- Je veux faire réparer le crépi de la fondation de la maison.

- Je veux faire réparer le crépi de la fondation de la maison.

- Ouais... ben ça va coûter 800 $.

- Comment!?! Vous m'aviez fait une soumission à 300 $ l'automne dernier.

- Ouais... C'est vrai, je m'en souviens. Mais là, j'ai pas le temps. Pas avant la fin de mai. Et ça ne sera pas en bas de 400 $.

- Mais vous m'aviez dit 300 $?

- Vous savez, madame, les prix montent, le matériel coûte plus cher.

- Quand même: 25 % d'inflation en six mois!

- Essayez de trouver quelqu'un d'autre. Si vous n'avez personne, rappelez-moi. Mais ça ne sera pas en bas de 400 $.

Fin de la conversation. L'entrepreneur remonte dans son camion à la hâte. Le printemps s'annonce très chaud dans l'industrie de la construction. Les travailleurs ne manquent pas d'ouvrage et n'ont pas de temps à perdre.

Évidemment, lorsque les ouvriers sont occupés, ils peuvent se faire tirer l'oreille pour entreprendre des travaux de moindre envergure... ou exiger des prix exagérés, affirme l'entrepreneur général, Pierre Perreault, de Construction Fernand Perreault. «Changer un balcon, dit-il par exemple, c'est un petit contrat. Au lieu de demander 1500 ou 2000 $, certains ouvriers vont exiger 2500 $.»

«C'est sûr que la construction de maisons neuves va très bien et que ça raréfie la main-d'oeuvre pour la rénovation», indique André Martin, porte-parole de la Commission de la construction du Québec (CCQ). C'est le principe des vases communicants.

Une mission

À la base, ce ne sont pas tous les entrepreneurs qui aiment travailler en rénovation. «Souvent ce sont des entreprises plus petites, des gens qui aiment dégarnir et rebâtir. Il faut se donner une mission bâtie sur la patience, prévoir l'imprévu et être capable de trouver des solutions de rechange», dit Alain Rousseau, président de la bannière Réno-Maître de l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec (APCHQ).

En période de pointe, la situation se corse encore plus. Au printemps, difficile de dénicher la main-d'oeuvre pour refaire une toiture. «Les entrepreneurs ont déjà planifié, à l'automne précédent, une série de contrats. Tous ceux qui ont eu des problèmes durant l'hiver s'ajoutent à la liste», dit Mario Villeneuve, conseiller chez CAA-Québec Habitation.

Le printemps est aussi la saison forte pour tous ceux qui se spécialisent dans les réparations à la suite d'infiltrations d'eau, pour les installateurs de systèmes de climatisation ainsi que pour les ouvriers qui réalisent des travaux extérieurs (patio, pavage, aménagement paysager, etc.). Pour des travaux mineurs, on peut faire appel à un ouvrier qui travaille à son compte, sans certificat de qualification. «Si on recule de quatre ans, un travailleur autonome de ce genre demandait 20 à 25 $ l'heure. Maintenant, cela ira jusqu'à 30 $ et même 35 $ l'heure», estime Robert Gamache, de Construction Robert Gamache.

Évidemment, cela ne tient pas compte du travail au noir, qui représente plus du tiers des dépenses officielles en rénovation, selon l'APCHQ.

Les entrepreneurs généraux qui acceptent de faire de la rénovation s'attaqueront à des projets plus complexes. Leurs ouvriers seront payés environ le même prix que dans la construction de maisons neuves, où les salaires sont déterminés par des conventions collectives.

Le salaire horaire des travailleurs dans la construction résidentielle légère (maisons à structure en bois) s'est bonifié de 7,7 % entre 2000 et 2005, passant de 23,32 $ à 25,11 $. Les salaires vont augmenter en moyenne de 3,5 % par année, en 2005, 2006 et 2007. Cette année, un charpentier-menuisier gagne 25,15 $ l'heure. Un électricien, un plombier ou un couvreur gagne 26,41 $ l'heure.

Mais ces prix ne tiennent pas compte des avantages sociaux. «Le menuisier coûte 43,20 $ l'heure quand on inclut la caisse de retraite, les congés, les assurances, etc.», fait valoir l'entrepreneur Pierre Perreault.

Si on ajoute les frais administratifs et la marge bénéficiaire de l'entrepreneur, le client pourrait fort bien payer au-delà de 50 $ l'heure pour un ouvrier.

Et pour certains métiers en forte demande, il y a fort à parier que l'entrepreneur exigera encore plus, comme 60 $ l'heure, et assaisonnera la facture des frais d'équipement, de matériel, de déplacement... Vous demeurez à cinq minutes? Qu'à cela ne tienne, on exige souvent une heure de transport!

Pas réglementée

Par contre, comme le secteur de la rénovation n'est pas assujetti à la convention collective (sauf les travaux d'agrandissement), un entrepreneur pourra décider d'employer un ou deux hommes d'expérience qui seront épaulés sur le chantier par d'autres ouvriers moins qualifiés. «On leur donnera 12 à 18 $ l'heure puisqu'ils n'ont pas l'expérience du chef de chantier», dit M. Rousseau.

Comment savoir si on paie trop cher? Il n'y a pas de secret: magasinez. «Il peut parfois y avoir surenchère. Un travailleur qui a de l'ouvrage du printemps jusqu'en septembre ne parlera pas de la même façon que celui qui veut vraiment faire le travail. Ça se sent», dit M. Rousseau.

Les clés du succès:

> Planifiez vos travaux plusieurs mois à l'avance.

> Faites soumissionner plusieurs entrepreneurs.

> Demandez des références.

> Exigez non seulement un prix global, mais un contrat détaillé qui explique la nature des travaux.

> Prévoyez des clauses en cas d'imprévus qui donneront une fourchette de prix en cas de surprises.