On envisage généralement d'agrandir la maison pour pallier trois manques: la place, la fonctionnalité et la lumière. Pourtant, la solution à ces problèmes peut se trouver sans ajouter un seul pouce. Explications de l'architecte Renée d'Amours et images de l'un de ses projets.

«Pour optimiser sans agrandir, il faut voir quels sont les nouveaux modes de vie et les comparer avec la façon dont les gens vivaient avant, car les constructions dépendent du mode de vie. Les espaces qu'on utilise beaucoup maintenant ne sont pas ceux qu'on utilisait avant; ils ne sont donc plus distribués de la bonne manière. Ce n'est pas fonctionnel, c'est trop petit, encombré, et il n'y a pas de rangement, ce qui est un autre dysfonctionnement. Les gens veulent aussi plus de lumière», explique l'architecte Renée d'Amours, en ajoutant que le principe est de respecter l'espace d'origine tout en le remettant aux normes actuelles. «L'idée est de recalibrer les pièces les unes par rapport aux autres en tenant compte du temps qu'on y passera. Par exemple, la salle de bains est plus importante qu'autrefois et on l'utilise beaucoup plus», poursuit-elle.

Petit, mais efficace

La première étape consiste à distinguer les espaces où l'on vit des lieux de circulation. Cette dernière ne doit pas traverser les pièces, ce qui est souvent le cas dans les maisons anciennes. «Quand j'arrive quelque part, je vois les espaces qui fonctionnent bien et ceux qui sont comme des zones-dépotoirs. Je réfléchis à la façon de réattribuer ces pieds carrés pour qu'ils soient fonctionnels et qu'ils donnent une valeur ajoutée aux autres espaces», informe l'architecte.

Elle remarque que ce sont souvent les surfaces de couloir et d'escalier qui sont perdues. «Ça peut être 30 % de la superficie de la maison. C'est considérable, et bien les canaliser fait une très grande différence.» Selon elle, c'est l'organisation de l'espace et non les dimensions de la pièce qui prime.

«Un grand espace peut être mal organisé et un petit, bien organisé.»

Un choix gagnant

Un agrandissement implique des coûts de travaux importants, mais aussi une augmentation des frais de chauffage, d'électricité, de taxes, sans compter l'entretien supplémentaire. On gagne donc beaucoup en agrandissant de l'intérieur. 

«Pour le même budget, on peut avoir une rénovation de qualité supérieure et consolider l'existant au lieu de faire un agrandissement de qualité de base», précise Renée d'Amours. Par ailleurs, la patine de l'ancienne maison est préservée, alors qu'un ajout n'est pas nécessairement en corrélation avec la maison originale.

PHOTO JEAN LONGPRÉ, FOURNIE PAR RENÉE D’AMOURS, ARCHITECTE

L'architecte a changé l'orientation de l'escalier, ce qui a permis de récupérer 40 pi2 dans la cuisine. Une partie de l'ouverture a été conservée, ce qui donne une belle perspective sur l'escalier du hall d'entrée et maximise la luminosité.