Il y a deux ans, Marie-France Côté Nolet démarrait la rénovation d’un plex. Après des tonnes de soumissions, plusieurs erreurs et une bonne dose de stress, elle lance Les filles de la construction, une entreprise qui offre de la formation et des conseils à celles (et à ceux) qui se lancent dans un projet de rénovation ou de construction.

« J’ai réalisé que si on ne comprenait pas très bien chacune des étapes de notre projet, on perdait énormément d’argent », constate Marie-France Côté Nolet. À l’automne 2019, son conjoint et elle ont acheté un immeuble de cinq logements à Montréal. Si seule la rénovation d’une cuisine était prévue au départ, presque tout l’immeuble y est finalement passé. À ce jour, les travaux sont toujours en cours.

« C’était notre premier projet de construction, ce qui est un peu casse-cou, admet-elle. C’est plus facile de commencer sur un plus petit projet de construction, et on comprend pourquoi maintenant. On peut faire nos erreurs à plus petite échelle. »

Titulaire d’un baccalauréat en administration des affaires, Marie-France Côté Nolet a travaillé en ventes et marketing chez L’Oréal avant de cofonder l’entreprise de contenu numérique Wanted Yesterday, puis de lancer Braincamp, une retraite créative pour entrepreneurs et professionnels. La gestion de projets, elle connaissait. La construction, moins.

« Je ne savais pas utiliser un marteau et ça faisait en sorte que j’avais l’impression que mes questions étaient un peu stupides, que c’était correct qu’on me dise : “non, non, mais c’est de même”. Alors que ce n’est pas une réponse correcte. Je me disais : “je ne dois pas comprendre parce que je ne sais pas utiliser un marteau”, alors que ça n’a vraiment rien à voir. »

Après un premier projet, elle ne prétend pas être devenue une experte en construction. Elle n’offre pas de conseils techniques, mais souhaite aider les gens à avoir une vision globale de leur projet et à élaborer une stratégie pour le rentabiliser. Bref, elle désire offrir un service qui lui aurait été utile et qu’elle n’a pas su trouver.

« C’est tellement difficile de trouver de l’information vulgarisée sur le domaine de la construction, remarque Marie-France Côté Nolet. Souvent, les gens connaissent super bien leur corps de métier, mais avoir une vue d’ensemble, savoir par où passer, par quelles étapes, c’est quelque chose que je n’ai pas trouvé. Aussi, quand on ne savait pas quoi faire, quand on était en train de se chicaner, quand on avait besoin de conseils stratégiques, il n’y a personne qu’on pouvait appeler pour ça. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Marie-France Côté Nolet

La construction, c’est un domaine où il y a beaucoup d’argent à faire ou à perdre.

Marie-France Côté Nolet, fondatrice des Filles de la construction

Sans exclure les hommes (« tout le monde est bienvenu ! »), son projet a une vocation manifestement féministe. « Le gros problème, c’est de ne pas avoir l’air de connaître ça, explique l’entrepreneure. Il y a des gars qui ne connaissent pas ça non plus, mais la construction, c’est un monde d’hommes. Quand tu ne sais pas de quoi tu parles ou ce que tu veux, tu te fais donner des soumissions plus élevées. Et beaucoup de filles ont l’impression de ne pas connaître la construction. »

Mais surtout, elle désire voir les femmes profiter davantage de l’effet de levier que permet un investissement immobilier. Or, pour ce faire, il faut selon elle connaître la construction, un milieu principalement masculin. « Si on ne comprend pas bien comment fonctionnent nos travaux, toutes les marges qu’on peut faire en immobilier partent chez les entrepreneurs. »

« Immobilier », « effet de levier » : les services des Filles de la construction sont-ils réservés aux investisseuses ? « Je peux aussi aider quelqu’un qui rénove sa résidence personnelle, répond Mme Côté Nolet. Dans mon approche, je préconise toujours la rentabilité des travaux, mais ça peut être aussi pour la valeur de revente future ou juste pour des travaux qui sont les plus efficaces possible pour eux. »

Les services des Filles de la construction se déploient par l’entremise de séances de coaching ponctuelles, de documents vendus à la pièce (guide de planification, un modèle de budget, etc.), d’articles de blogue accessibles gratuitement à tous et d’une formation interactive en visioconférence totalisant 18 heures, élaborée avec des experts en construction. Plusieurs thèmes y seront abordés, dont la rentabilité, les lois et les permis, la planification des travaux, le choix de l’entrepreneur et la gestion de chantier. La première ronde de formation sera lancée en mai.

Consultez le site des Filles de la construction

Note (ajoutée le 26 avril 2021) : « Avant de débuter tout projet, il est essentiel de vérifier si ce dernier est impérativement soumis à la Loi sur les architectes », précise l’Ordre des architectes du Québec (OAQ). Pour plus de renseignements au sujet de la Loi et du champ d’exercice exclusif des architectes, consultez le site de l’OAQ.