau du sol. La glace en résultant exercerait une pression formidable contre les parois, ferait éclater le béton et agrandir l'espace. Ainsi, la table serait mise pour des infiltrations», craint Gino Lepage, pdg de Monsieur Fissure de Québec.

Cependant, il se défend d'être alarmiste. Car, 9 fois sur 10, une simple inspection vient chasser nos angoisses, fondées souvent sur la connaissance de dénonciations, dans les médias, de vices majeurs reliés aux fondations.

«À l'inspection, en général, on constate que le problème est latent, inexistant ou beaucoup moins grave qu'on ne l'appréhendait», rassure M. Lepage.

Par injection

D'après le directeur commercial de LCS/Drains Secours de Québec, Bernard Guillot, la façon éprouvée, sûre et habituelle de colmater une fissure, depuis l'intérieur, est l'injection sous pression d'uréthane.

Chez Monsieur Fissure, c'est plutôt une résine industrielle et commerciale très pénétrante qu'on emploie. «La même que pour les barrages, ponts et viaducs», plaide son pdg.

Toute lézarde, à l'exception peut-être de celles dont l'ouverture est de l'épaisseur ou presque d'une feuille de papier, doit être prise au sérieux. De l'eau ne s'y est jamais introduite? D'accord. Mais tôt ou tard, cela pourrait arriver.

D'un autre côté, une lézarde mineure, voire à peine perceptible, qu'on découvre après avoir ôté une motte de terre à l'extérieur et qui est reproduite de façon presque identique sur la surface correspondante à l'intérieur n'est pas banale. Elle est même troublante.

Car, trouve M. Guillot, elle est communicante et constitue un passage potentiel d'eau pluviale ou de fonte. Il faut agir, insiste-t-il.

De la pluie, même l'hiver

Par ailleurs, il rappelle que l'automne est d'ordinaire pluvieux alors que les redoux d'hiver, même en février, sont plus fréquents que jamais.

«Durant le Carnaval, il pleut souvent. Les organisateurs sont saisis d'inquiétude de peur que le palais de Bonhomme et les monuments ne fondent fatalement. Autrefois, on s'interdisait de se découvrir tellement le froid était coutumier», se souvient-il. Donc, il peut pleuvoir en février, tout comme durant les Fêtes ou en tout autre temps.

Lorsque cela se produit, la pluie ne peut franchir le sol gelé. Elle se dirige vers les fondations qui, elles, dégagent de la chaleur. Elle va se perdre contre celles-ci. Elle descend, rencontre une fissure, s'y insinue. Le gel revient, l'eau tourne en glace qui persécute et abîme les parois.

Boucher par-dehors

Si l'eau s'infiltre dans le sous-sol l'hiver, reprend M. Lepage, on peut obturer la fissure par l'intérieur. Cela ne coûte d'ailleurs pas les yeux de la tête.

Mais si le lieu de l'écoulement correspond à une salle de cinéma maison aménagée avec finesse, là, la situation est critique. Ou on démolit localement ou on patiente jusqu'au printemps, après dégel, de sorte de pouvoir creuser et colmater par-dehors.

Enfin, on peut tenter de boucher une fissure mineure avec du béton ou de l'époxy. Mais lors des prochains mouvements de sol par l'alternance gel-dégel, le premier s'ouvrira. Quant au second, il tiendra bon, mais comme il est plus fort que le béton, une fêlure se produira immanquablement à côté.

Dans un cas pareil, vaut mieux employer un scellant flexible pour béton, en vente chez votre marchand de matériaux. Pour l'application, cependant, il faudra porter des gants et suivre scrupuleusement le mode d'emploi. Mais cela reste un accommodement, en attendant de faire mieux.