Pour éviter de s'arracher les cheveux (et ceux de son conjoint !), il suffit en général d'une bonne planification. Et de savoir mettre de l'eau dans son vin.

Pour éviter de s'arracher les cheveux (et ceux de son conjoint !), il suffit en général d'une bonne planification. Et de savoir mettre de l'eau dans son vin.

«Il arrive souvent que les gens n'ont pas les mêmes goûts, en termes de couleurs, de matériaux ou de priorités», fait valoir la psychologue Valérie Gosselin, spécialiste des questions de stress. Pas facile de lâcher prise lorsqu'on a des idées et des attentes bien arrêtées, mais que le compagnon de vie ne les partage pas. Surtout qu'il faudra vivre au quotidien avec les choix et en assumer les frais, précise Mme Gosselin.

«Quand les gens ne sont pas capables d'arriver à être sur la même longueur d'onde quant aux goûts et aux intérêts, c'est là que le stress monte de façon exponentielle», évalue la psychologue. Le couple doit purger les tensions causées par les rénovations avant qu'elles ne se propagent aux autres situations de vie.

L'expérience de Sonia Métivier n'est pas typique, certes, mais elle montre bien comment le stress lié aux rénovations peut envenimer une relation, jusqu'à la détruire. Lorsqu'elle a rencontré son ex-petit ami, il venait d'acheter un édifice rasé par un incendie. Il projetait de le transformer en maison unifamiliale, pour ensuite la revendre.

Mme Métivier a emménagé avec lui et a décidé d'investir temps et argent dans ce projet d'envergure. Des heures qui venaient s'ajouter à un horaire de travail déjà chargé.

Comme ils étaient néophytes en construction, les embûches ont fini par empoisonner leur quotidien. Sonia Métivier se rappelle des frustrations à cause de «choses pratiques qui ne fonctionnent pas» et des querelles à propos des priorités non partagées. «Pour moi c'était plus important que le dedans soit terminé pour ensuite travailler sur l'extérieur, mais pour lui c'était le contraire», illustre la femme de 34 ans.

Leur rêve grugeait toutes leurs économies. Finies les sorties et les gâteries. «Ce n'est pas évident. Quand on est rendu à se chicaner pour une boîte de clou...», laisse planer Mme Métivier.

L'argent

La designer d'intérieur Maude Gagnon a remarqué que les implications financières causent la majorité des désaccords. «Il y en a un qui est prêt à dépenser, (alors que) l'autre est stressé parce que ça (les coûts) monte trop vite», illustre-t-elle. Elle a remarqué que la femme s'inquiète habituellement du résultat, l'homme se préoccupe plutôt de la facture. Elle ressent systématiquement du stress chez ses clients. «On est psychologue aussi, on n'est pas juste designer», rigole-t-elle.

Selon une étude réalisée par la firme Décima téléVox pour le compte de la compagnie Delta Faucet, ce sont les coûts cachés d'un projet qui causent le plus d'anxiété chez près de 60 % des sondés.

L'anxiété monte aussi en flèche lorsque les travaux ne sont pas esthétiques, mais obligatoires, à la suite d'un sinistre par exemple. «Quand on pense que c'est un monde inconnu et que je m'en vais avec une facture ouverte, ça peut être assez stressant», admet Alain Rousseau, président de la bannière Réno-maître à l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec (APCHQ).

«Le problème en rénovation, c'est que souvent les gens ne connaissent pas ce qui se passe, alors il y a beaucoup d'inquiétude», continue-t-il. «Faire ses travaux peut être tout un plaisir pour quelqu'un qui est un excellent bricoleur», fait valoir Alain Rousseau. Les gens accumulent du stress lorsqu'ils essaient de rénover sans avoir les connaissances adéquates, expose-t-il.

Le budget, les goûts, les priorités ou les méthodes de travail sont autant d'éléments qui peuvent créer des tensions.

Isabelle Falardeau et son conjoint ont fait le pari qu'ils pourraient moderniser eux-mêmes leur première maison. Une solution à la fois économique et valorisante. Le couple s'est embarqué dans des rénovations majeures. Un gros contrat, surtout pour une jeune maman qui attend un autre rejeton. Mme Falardeau a géré tout le projet, puisque son petit copain travaillait. «Je n'arrêtais pas, je courais tout le temps», raconte la femme de 29 ans. Mais des contractions l'ont forcée à ralentir. «Ce n'était pas du vrai travail, mais ça pouvait être relié au stress», lui ont expliqué les médecins.

Un temps d'arrêt difficile à vivre car Mme Falardeau aime les besognes manuelles et tenait à mettre la main à la pâte. Et parce que la vie continue pour elle et son petit Casimir, deux ans et demi.

«C'est sûr que quand il y a des enfants, la famille a d'emblée plus de responsabilités, donc plus de risques de stress», observe la psychologue Valérie Gosselin.

Isabelle Falardeau a vu l'épuisement gagner son couple. À travers le déménagement, les rénos, la grossesse et le petit, les amoureux n'avaient plus une minute à eux. Les nerfs à vif, même une tasse de café qui traîne peut provoquer une chicane. «Il me semble que quand on se parle, c'est presque toujours pour se reprocher quelque chose», a remarqué Mme Falardeau. La tension a baissé d'un cran, maintenant que l'essentiel des travaux est terminé. «Il va y avoir du travail à faire pour se retrouver», croit-elle néanmoins.

Planifier

Des solutions simples contribuent à diminuer le stress. La planification demeure un élément clé. Prévoir trois mois pour asseoir les bases d'un projet, faire les commandes. Si on décide de faire affaires avec un professionnel, M. Rousseau recommande de se fier au bouche à oreille pour faire une première sélection, puis de se forger sa propre opinion. S'y prendre à l'avance évitera d'avoir à se rabattre sur n'importe quel constructeur. M. Rousseau rappelle que les entrepreneurs qui portent le chapeau Réno-maître répondent à des critères de qualité, de compétence et de santé financière.

Étape à ne pas négliger: l'estimation. Elle doit être complète et détaillée. Il faut être capable de mettre en ligne tous les prix, pas seulement chiffrer globalement les dépenses, avise M. Rousseau. Un bon entrepreneur est en mesure d'effectuer une estimation juste, mais aussi d'évaluer le réalisme d'un projet selon le budget disponible. S'il faut sabrer quelque part, il sait distinguer «les vraies priorités des petits à côté».

Il faut prendre son temps et faire confiance à la designer, suggère quant à elle Maude Gagnon.

Compromis

Valérie Gosselin insiste sur l'importance pour le couple de communiquer ses attentes comme ses frustrations. Elle propose de s'entendre avant le début des rénovations sur les lignes directrices du projet. Discuter maintenant, lorsque tout le monde est calme, de la possibilité qu'il y ait des conflits et des solutions à prendre. «L'idéal c'est d'être capable de faire des sacrifices, chacun de son côté», expose la psychologue.

Dans le cas où les visions semblent irréconciliables, Mme Gosselin observe que certaines personnes se séparent les pièces de même importance, pour les décorer à leur goût. Formule moins radicale, se partager des éléments d'une même pièce. On installera ainsi le recouvrement de plancher préféré de monsieur dans la cuisine, alors que madame décidera des armoires.

Enfants

Des divergences sur la place à accorder aux enfants peuvent générer un stress supplémentaire. Il importe de mettre au clair le rôle de l'enfant, juge Mme Gosselin. Choisira-t-il les couleurs ou le mobilier pour sa chambre? Sans donner carte blanche à l'enfant, elle conseille de le laisser faire des choix qui entraînent peu de conséquences, comme déterminer la teinte d'une garde-robe ou trancher entre deux motifs de tuiles sélectionnées.

Mais ne vous découragez pas. Une enquête menée par Ipsos-Reid révèle que 94% des Canadiens qui ont entrepris des rénovations de grande envergure au cours des deux dernières années estiment que le résultat final était à la hauteur de leurs attentes. La lumière au bout du tunnel!

Pour réduire le stress

- Planifier son projet environ trois mois à l'avance

- Fixer un budget et prévoir un fonds pour imprévus

- Prendre le temps de bien choisir l'entrepreneur. Se fier au bouche à oreille.

- Faire confiance une fois notre choix arrêté

- Faire ou exiger une estimation des coûts détaillée et complète

- S'entendre entre conjoints avant le début des rénovations

- Se partager les pièces à décorer ou certains éléments, si nécessaire

- Être prêt à faire des sacrifices, chacun de son côté

- Décider du rôle à jouer par les enfants