«Les mises en chantier sont en léger déclin, d'accord. Mais la rénovation, elle, est en croissance. Sans compter un bon nombre de maisons, construites il y a 20 ans, 30 ans et davantage, qu'on aura besoin de retaper. Le fracas des marteaux ne cessera donc pas», estime-t-il.

«Les mises en chantier sont en léger déclin, d'accord. Mais la rénovation, elle, est en croissance. Sans compter un bon nombre de maisons, construites il y a 20 ans, 30 ans et davantage, qu'on aura besoin de retaper. Le fracas des marteaux ne cessera donc pas», estime-t-il.

L'an passé, les mises en chantier ont diminué de 11 % (5176) comparativement à 2005 (5835), tandis que la Société canadienne d'hypothèques et de logement appréhende un repli de 13 % (4400) cette année. Encore que la moyenne annuelle des 15 dernières années est de 4000. Ce qui n'est pas si mal.

«La probabilité qu'on en revienne à des chiffres aussi lamentables qu'à la fin des années 90 est faible», continue le président de l'APCHQ, en exercice depuis avril dernier. En 1998, en effet, le décompte a été de 1845, en 1999 de 1814.

En 2004, se frotte-t-il les mains, la récolte a été particulièrement abondante, «puisque 6186 chantiers ont été entrepris».

En revanche, il est clair, d'après M. Jacques, que le marché de la revente, sur lequel les propriétés offertes sont plus nombreuses, donne du fil à retordre à la construction neuve, qui ne se tient toutefois pas pour battue.

D'autant que c'est souvent dans le sillage de la revente que la rénovation croît. Car les particuliers éprouvent le besoin de rafraîchir leur logement nouvellement acquis. Ils le font immédiatement ou après quelques années, une fois leurs besoins clairement identifiés et leur situation financière améliorée.

«Par ailleurs, les modes et les goûts changent. Pendant que l'abordabilité des taux d'intérêt rend les projets plus facilement envisageables», estime le porte-parole de l'APCHQ de Québec.

Un ménage âgé qui quitte sa maison de banlieue pour le centre-ville, près des services, veut apporter des améliorations à son nouveau logis. «En contrepartie, le jeune couple qui se sera porté acquéreur de sa maison la transformera, la mettra peut-être intergénérationnelle», conjecture-t-il.

Courbe

Pdg de la société Construction Jacques de Québec, laquelle est spécialisée dans l'édification d'immeubles multifamiliaux, Alain Jacques sait d'expérience que les mises en chantier suivent une courbe tantôt ascendante, tantôt descendante. Que se produise un repli après une si favorable secousse ne l'effraie pas, la rénovation y suppléant.

Au Québec, rappelle-t-il, ce marché a donné lieu à un chiffre d'affaires de 10,8 milliards $ en 2006. «Ce qui était une augmentation de 8 % sur 2005. Bien qu'on s'attende à une appréciation de 6 % en 2007, pour 11,4 milliards $», se félicite-t-il.

«Les constructeurs qui ne font que de la maison neuve pourraient donc se lancer dans la rénovation. Certains l'ont d'ailleurs fait ces dernières années. Ils s'adaptent», dit-il.

D'un autre côté, de 1961 à 1980, près de 1 115 000 résidences ont été construites au Québec. De 1946 à 1960, un peu plus de 533 000 (*). Le parc immobilier vieillit et un grand nombre de maisons doivent être réparées, trouve-t-il.

Le toit des unes a fait son temps, le parement des autres est défraîchi. Ailleurs, c'est l'isolation qui est à parfaire eu égard à un meilleur confort et aux impératifs d'économie d'énergie, ou c'est le drain de fondation qu'il faut remplacer.

Si les taux d'intérêt devaient monter, les propriétaires pourraient «étirer l'élastique», soit différer certains travaux ou les répartir sur plusieurs années. Ce qui incommoderait les entreprises de construction sans toutefois les mettre K.-O.

Main-d'oeuvre

Dans ce contexte, les travailleurs de la construction ne vont donc pas chômer. Depuis 2002, avec la vitalité époustouflante du marché, on a cru à une pénurie de main-d'oeuvre. «En fait, la rareté dans plusieurs corps de métier a résulté d'une demande soudaine de maisons. On se disputait les entrepreneurs, les entrepreneurs les ouvriers qualifiés. La décélération des mises en chantier a ceci de bon qu'elle permet aux entreprises de construction de reprendre leur souffle à cet égard», reprend M. Jacques.

Membre aussi de l'exécutif provincial de l'APCHQ, ce dernier siège, de surcroît, au comité des relations de travail de l'organisme. Son rôle est d'autant plus névralgique que 2007 marque la fin de la convention collective des travailleurs québécois de la construction.

Depuis 1963

L'APCHQ de Québec a été fondée en 1963. À l'origine, elle groupait quelques centaines de membres. Des entrepreneurs généraux, pour l'essentiel.

Ils se sont groupés pour faire face à un marché déjà en mouvance, puis améliorer leur savoir-faire. Durant les années 80, période très faste en matière de mises en chantier, les entreprises de construction prolifèrent.

Afin d'alléger leur fardeau administratif et pour élever leur «compétitivité», elles réduisent petit à petit leurs effectifs et embauchent des sous-entrepreneurs. À présent, c'est la règle.

«En 1991, précise-t-on à l'APCHQ de Québec, on comptait 70 % d'entrepreneurs généraux, 30 % d'entreprises spécialisées. Actuellement, la répartition est égale.»

Le décompte de ses membres est maintenant de 1375. L'organisme compte des conseillers pour soutenir les entreprises dans leur prestation de services.

C'est sans compter des sessions de formation de la main-d'oeuvre pour s'ajuster aux nouvelles technologies, aux nouveaux matériaux, aux protocoles de construction récents ou appréhendés.

En fait, 2007, dit-on à l'APCHQ de Québec, est une année transitoire. Car la rénovation polarise désormais une grande partie de la force de travail, les mises en chantier diminuent, la convention collective des travailleurs tire à sa fin alors que le Code du bâtiment est à la veille de changer. De plus, les membres de l'Association ont besoin de services à la page pour faire face aux nouveaux enjeux. Leurs administrateurs le savent et s'y emploient.

Un Code du bâtiment «rénové»

Le Code du bâtiment sera bientôt «rénové». «Nos constructeurs attendent et se tiennent prêts à changer leur façon de bâtir», a dit le président de l'APCHQ de Québec, Alain Jacques.

Mais, selon lui, une chose est sûre: ils ne pourront le faire du jour au lendemain. Particulièrement si les réformes sont radicales.

En fait, M. Jacques ne connaît ni les tenants ni les aboutissants du «nouveau Code», qui devrait entrer en vigueur à compter de 2008. Il pense cependant que les changements climatiques et l'économie d'énergie gouverneront sa refonte.

Natif de Princeville, M. Jacques est un constructeur dont les classes en la matière ont commencé dès sa jeunesse. Il les fit auprès de son père, Renald. Ce dernier a fondé, il y a 30 ans, Construction Jacques 1977. Ce, après avoir exploité une société de même nature en compagnie d'un parent.

«Jamais, depuis 1977, notre entreprise n'a changé de nom ou d'identité juridique. Nous ne voulions pas nous sauver sur l'autre trottoir en voyant venir vers nous un particulier que nous avons déjà servi. C'est pourquoi nous nous employons à construire comme il faut», professe-t-il.

Géothermie et solaire

Par ailleurs, il voit émerger la géothermie dans le chauffage et la climatisation «économes» des maisons. Elle est opportune, selon lui, dans la mesure où la grandeur de la résidence le justifie, l'acquéreur en a les moyens et peut en amortir le coût à long terme. Car l'appareillage coûte au bas mot 35 000 $. Pour économiser, il faut donc payer très cher. C'est un pensez-y bien.

Quant aux capteurs photovoltaïques (solaires), il les trouve intéressants d'autant que l'énergie employée est gratuite et inépuisable. «Les capteurs ne sont plus là rien que pour les chalets», déclare-t-il.

D'un autre côté, il ne s'oppose pas à l'objectif «changement d'air» dans les maisons, mais s'interroge sur son bien-fondé. Un bâtiment qui ne respire plus par lui-même le rend perplexe. Pour l'oxygéner, il a besoin absolument d'un «poumon mécanique» (VRC).

«Heureusement qu'on peut entrer et sortir des lieux en laissant s'insinuer de l'air vivant», plaide-t-il.

Vers le «vert»

L'APCHQ de Québec est propriétaire et promoteur du Salon Expo habitat. M. Jacques se félicite de la tangente verte qu'il prend cette année. Ce ne peut être un virage vert radical, pense-t-il. Car l'industrie n'en est pas encore là. En cela, le Salon commence à montrer la route.