(Montréal) La difficulté d’approvisionnement en bois d’œuvre et autres matériaux de construction des derniers mois n’a pas freiné l’élan des Québécois pour la rénovation. Qu’est-ce qui en pousse certains à démolir des murs, rénover une cuisine ou aménager une terrasse sur leur toit ?

C’est l’arrivée prochaine d’un bébé qui a mené Marie-Ève Blanchet à commencer des travaux de rénovation cet été. « Il fallait construire une nouvelle chambre dans le condo », explique-t-elle.

Cela ne figurait pas parmi ses premières options, mais la hausse de prix sur le marché immobilier lui a fait réviser son but initial d’acheter une maison, a-t-elle confié.

Rénover en pleine pandémie amène son lot de défis. « Tu vas chez IKEA et les rangées sont vides, tu ne sais pas quand les articles seront disponibles et tu te demandes où tu vas mettre le bébé s’il n’y a plus de lits en stock », dit Mme Blanchet en plaisantant. Elle note aussi la grève au port de Montréal.

Rappelons que cette grève a gardé le matériel de construction sur les quais pendant deux semaines ce qui a perturbé l’approvisionnement en magasin, sans compter le prix du bois d’œuvre qui a bondi d’après l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec.

Isabelle Marjorie Tremblay a maintenant une terrasse au-dessus de son garage. Son conjoint et sa fille s’amusaient depuis un moment à élaborer des plans d’aménagement. Le duo est passé à l’action afin de pouvoir célébrer sur le toit en petit groupe, juste à temps pour la fête de sa fille.

Mme Tremblay dit profiter encore plus de sa terrasse en cette période où les déplacements sont restreints. Sa nouvelle oasis lui offre une perspective avantageuse sur la ville. « Avec les branches, on a un peu l’impression d’être dans l’arbre » qui se trouve à proximité, dit-elle.

Quant au musicien Alexis Martin, l’année 2020 s’annonçait faste. « J’avais énormément de boulot devant moi, une année complète de projets et c’est rare » dans le monde de la musique, évoque-t-il.

Il s’est lancé dans des travaux de rénovation prévus depuis deux ans, soit bien, avant que la COVID-19 provoque l’arrêt des tournées et festivals.

« C’est plus stressant quand tu n’as pas d’emploi », admet-il, mais il fallait remédier au problème de structure de la maison, donc pratiquement tout démolir pour ne garder que le revêtement extérieur.

Est-ce que cet élan pour la rénovation a mené plus de Québécois à faire appel à un professionnel du design intérieur ?

Au mois de juillet, la demande pour le secteur résidentiel gagnait en force grâce à une partie de l’argent économisé par les Québécois en raison de l’annulation des vacances, suggère Marie-Christine Dubé, présidente de l’Association professionnelle des designers d’intérieur du Québec (APDIQ).

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, cette hausse ne s’est pas systématiquement traduite en contrats, indique-t-elle. Plusieurs clients magasinaient plutôt leurs options, rajoute Mme Dubé.

Sans surprise, les travaux les plus demandés ces derniers mois concernaient des agrandissements pour inclure des espaces de vie commune ou un bureau, dit la présidente de l’APDIQ.

Pour sa part Charlotte Nadeau, a fait l’acquisition récente d’une maison de campagne à St-Côme dans la région de Lanaudière, tout près d’amis qui ont également acheté un chalet dans le même coin. Elle ajoute que cet achat a « principalement été motivé par la COVID-19 » et son besoin du grand air.

Les travaux ont commencé la première semaine d’octobre avec son copain, ses frères et son père qui est architecte.

Vu que la famille contribue, cela lui permet d’économiser sur la main-d’œuvre, fait-elle observer. Pour éviter de payer le fort prix pour le bois d’œuvre et autres matériaux elle s’approvisionne directement chez un grossiste.

Elle rénove notamment la cuisine et la maison de jardin adjacente au chalet pour y accueillir des amis et un petit studio de musique.

Ce reportage a été préparé dans le cadre du programme de Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.