Au pied des plaines d’Abraham, au bord du fleuve Saint-Laurent et à un jet de pierre du Vieux-Québec, ce sont ces atouts qui ont d’abord séduit la propriétaire Diane Beaulieu. Mais une fois à l’intérieur, elle est tombée sous le charme de cette ancienne école, transformée en église avant d’être convertie en immeuble résidentiel.

La Québécoise est établie depuis longtemps à Paris. Elle rendait visite à son père malade en 2010 lorsqu’elle a vu le condo du boulevard Champlain en vente dans un feuillet immobilier distribué à l’hôpital.

« Je me suis imaginée revenir vivre à temps plein à Québec quand je serai à la retraite, raconte Mme Beaulieu, jointe à Paris. Je m’installerais au bout de la table pour écrire en regardant les bateaux sur le fleuve. »

Dans la salle de séjour, la vue est en effet inspirante. Le condo se trouve sur le boulevard Champlain, dans le quartier connu sous le nom de Cap-Blanc. À cet endroit, à environ un kilomètre du Petit Champlain, seules la route et la piste cyclable séparent le bâtiment du fleuve.

Haut de quatre étages, l’édifice de pierre est impressionnant et magnifiquement entretenu. Il est d’ailleurs inscrit au registre du patrimoine bâti de la Ville de Québec. Il a été construit en 1841 à la demande de l’archevêché de Québec. Il a été la première école du Cap-Blanc. Puis, quelques années plus tard, une chapelle a été aménagée à l’intérieur. L’immeuble a ensuite été cédé à la communauté catholique irlandaise qui l’a utilisé comme lieu de culte pendant presque un siècle.

L’édifice a été converti en condo il y a 40 ans, et huit propriétaires l’entretiennent soigneusement. Le logement de Diane Beaulieu se déploie sur deux étages. Le salon et la cuisine se trouvent au premier. La salle de bains et les deux chambres sont au rez-de-jardin.

Un aspect distingue toutefois cette unité des autres : elle se situe dans l’ancienne chapelle du bâtiment.

  • La magnifique porte arrondie est l’un des rares éléments qui rappellent que l’endroit avait été converti en chapelle il y a plus de 170 ans.

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

    La magnifique porte arrondie est l’un des rares éléments qui rappellent que l’endroit avait été converti en chapelle il y a plus de 170 ans.

  • Diane Beaulieu a acheté cet imposant vaisselier en Europe en signe de clin d’œil aux Irlandais qui ont occupé l’immeuble pendant plus de 100 ans.

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    Diane Beaulieu a acheté cet imposant vaisselier en Europe en signe de clin d’œil aux Irlandais qui ont occupé l’immeuble pendant plus de 100 ans.

  • La salle de bains, située au rez-de-jardin, est la seule pièce du condo que la propriétaire a rénovée.

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    La salle de bains, située au rez-de-jardin, est la seule pièce du condo que la propriétaire a rénovée.

  • La cuisine est fonctionnelle et comprend un grand garde-manger.

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    La cuisine est fonctionnelle et comprend un grand garde-manger.

  • L’aire ouverte de la cage d’escalier pourrait être fermée pour agrandir le premier étage.

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    L’aire ouverte de la cage d’escalier pourrait être fermée pour agrandir le premier étage.

  • La marche qui surélève la cuisine du plancher principal est un rappel subtil qu’à cet emplacement se trouvait autrefois l’autel de la chapelle. 

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    La marche qui surélève la cuisine du plancher principal est un rappel subtil qu’à cet emplacement se trouvait autrefois l’autel de la chapelle. 

  • La chambre principale

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    La chambre principale

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Vivre dans une ancienne chapelle

Aucun signe religieux n’a survécu au changement de vocation de l’édifice, mais de subtils détails témoignent encore de son histoire.

« La porte arrondie, c’est l’entrée de la chapelle, explique Mme Beaulieu avec attachement. C’est la seule unité à posséder ce type de porte. La rampe qui mène au sous-sol est aussi typique des églises. »

L’œil non averti du visiteur ne comprend pas non plus pourquoi une marche surélève le plancher de la cuisine de celui de la salle à manger et du salon.

Mme Beaulieu connaît quant à elle la raison : « C’était l’autel de l’église, dit-elle. Ça se poursuit dans le condo du voisin. »

Beaucoup de potentiel

Depuis sa construction au XIXe siècle, le bâtiment de pierre a plusieurs fois été rénové. De grandes galeries de bois ont été installées sur la façade du côté fleuve. Une annexe a été érigée sur le côté ouest pour abriter une sortie de secours. De nouveaux volets ont été installés et peints en rouge.

Mme Beaulieu avoue pour sa part ne pas avoir rénové énormément son logement. Elle a refait la salle de bains qui se situe au rez-de-jardin, mais elle admet que la cuisine pourrait être mise au goût du jour.

« Je ne suis jamais revenue assez longtemps au Québec pour penser aux travaux et je n’ai jamais eu assez de temps pour les faire », raconte-t-elle.

Les possibilités sont toutefois énormes.

L’aire ouverte qui permet d’accéder aux chambres pourrait être fermée avec un plancher. Cela permettrait d’agrandir le premier étage, d’élargir la cuisine ou encore d’ajouter du rangement, estime la propriétaire. Un bureau pourrait également être aménagé dans l’espace reculé de la salle à manger.

Sur les murs de pierre, des détails témoignent des précédents changements dans la configuration des lieux. Parmi eux, l’âtre d’un ancien foyer se trouve toujours sur le mur de l’escalier. Tout près, une autre cheminée est toujours fonctionnelle.

Les poutres de bois qui supportent l’étage sont visibles au rez-de-jardin tout comme dans l’aire ouverte de l’escalier. Dans la salle de séjour, elles sont recouvertes par un magnifique plafond en caisson de bois.

Au sol, les larges planches de pin ne sont probablement pas d’origine, mais elles préservent le caractère historique du lieu. Idem pour les fenêtres à carreaux. En plus d’être très belles, ces dernières sont si épaisses qu’elles amortissent les bruits de la rue. À un point tel qu’il règne un silence monastique dans le condo.

Un quartier en mutation

À l’entrée de l’immeuble, des photos d’archives illustrent qu’avant la construction du boulevard Champlain, la rive du fleuve était tout près. Les navires venaient se ravitailler et mouiller au pied de l’immeuble. Ce trafic nécessitait une main-d’œuvre nombreuse dans le quartier. Le caractère ouvrier du quartier se remarque dans l’architecture de plusieurs maisons, petites et simples. Celles-ci côtoient de magnifiques maisons de pierres, ornées de symboles de navires et de trèfle taillés dans la pierre sur les façades qui rappellent que le Cap-Blanc a longtemps été le quartier des Irlandais.

Mais le quartier change. Les commerces de proximité sont rares mais, situé au pied du Cap-Diamant, l’escalier du Cap-Blanc mène tout droit aux plaines d’Abraham.

« Je suis encore allée voir un concert à pied l’été dernier, relate Mme Beaulieu. On y est en quelques minutes. »

La propriétaire se souvient aussi des feux d’artifice qu’elle observe chaque été sur son balcon.

« On est au cœur du Vieux-Québec, tout en étant loin du brouhaha, ajoute-t-elle. C’est un lieu magique. »

La retraite sonnera bientôt pour cette médecin de profession, âgée de 71 ans, qui ne projette toutefois plus de vivre à Québec. Ses deux filles se sont installées à Montréal et elle n’aura bientôt plus de famille dans la capitale. Elle rêve maintenant qu’une autre personne écrive l’histoire de sa petite chapelle.

Consultez la fiche de la propriété

La propriété en bref

Prix demandé : 599 000 $
Année de construction : 1841
Pièces : 9 pièces, comprenant 2 chambres, 1 salle de bains, 1 salle d’eau, 1 foyer au bois, 1 terrasse, 1 sortie sur le jardin et 1 stationnement extérieur.
Superficie : 1465 pi2
Charges de copropriété : 620 $ par mois
Évaluation municipale : 475 000 $
Bâtiment : 339 000 $
Terrain : 136 000 $
Impôt foncier : 4753 $ par année
Courtiers : Evelyn Péladeau et Bryan Péladeau-Lefebvre