Les rénos ne sont pas l'apanage des proprios. Il est également possible pour un locataire de réaménager l'intérieur de son logis sans subir les foudres du propriétaire de l'immeuble. En plus du commun coup de pinceau, vous voudriez faire un petit travail de menuiserie ici, et revoir la plomberie, là? Suffit de s'entendre avec le locateur, avant la signature du bail, de préférence.

Vous aimez bien l'emplacement de cet appartement, mais son touffu tapis ne fait pas bon ménage avec vos allergies? Vous pourriez l'éliminer vous-même... si le bailleur est d'accord. Règle générale : il n'est pas permis de modifier substantiellement la vocation des lieux, sauf s'il y a entente.

Tant qu'un bail n'est pas signé, il n'y a forcément aucune obligation, indique Robert Fournier, à la Régie du logement du Québec. Le propriétaire peut offrir le logement de la couleur de son choix; les gens sont libres de le prendre ou pas. Mais le choix de nouvelles teintes peut être discuté entre les deux parties.

«Le locataire doit remettre les lieux en état convenable avant de quitter le logement. Il peut toujours peindre les murs de la couleur qu'il veut. Si le proprio l'exige, le locataire doit repeindre», soutient-il. Mais s'il y a entente entre le proprio et le locataire, ce dernier pourrait laisser la déco comme telle, sans avoir à repeindre les murs en blanc avant de quitter les lieux.

Pour officialiser le tout, mieux vaut s'assurer que les travaux planifiés seront inscrits dans le bail. «Une entente verbale est valable, mais un peu problématique à défendre ensuite. C'est préférable d'écrire quelque chose», indique Robert Fournier. La Régie du logement, qui est un tribunal spécialisé en matière de bail résidentiel, se sert aussi souvent de la photo comme preuve. Les clichés peuvent officialiser l'entente entre le proprio et le locataire, note M. Fournier.

Déjà signé

Après quelques mois dans cet appartement, vous avez tout d'un coup envie d'un changement de décor? Il n'est pas trop tard non plus. Encore là, tout est une question d'entente. M. Fournier expose un cas vécu. Un locataire ayant fait affaire avec un designer d'intérieur pour faire la déco, et investi du coup une bonne somme d'argent de sa poche, a par la suite offert au proprio de laisser l'appartement, ainsi valorisé, comme tel. Mis devant le fait accompli, le proprio a tout de même été d'accord, puisque les changements lui plaisaient. Il est toutefois préférable de s'entendre avant de passer à l'action, question d'éviter les ambiguïtés en cas de dissonance en matière de design, suggère fortement Robert Fournier.

Le montant du loyer pourrait même être ajusté en conséquence. Un locataire qui fait lui-même ses réparations pourrait voir ses paiements mensuels augmenter moins rapidement, par exemple. En fait, moins de 1 % des cas menés devant la Régie du logement ont trait au montant du loyer exigé. Il s'agit encore, à 99 % du temps, d'un accord entre le locataire et le locateur, explique M. Fournier. Donc, si vous louez un appartement, mais que ce bout de moquette mauve vous horripile, réfléchissez-y bien avant de vous en débarrasser. Car si le locataire pose une action radicale, même en payant de sa poche, il s'expose à une poursuite devant la Régie du logement, le propriétaire pouvant réclamer dommages et intérêts.

«Si un proprio poursuit le locataire, ce n'est pas impossible que le juge dise qu'il doit compenser. Mais il pourrait aussi dire : «On va tenir compte de la plus-value de ce que lui a fait.» Il peut y avoir un calcul qui est fait», modère M. Fournier.