À compter de janvier, sur les ondes de Télé-Québec, on le verra, en compagnie de quatre équipiers québécois et français, retaper un cottage délabré de l'est de Montréal. À cette fin, ils n'ont employé que des matériaux recyclés, recyclables et sains. Y compris pour la finition et l'ameublement.

À compter de janvier, sur les ondes de Télé-Québec, on le verra, en compagnie de quatre équipiers québécois et français, retaper un cottage délabré de l'est de Montréal. À cette fin, ils n'ont employé que des matériaux recyclés, recyclables et sains. Y compris pour la finition et l'ameublement.

Le plancher d'origine de la chambre principale des Citadins a été sablé, mais sans insistance. Les tables de chevet sont les extrémités d'un vieux bureau.

«Les matériaux de rebut et de déconstruction devancent les plans détaillés dans ce genre de projet», précise-t-il. À son point de vue, pour économiser les ressources, contrer la désinvolture du gaspillage et de la consommation immodérée des biens, il faut se donner la peine d'accorder les plans aux vieux matériaux auxquels on aura trouvé vocation nouvelle.

Le cottage montréalais sera au coeur de l'émission Les Citadins du rebut global qui sera télédiffusée chaque mardi à 19 h à compter du 17 janvier. M. Montero a contribué à le redresser et à le regarnir. On y a déconstruit des cloisons pour en récupérer le bois de charpente. On a transformé ce dernier en membrures pour solidifier les solives du toit.

De plus, on a employé un fût de bière comme réservoir aérien de toilette, un ensemble de casiers de gare comme armoire, un convoyeur industriel comme rampe d'escalier, des rétroviseurs latéraux de véhicules lourds comme miroirs d'appoint dans la salle de bain.

Puis, ses partenaires et lui, tous âgés de 25 à 33 ans, ont réuni trois chariots de chemin de fer pour faire un balcon.

«Nous nous sommes abstenus de les repeindre. Nous avons préféré leur garder leur aspect tel qu'usés et patinés. Le métal dont ils sont faits avait été justement composé pour résister à tous les temps», soutient-il.

Chez lui

Dans sa propre maison, M. Montero a dégarni au rez-de-chaussée un plancher pour mettre le contreplaqué à nu. Il lui a appliqué une dizaine de couches d'une huile exotique végétale polymérisée. Dans quelques années, selon lui, il sera très attrayant.

«Car lorsque j'entreprends une tâche, je tiens compte de la quatrième dimension, soit le temps. J'essaie d'imaginer l'apparence des choses une fois qu'elles auront vieilli. La rouille, mais contrôlée, peut contribuer au charme des objets», dit-il.

Au dernier étage, il a percé un lanterneau. Comme revêtement extérieur, il emploiera des plaques d'impression offset en aluminium et en zinc. À leur jonction, il les pliera à la façon de la tôle à la canadienne.

Ce mur de la maison des Citadins paraît fait pièce sur pièce. Toutes les pièces sont des retailles de vieilles poutres de 3 pi sur 12 pi.

Ensuite, à l'intérieur, il a bardé le puits d'un pare-vapeur rigide, insonorisant, constitué de sciure de bois liée au moyen d'amidon de maïs, avec pellicule d'aluminium réfléchissante. Le produit est neuf et en vente chez la plupart des marchands de matériaux. D'un autre côté, il n'utilise pas de laine de verre comme isolant. Pour le pourtour des fenêtres en particulier, c'est de la laine roche qu'il préfère. Elle est écologique, plaide-t-il, puisque constituée de fibre de pierre volcanique et de scories d'acier. De plus, elle ne s'affaisse pas, est imputrescible et tout à fait imperméable.

Avant de rénover, M. Montero déconstruit. Pour ce, il prend le temps. Rien de récupérable ne se perd. Chez lui, il aura, par exemple, gardé de très vieilles lattes de bois. «On les passera à la toupie pour en faire des moulures», se promet-il. Et les ouvertures laissées par les clous, vous les colmaterez? demande Le Soleil. Non, répond-il, car elles devraient donner du cachet au bois.

Le plancher de la salle de bains est parsemé de 30 rondelles de hockey. Elles sont des rejets d'usine. Un des partenaires européens d'Alejandro Montero, sur le plateau des Citadins, trouvait que la rondelle symbolisait beaucoup le Québec.

Avec sa conjointe architecte, Geneviève Mainguy, Alejandro Montero exploite une entreprise (Tergos Écodesign) offrant des services de conception de maisons écoénergiques, de rénovation résidentielle écologique fondée autant que possible sur l'emploi de matériaux de récupération. «Le temps qu'on met à récupérer est compensé par la gratuité ou presque des matériaux», précise-t-il. Par ailleurs, il se félicite que le bois récupéré n'a pas besoin d'être transporté. Coup double donc en regard de la protection de l'environnement.

M. Montero prévient que, pour rénover sa maison avec des matériaux de recyclage, il faut du temps. Du temps pour les trouver, du temps pour les accorder à la maison, du temps pour les installer. «Mais s'occuper d'accommoder son logement rend heureux et accroît la cohésion de la famille», juge-t-il.

Enfin, l'usage excessif que fait la société nord-américaine des richesses naturelles inquiète M. Montero. Il est persuadé qu'un jour, par manque de matières premières, on reprendra aux dépotoirs ce qu'on y achemine actuellement sans retenue.

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Renseignements: 418-522-1496