Monsieur voudrait lire dans le salon, mais... on y gèle tout rond. Fiston ne vit que pour jouer de la batterie, mais... descendre au sous-sol le rend asthmatique. Quant à madame, il pleut dans sa chambre. Quelles tuiles! La belle maison achetée dans l'enthousiasme serait-elle un citron? Qui paiera pour corriger les erreurs de construction? Vices cachés: quelques notions et trois exemples bien concrets.

Contaminée au mazout

Superbe céramique sur mur pourri

Vrai ou Faux?

Découvrir un réservoir de mazout souterrain tout rouillé, des cernes de moisissures, une robinetterie qui fuit, des poutres qui s'affaissent... voilà des surprises dont tous les propriétaires se passeraient volontiers. Et pourtant, ils comptent parmi les vices cachés les plus fréquents. Même si les acheteurs ont des recours après une découverte du genre, les obstacles sont nombreux sur le chemin de la réparation...

Crépi mal posé

Un jeune couple dans la trentaine achète, en octobre 2006, une grande résidence construite par les vendeurs eux-mêmes, un couple dans la même tranche d'âge qui en était à sa deuxième expérience d'autoconstruction. Les acheteurs font preuve de prudence: visites consciencieuses et inspection préachat. Rien ne laisse présager les sérieuses difficultés à venir, pour ceux qui sont devenus les clients de Me Martin Janson.

On avait pourtant observé le changement de couleur du plancher, près d'une fenêtre de la véranda, que les vendeurs attribuaient à l'utilisation d'un lot de bois différent. Dans son rapport, l'inspecteur en bâtiment avait également noté une irrégularité à la jonction de deux toits.

En mars 2007, deux mois après la prise de possession de la maison, une infiltration d'eau traverse le bâtiment de haut en bas. Les nouveaux propriétaires en informent les vendeurs, qui affirment régler le problème en posant un fil chauffant le long de la gouttière, afin d'éliminer les barrages de glace, typiques des périodes de gel-dégel.

Mais loin de s'améliorer, la situation dégénère en série noire: affaissement d'une colonne, fenêtre récalcitrante, bardeaux d'asphalte gondolés, écoulement d'eau anormal à la toiture de cuivre, taches sur le balcon et décoloration du plancher intérieur, joints de gypse dégradés et découverte qu'un mur de la véranda n'est pas isolé. Les occupants font une première dénonciation aux vendeurs en décembre 2008, et une seconde en avril 2009.

À force de poser du calfeutrant ici et là, le couple découvre que les panneaux de bois pressé (aspenite), sous le crépi d'acrylique, s'effritent sous l'effet de la pourriture. Un des experts convoqués sur les lieux en trouve la cause: le crépi n'a pas été posé dans les règles de l'art, c'est-à-dire avec un espace d'air le séparant du panneau. L'expert relève également d'autres erreurs: absence de solin sur le toit, défaut dans le bardeau d'asphalte, fissure structurale sur toute la hauteur de la cage d'escalier. Un test microbien indiquera la présence de moisissures dans un mur de la véranda.

Le 21 septembre 2009, les acheteurs envoient une mise en demeure aux vendeurs, en leur réclamant une somme pour les réparations. Les travaux, commencés en janvier 2010, révéleront d'autres surprises, parmi lesquelles des poutrelles en I anormalement courbées et des linteaux de fenêtre sous-dimensionnés.

Les clients de Me Janson ont payé à ce jour 108 000$ pour les travaux à la maison, auxquels il faut ajouter les honoraires des experts, soit 15 500$, les frais d'avocat et le coût du terrassement, qui sera à refaire. Un bilan assez lourd, en regard de la valeur de la maison elle-même. Les demandeurs réclament également 20 000$ aux vendeurs, car ils estiment que ces derniers connaissaient en partie les problèmes et ne les ont pas révélés.

La fin de l'histoire? Elle est encore à venir. Le juge devra mettre en balance, notamment, la force probante des expertises et l'ensemble de la situation.