Le printemps est une période risquée pour les infiltrations d'eau dans le sous-sol d'un bâtiment. La neige fond, au sol et sur le toit, et la terre encore gelée n'absorbe pas l'eau. Pour ajouter au tableau, les pluies d'avril ne manquent pas de faire monter le niveau d'eau. «La maison baigne alors littéralement dans l'eau, comme un bateau, explique Pascal Cabana, expert en bâtiment chez Legault-Dubois. S'il y a la moindre fissure, l'eau va s'infiltrer.»
En toute logique, il faut examiner les fissures et les ouvertures dans les fondations de la maison... Mais au printemps, il est peut-être trop tard pour le faire! «L'été est la bonne saison pour faire des réparations dans la fondation, indique Pascal Cabana. On repère facilement les fissures sans creuser. Elles sont visibles hors sol.»
La première chose à faire pour éviter que l'eau fasse pression sur les fondations est de corriger toute pente du sol qui descend vers la maison, indique de son côté Philippe Saint-Pierre, porte-parole du CAA-Québec Habitation. Il précise que c'est un travail peu coûteux.
D'autres éléments de base: la gouttière, bien dégagée, doit déverser l'eau à au moins un mètre de la maison - idéalement à deux ou trois mètres. La pompe d'évacuation du sous-sol ne doit pas être envahie de racines, et le clapet de retenue des eaux de pluie doit être propre et en bon état. Les fenêtres du sous-sol doivent aussi être bien calfeutrées; s'il y a des margelles, il ne faut pas qu'elles retiennent de l'eau. Si on a un puits d'assèchement (ou jardin de pluie), il doit être en bonne condition. Tout comme, évidemment, le drain de bâtiment.
Drain défectueux?
Le drain de bâtiment - communément appelé drain français - a pour fonction de capter l'eau dans la partie inférieure des fondations, de façon à ce qu'elle n'aboutisse pas à l'intérieur. Sa durée de vie moyenne oscille entre 25 et 35 ans, selon les experts. «Si on achète une maison de cet âge, il faut y penser», affirme André Gagné, directeur du service d'expertise de l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec. Par ailleurs, si le sol est de sable fin, le drain peut être complètement ensablé après 15 ou 18 ans. Le système d'arrosage intégré des platebandes peut faire bloquer rapidement le drain. L'eau mouille la terre, glisse sur la maison et ruisselle dans le drain, entraînant avec elle de fines particules.
Si le sous-sol n'est pas fini et que le drain est défectueux, on peut en observer les indices sur le béton: des fissures de couleur plus foncée, un suintement, des dépôts de cristaux blanchâtres à la surface du béton.
«Coloscopie»
Si on soupçonne un drain défectueux - âge de la maison, sous-sol humide, infiltration chez les voisins -, une inspection du drain est un bon geste préventif, affirme André Gagné. Il en coûtera de 300 à 400$ pour introduire une caméra dans le drain - «une coloscopie», dit en plaisantant M. Gagné. Le recours à une mini-excavatrice fera monter la note de 4000 à 5000$. Parfois, l'intérieur du tuyau est bien dégagé, mais le textile qui le recouvre est bouché. Un drain doit être recouvert de 300 à 400 mm de pierres, sur lesquelles on ajoute une membrane géotextile. La réfection d'un drain de bâtiment coûte facilement de 15 000 à 20 000$, estime M. Gagné. Cela dépend du sol et des aménagements ou des terrasses à démolir.