Dans Rénover sa maison sans démolir son couple, Caroline St-Hilaire et Maka Kotto racontent la grande rénovation de leur chalet qui s’est transformée en aventure rocambolesque. Ils donnent quelques conseils pour ne pas y laisser sa peau ni son couple.

Ils le disent d’emblée, ils ne connaissaient rien en matière de rénovation et ne sont absolument pas manuels. Ils ont aussi des tempéraments très différents. L’ex-députée et ex-mairesse de Longueuil privilégie l’action, alors que le comédien et ancien ministre de la Culture et des Communications du Québec préfère la réflexion. Elle est une femme du matin, il est un homme de nuit. Elle est une boule d’énergie, il est calme et peut discuter pendant des heures. Elle ne conserve rien, il garde tout — il conserve 200 boîtes d’archives dans leur garage !

Caroline St-Hilaire et Maka Kotto ont décidé de rénover leur maison de campagne en Estrie devenue leur résidence principale. Ils ont hésité entre vendre ou rénover, mais ce chalet avait, à leurs yeux, une valeur sentimentale. Il a toujours été le lieu de vacances de la famille recomposée, un endroit rempli de souvenirs pour les six enfants. C’est aussi dans le jardin de cette maison que le couple s’est marié, mais cette fois, c’est le chalet qui avait besoin d’amour. Des rénovations majeures s’imposaient.

Les propriétaires racontent que la galère a commencé quand ils ont décidé de faire eux-mêmes le déménagement entre Longueuil et l’Estrie, en plein mois de février, dans un camion loué qui n’avait pas de pneus d’hiver… Et il a fallu porter les 200 « maudites boîtes » de Maka Kotto ! « J’ai un tri à faire, reconnaît-il. Il y a des archives de mes années politiques à Ottawa et à Québec, et un quart de siècle de vie artistique en Europe et en Afrique. Je n’ai que ça en mémoire, alors si demain je disparaissais, mes enfants et petits-enfants auront accès à mes archives. » Caroline St-Hilaire éclate de rire quand elle évoque les boîtes légendaires de son mari. « Moi, je n’ai rien. J’ai trois boîtes, une boîte pour moi, les autres pour mes deux enfants. »

  • La cuisine rénovée de la maison du couple Maka Kotto et Caroline St-Hilaire

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    La cuisine rénovée de la maison du couple Maka Kotto et Caroline St-Hilaire

  • Le salon, très lumineux depuis les rénovations

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Le salon, très lumineux depuis les rénovations

  • La maison du couple dans les Cantons-de-l’Est pendant les rénovations majeures

    PHOTO FOURNIE PAR CAROLINE ST-HILAIRE

    La maison du couple dans les Cantons-de-l’Est pendant les rénovations majeures

  • « On a eu des problèmes de toutes sortent pendant les travaux en plus de la pandémie. Ce fut un excellent test pour le couple », dit Caroline St-Hilaire.

    PHOTO FOURNIE PAR CAROLINE ST-HILAIRE

    « On a eu des problèmes de toutes sortent pendant les travaux en plus de la pandémie. Ce fut un excellent test pour le couple », dit Caroline St-Hilaire.

  • Les portes et fenêtres de la maison du couple ont été changées.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Les portes et fenêtres de la maison du couple ont été changées.

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Première leçon tirée de ce déménagement : engagez des professionnels. C’est ce que le couple a fait pour ses rénovations. Quand le chantier a débuté, il y a eu le choc de la démolition avec l’arrivée de l’excavatrice alors que le couple n’avait pas encore vidé certaines pièces de la maison. L’aménagement paysager a aussi souffert. En plus du bruit constant et de la poussière partout. Le couple a quitté la maison, trouvant d’abord refuge chez des amis de la région, puis dans son petit condo de Québec occupé par le fils aîné de Caroline St-Hilaire. C’est là que la pandémie est arrivée. Les travaux se sont arrêtés, une tempête a fait beaucoup de dégâts à la maison qui étaient sans fenêtres. « Je suis allé voir sur place et c’était un spectacle de fin du monde, c’était très angoissant. Je me suis même demandé si on allait retrouver notre maison un jour », indique Maka Kotto.

Quand on se lance dans les travaux, on est souvent dans la finalité, on pense à la fin, mais on ne prévoit pas le chemin pour s’y rendre, on ne pose pas toutes les questions.

Maka Kotto

Une autre grande leçon : il faut aussi suivre les travaux de très près. « C’est fondamental de ne pas s’éloigner du chantier. Il y a un paradoxe, car si on était restés dans la maison, je pense qu’on serait morts ! dit Caroline St-Hilaire en riant. Nous sommes partis à Québec, mais il aurait fallu louer quelque chose dans la région pour surveiller le chantier. »

Quelles leçons ?

Qu’ont-ils appris de cette aventure ? « On voit Maka comme un artiste, un intellectuel, ça me surprend encore de le voir travailler de ses mains et d’être très bon, mais il ne faut pas être pressé ! », lance l’ex-mairesse de Longueuil. « Un peu comme au théâtre et au cinéma, tout est dans la préparation. Si tout est bien préparé, l’exécution est plus rapide. Je découvre des talents cachés », souligne Maka Kotto.

Et elle ? « Je suis plus patiente que je ne pensais », assure-t-elle, alors que son mari éclate de rire.

« Au sein de notre couple, il y avait déjà des assises solides, ce qui a contribué à tenir. Nous nous étions préparés. Heureusement, car sinon on aurait eu des problèmes de couple », confie Maka Kotto.

On a une famille recomposée, on a fait de la politique, mais on n’a pas vécu de choses dramatiques. Ces rénovations auraient pu tuer notre couple si on n’avait pas eu de maturité. Je n’avais pas de doute sur la solidité des liens, mais là, j’en ai la confirmation.

Caroline St-Hilaire

« Nous sommes prêts à tout ! », lancent les amoureux.

L’anecdote la plus hallucinante : la rencontre avec Charly, le peintre allergique à la peinture. « C’était surréel ! Je nous revois en train de prendre notre café, le peintre tousse comme un malade, en pleine pandémie, ne porte pas de masque et ne croit pas en la pandémie, et nous dit qu’il est allergique à la peinture. Je me suis dit : “Je suis dans un film, c’est impossible, un peintre allergique à la peinture.” C’est vraiment ce peintre qui m’a fait réaliser qu’il fallait qu’on écrive sur le sujet », raconte Caroline St-Hilaire. « En plus, il nettoyait ses pinceaux dans nos plates-bandes. Dans nos fleurs ! Et il déversait ses résidus de peinture dans le lac ! Et il nous disait : “Ma peinture est écologique” », ajoute Maka Kotto, qui n’en revient toujours pas.

Si c’était à refaire ?

« On rénoverait, mais avec de nouveaux paradigmes, car ce fut une aventure rocambolesque, mais très instructive. On s’organiserait pour trouver un ami entrepreneur à qui on ferait totalement confiance », conclut Maka Kotto.

Rénover sa maison sans démolir son couple

Rénover sa maison sans démolir son couple

Éditions de L’Homme

216 pages