Pla-ni-fier. C'est LE mot clé pour réussir ses travaux. Bien avant d'embaucher des entrepreneurs et d'acheter tout ce qu'il faut, il est crucial de réfléchir, de dresser des listes et surtout, si vous rénovez à deux, de discuter.

Déterminer ses besoins

D'abord, déterminez vos besoins et même vos valeurs en matière d'habitation.

Quel type d'architecture et d'aménagement intérieur préférez-vous? Minimaliste, classique ou néo-rustique? N'hésitez pas à mettre dans un cahier d'inspiration des notes et des images de décors que vous aimez. Aussi, identifiez précisément les éléments et les pièces à transformer ou à réorganiser: cuisine, salle à manger, salle de bains, rangement, entrée, isolation, éclairage... Désirez-vous investir dans une rénovation verte? Quelles sont vos priorités? La fenestration? L'efficacité énergétique? La qualité de l'air? Les revêtements de finition?

Derrière les magnifiques photos des magazines de décoration, on oublie souvent qu'il y a eu un chantier. Qui établira l'échéancier des travaux et de la livraison des matériaux? Vous-même? Un entrepreneur général? Un architecte? Qui assurera le suivi? Comptez-vous faire vous-même certains travaux? Toucherez-vous à la charpente de l'habitation? Dans ce cas, vous devrez faire appel à un ingénieur en structure. Enfin, pourquoi ne pas réviser les exigences du Code de construction du Québec?

Aussi, examinez vos aptitudes et celles de votre conjoint. Qui, dans le couple, agira à titre de «porte-parole» auprès de l'entrepreneur général, par exemple, et qui répondra prestement à ses questions? Qui s'occupera des factures?

Pensez aussi au bouleversement du quotidien et des activités familiales pendant un chantier. Les entrepreneurs arrivent souvent (très) tôt le matin. Habiterez-vous dans la maison au plus fort des rénovations? Louerez-vous plutôt un appartement? Où entreposerez-vous vos meubles? Refaites-vous la ou les salles de bains? La douche, la baignoire et la toilette risquent alors d'être inutilisables pendant un moment. N'oubliez pas les débris et les déchets de démolition et de finition. Évaluez les quantités et leur gestion. Aussi, qui nettoiera les lieux à la fin de chaque journée?

Les plans 

Dans planification, il y a le mot plan. Plus vos plans seront précis, moins il y aura de pertes de temps (et d'argent).

Selon l'ampleur et la complexité de votre projet, les services d'un concepteur expérimenté peuvent s'avérer fort utiles. Un architecte, un designer d'intérieur ou un technologue professionnel, notamment, dresseront des plans, mais ils vous aiguilleront aussi vers des solutions adaptées à vos besoins. Ils peuvent vous donner des idées d'organisation et d'aménagement, ainsi que des conseils en matière de matériaux et de nouveaux équipements. Mieux, demandez à votre concepteur de réaliser des modélisations ou des images en 3D de différents points de vue. Si vous êtes doué en informatique, vous pouvez les créer avec l'aide d'un logiciel de modélisation. Ainsi, vous pourrez mieux analyser et «voir» vos futures rénovations.

Si c'est vous-même qui esquissez les plans pour l'entrepreneur, soyez le plus précis possible et n'oubliez pas de les joindre au contrat. Les risques de malentendus sont ainsi réduits.

N'oubliez pas d'inspecter votre propriété ou la pièce à remettre à neuf avant de commencer. Parmi les causes les plus fréquentes de dépassement de coûts et d'ennuis, on compte les mauvaises surprises et les vices. Et, si possible, obtenez l'aide d'un professionnel (inspecteur en bâtiment, architecte, ingénieur en structure, entrepreneur...). Enfin, si vous vous possédez un condo et désirez rénover, mieux vaut s'informer auprès du syndicat de copropriété.

Établir un budget réaliste

Rendez-vous incontournable: une rencontre avec votre conseiller financier. Consultez-le afin d'établir un budget réaliste et choisir un mode de financement approprié, selon l'envergure de votre projet et, bien sûr, vos moyens.

C'est aussi là, au moment où tout va bien, qu'il faut prévoir une réserve d'environ 10 à 15% du coût total de vos rénovations pour les imprévus. Ensuite? Vous devrez vous montrer inflexible et respecter le budget fixé en résistant aux tentations, changements et autres «tant qu'à y être» au cours des travaux!

Par ailleurs, il existe plusieurs programmes d'aide financière offerts par les gouvernements, des organismes, des municipalités ou même des institutions financières. Il peut donc être «payant» de naviguer sur l'internet et de se renseigner adéquatement. Un exemple parmi d'autres? Le programme LogiRénov, un crédit d'impôt provincial de 20% sur les dépenses de rénovations résidentielles excédant 3000$, pour un crédit maximal de 2500$. Ce programme temporaire s'adresse aux propriétaires occupants qui feront appel à un entrepreneur qualifié avant le 1er juillet 2015 pour réaliser des travaux (admissibles au crédit d'impôt) qui seront payés avant la fin de 2015.

Aussi, n'attendez pas à la dernière minute pour choisir vos meubles, électroménagers, accessoires et matériaux. C'est le moment idéal pour ratisser les magasins et les salons consacrés à l'habitation. Votre entrepreneur général ou vous-même devrez également vous assurer que le détaillant pourra vous les livrer au moment voulu. Notez aussi très soigneusement leurs dimensions. «J'ai passé des semaines et des semaines à magasiner, et ensuite j'ai visité des magasins spécialisés afin de trouver nos électroménagers et nos matériaux de finition, confie Maude Leblond, qui a rénové et agrandi sa propriété. Ainsi, l'ébéniste a pu ajuster les plans aux dimensions des meubles et des électroménagers, avant le début des travaux.»

Références et permis

Prenez le temps de recueillir des références avant d'établir votre devis et de demander des soumissions. Pour trouver un entrepreneur, rien de tel que la recommandation d'une connaissance.

Rendez-vous sur les lieux et observez le travail réalisé. Demandez si les travaux ont été terminés à temps, dans les limites du budget, pour un résultat satisfaisant. Autrement, demandez à un entrepreneur de vous fournir les coordonnées d'au moins trois anciens clients, et communiquez avec eux. «Si l'entrepreneur n'est pas en mesure de vous fournir des noms d'anciens clients, vous ne devriez peut-être pas faire affaire avec lui», recommande l'Association des consommateurs pour la qualité dans la construction (ACQC).

Bien avant d'entreprendre les travaux, renseignez-vous auprès d'un préposé à la délivrance des permis de votre municipalité ou de votre arrondissement. En premier lieu, demandez si le type de rénovations que vous comptez faire requiert bel et bien un permis. Par exemple, certains travaux d'entretien, de réparation ou de remplacement, s'ils n'ont pas d'impact sur l'apparence du bâtiment ou sur la sécurité des gens, ne nécessitent pas de permis, lit-on sur le site de l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville, à Montréal. Dans le doute, demandez des précisions.

Si vous devez acquérir un permis de transformation, recueillez le plus de renseignements possible et demandez la liste des documents à fournir. Selon la complexité de votre projet et le moment où vous demandez votre permis, il se peut que l'attente soit longue (parfois plusieurs mois) et retarde le début de votre chantier. Dans la foulée, d'autres documents pourraient être réclamés.

«Faire une demande de permis à la dernière minute compte parmi les erreurs les plus fréquentes», note Jean-François Circé, chef de division, relations avec les citoyens, communication et développement durable, à l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville, à Montréal.

«Il arrive qu'un permis pour des travaux mineurs soit délivré sur-le-champ, lorsque la demande est complète, observe Jean-François Morin, chef de division, urbanisme, patrimoine et services aux entreprises, à l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Autrement, faire affaire avec un professionnel, tel un architecte, qui travaille souvent dans votre secteur, est une bonne idée. Il risque alors de bien saisir les particularités du règlement d'urbanisme local et de connaître les critères d'évaluation des projets du comité consultatif d'urbanisme (CCU).»

Enfin, il faut payer la note. Le prix d'un permis pour des rénovations est très variable, selon l'endroit où vous habitez.

Prévenir son assureur

Il importe d'appeler son agent ou son courtier en assurance de dommages avant d'entreprendre des rénovations.

«L'assureur cherchera à bien saisir la nature et l'ampleur de votre projet afin d'évaluer s'il y a un risque que les travaux causent des dommages. Si l'assureur estime qu'il y a une aggravation du risque, il pourrait notamment ajuster la prime pour la durée des travaux, explique Caroline Phémius, conseillère en affaires publiques au Bureau d'assurance du Canada (BAC). Si l'assuré entreprend des travaux majeurs sans en informer son assureur et qu'un sinistre survient, l'assureur serait en droit de revoir le contrat d'assurance habitation et de n'indemniser que partiellement l'assuré, voire de refuser toute indemnisation.

La Chambre de l'assurance de dommages (ChAD) rappelle d'ailleurs sur son site que, «en vertu de l'article 2466 du Code civil du Québec, l'assuré est tenu de déclarer à l'assureur, promptement, les circonstances qui aggravent les risques stipulés dans le contrat».

La ChAD mentionne également que «plusieurs contrats d'assurance peuvent prévoir des exclusions générales pendant que des travaux de rénovation sont effectués et, à plus forte raison, si la maison est inoccupée pendant ce temps: les dégâts d'eau, le vol, le vandalisme et le bris de vitres».

«L'incendie reste toutefois couvert», fait remarquer Caroline Phémius.

Une fois informé, l'assureur évaluera les améliorations apportées à votre habitation et ajustera la prime au besoin.

Enfin, Maya Raic, PDG de la ChAD, rappelle de consulter votre représentant en assurance de dommages si vous décidez de gérer vous-même votre projet de reconstruction ou si vous comptez réaliser vous-même des travaux, afin d'obtenir une protection adéquate.