Des propriétaires nous ouvrent les portes de leur demeure d’exception, offerte sur le marché de la revente.

Voici une propriété qu’on peut assurément qualifier de hors de l’ordinaire. Voulant faire table rase des pratiques habituelles en construction résidentielle, les propriétaires ont passé les 13 dernières années à construire la maison de leurs désirs. Un peu excessif ? Oui. Mais assurément étonnant.

Nichée au fond d’un terrain, dans un quartier modeste de Châteauguay, non loin de la rivière, la maison se distingue de ses voisines. Par son architecture et sa forme ennéagonale (à neuf côtés), qui lui donnent des airs de pavillon de vacances, mais aussi par son revêtement en fibrociment, son allée en dalles alvéolées, la clôture de pierres qui l’entoure et la cave à vin extérieure dissimulée sur le terrain, entre autres choses.

Ébéniste de métier, Didier-Alexis Gouriou a enseigné la menuiserie architecturale au collégial avant de prendre sa retraite et de se lancer, avec sa conjointe, Viviane Primeau, dans la construction de cette maison. En 2009, ils ont acheté un terrain sur lequel se trouvait un verger avec de nombreux pruniers et des arbres à maturité. Ils voulaient y construire une maison à leur image, dans laquelle ils pourraient vieillir.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Didier-Alexis Gouriou, propriétaire

« C’était un peu mon rêve de fin de carrière d’utiliser toutes les compétences et les connaissances que j’ai acquises pendant toutes ces années, affirme Didier-Alexis Gouriou. On a fait abstraction de tout ce qui existe et on s’est demandé : “Nous, c’est quoi, notre rêve ?” »

Ils rêvaient d’une maison au design épuré, à l’empreinte écologique faible et qui nécessiterait un minimum d’entretien. Une logique poussée à l’extrême, jusqu’au lit, sans pieds, accroché au mur en porte-à-faux pour faciliter le passage de l’aspirateur.

  • À l’intérieur, l’aire de vie principale est très lumineuse.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    À l’intérieur, l’aire de vie principale est très lumineuse.

  • L’allée a été aménagée en dalles alvéolées, une option plus écologique que l’asphalte.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    L’allée a été aménagée en dalles alvéolées, une option plus écologique que l’asphalte.

  • La réduction et la fonctionnalité sont de mise dans la cuisine. Plusieurs portes d’armoire sont dotées d’un mécanisme d’ouverture électrique et certains éléments sont rétractables.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    La réduction et la fonctionnalité sont de mise dans la cuisine. Plusieurs portes d’armoire sont dotées d’un mécanisme d’ouverture électrique et certains éléments sont rétractables.

  • Le plafond cathédrale d’environ 12 pieds a été recouvert de panneaux architecturaux qui sont agrémentés de lumières à DEL.

    PHOTO TUDOR SPINU, FOURNIE PAR LE COURTIER

    Le plafond cathédrale d’environ 12 pieds a été recouvert de panneaux architecturaux qui sont agrémentés de lumières à DEL.

  • Dans la chambre principale, le lit est fixé au mur et semble flotter dans la pièce. Les tables de chevet sont dissimulées dans le mur, tout comme une porte qui mène à une grande penderie.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Dans la chambre principale, le lit est fixé au mur et semble flotter dans la pièce. Les tables de chevet sont dissimulées dans le mur, tout comme une porte qui mène à une grande penderie.

  • Dans la salle de bains, de l’ébène reconstituée a été utilisée.

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    Dans la salle de bains, de l’ébène reconstituée a été utilisée.

  • Une deuxième chambre, avec lit escamotable, sert d’espace bureau.

    PHOTO TUDOR SPINU, FOURNIE PAR LE COURTIER

    Une deuxième chambre, avec lit escamotable, sert d’espace bureau.

  • L’été, le terrain est verdoyant.

    PHOTO TUDOR SPINU, FOURNIE PAR LE COURTIER

    L’été, le terrain est verdoyant.

  • De nombreux végétaux côtoient les arbres à maturité, mais du gazon synthétique a été posé par les propriétaires pour éviter la tonte.

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    De nombreux végétaux côtoient les arbres à maturité, mais du gazon synthétique a été posé par les propriétaires pour éviter la tonte.

  • Le propriétaire a construit lui-même cette clôture iconoclaste qui rassemble 35 tonnes de roches provenant de l’Ontario.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Le propriétaire a construit lui-même cette clôture iconoclaste qui rassemble 35 tonnes de roches provenant de l’Ontario.

  • Surprise ! Amateur de vin, Didier-Alexis Gouriou a aménagé sa propre cave dans une cavité qui a dû être creusée pour des travaux de canalisation.

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    Surprise ! Amateur de vin, Didier-Alexis Gouriou a aménagé sa propre cave dans une cavité qui a dû être creusée pour des travaux de canalisation.

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« On voulait éliminer tout ce qui n’a pas besoin d’être dans une maison », indique M. Gouriou. Il cite par exemple les poignées qui sont encastrées dans les portes, les plinthes en acier inoxydable, installées en retrait sous les murs de crépi et les moulures, carrément absentes. « Le pur design, c’est beau, mais c’est beaucoup plus de travail. Beaucoup de travail pour la précision. » Et pour la recherche. Par exemple, il aura fallu aux propriétaires six mois pour trouver un placage en érable avec les motifs qu’ils désiraient.

« Sur 13 ans, à peu près 50 % du temps a été consacré à la recherche et au dessin, dit celui qui a aussi réalisé une grande partie de la construction. Je suis allé chercher des formations, surtout la première année. »

Bien que la construction se soit officiellement achevée en 2017, le projet n’a jamais été terminé. Les propriétaires travaillent encore ces jours-ci à sa finition, notamment pour la gestion de l’éclairage qui peut être modulé en différents tons de blanc.

Écoénergétique

Motivé par une démarche écologique, le duo a appuyé ses choix sur les standards des programmes LEED Platine et Passivhaus (maison utilisant peu d’énergie pour être confortable), bien qu’il n’ait pas mené à terme les démarches pour obtenir les certifications officielles. Au-delà du certificat, « ça nous a fait pousser plus loin notre réflexion au niveau de l’écologie ».

Cela se traduit par la récupération d’eau de pluie, laquelle est utilisée notamment pour les toilettes et l’arrosage des végétaux, une optimisation de l’orientation de la maison avec de grandes fenêtres donnant au sud, une structure à double ossature pour éliminer les ponts thermiques, une superficie modeste (environ 1200 pieds carrés) et l’absence de sous-sol – l’habitation étant construite sur une dalle de béton monolithique, chauffée à l’eau chaude.

« En ce qui concerne l’isolation, on voulait quelque chose de très confortable. Même si on s’approche des fenêtres, on ne sent pas du tout le froid. La maison est hyper étanche, tellement qu’on a dû ajouter un système de volets électriques dans la salle mécanique. Quand on démarre l’aspirateur, le ventilateur de salle de bains ou la hotte, les volets s’entrouvrent pour laisser entrer l’air et balancer la pression. »

Un produit de niche

La salle mécanique est une pièce en soi. Les machines s’y entassent. Ici un système de batteries et d’électricité basse tension qui permettent, en cas de panne, une semaine d’autonomie énergétique pour l’éclairage et les équipements d’urgence et pour quelques prises de courant ; là, un ordinateur pour contrôler la domotique et l’éclairage. De quoi dérouter les néophytes, M. Gouriou en est bien conscient.

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La salle mécanique

Même si toutes les procédures sont consignées dans des manuels et qu’il est toujours possible de contacter un technicien en cas de problème, les futurs acheteurs devront à tout le moins aimer les nouvelles technologies. Le style de la maison aussi, puisqu’il s’agit d’un produit de niche.

« Les personnes qui achèteront à la maison devront avoir un coup de cœur. On ne peut pas comparer le prix avec les maisons d’à côté ou avec l’évaluation municipale qui ne prend pas en compte le design et la qualité des matériaux », note Didier-Alexis Gouriou, qui estime avoir investi près de 555 000 $ (1900 factures à l’appui !) pour les matériaux et les honoraires de quelques consultants.

« On n’a pas pensé revente ou retour sur investissement parce qu’on pensait qu’on allait finir nos jours ici. On a voulu se faire plaisir. » Or, la vie les amène ailleurs, sur des chemins différents.

Excessif comme projet, vous pensez ? M. Gouriou est d’accord. « Déjà de nature, je suis un peu excessif, mais là, on s’est vraiment lâchés lousse et c’est trop. À quelqu’un qui voudrait faire pareil, je dirais ne faites pas ça ! Ça a été 13 ans de ma vie à temps plein. J’ai appris beaucoup, j’ai eu beaucoup de plaisir, mais ça use à la longue. »

Incapable de demi-mesures, à la vente de la propriété, le Breton d’origine prévoit de partir sur son voilier. « Quand je quitte ma maison, je ne prends pas un loyer, je n’achète rien, je pars sur mon voilier. Pour combien d’années ? Je ne sais pas. Quand je serai tanné, j’arrêterai de naviguer. C’est triste [de quitter la maison], mais en même temps, la vie continue. »

Consultez la fiche de la propriété

La propriété en bref

Prix demandé : 849 000 $

Superficie habitable : 1205,56 pi⁠2

Superficie du terrain : 14 962 pi⁠2 (ce qui comprend une emprise municipale de 5612 pi⁠2)

Nombre de chambres : 2

Évaluation municipale (2023) : 358 500 $

Impôt foncier (2023) : 4044 $

Taxe scolaire (2023) : 306 $

Description : Maison de plain-pied, autoconstruite dans un souci d’efficacité énergétique. D’une superficie de 1205 pi⁠2, elle compte deux chambres, une salle de bains et une salle d’eau. Plafond cathédrale, climatisation centrale, dalle de béton poli avec chauffage hydroponique, armoires de cuisine laquées et placage de bois tinéo avec des portes à ouverture électrique et des tiroirs à l’anglaise. À l’extérieur, revêtement en fibrociment, potager surélevé, conteneur maritime pour rangement, récupération d’eau de pluie et cave à vin.

Courtier : Nicholas Lefebvre, RE/MAX Platine