Les salons de l’habitation sont des mines d’information. Les visiteurs sont nombreux à déambuler dans les allées dans le but de découvrir de nouveaux produits et d’obtenir des réponses à leurs questions. Alors que le virage écologique peine à s’imposer dans la réno résidentielle, La Presse a demandé à une passionnée de développement durable, la designer d’intérieur Claudia Bérubé, de l’accompagner à l’ExpoHabitation de Montréal, qui se tient jusqu’à dimanche au Stade olympique.

La mission était simple. Il s’agissait de se lancer à la recherche de produits à la fois écologiques et socialement responsables. Cela tombait bien : le volet écologique devait être à l’honneur à l’ExpoHabitation de Montréal. Claudia Bérubé est venue exprès de Québec, où elle veut contribuer à changer les mentalités en tant que conseillère experte en ESG (facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance) auprès des entreprises, au sein de la société Point Cardinal.

Les noms de quelques exposants potentiellement intéressants présentant des produits et des matériaux écologiques avaient été proposés à l’avance. « Les produits peuvent sembler “écoresponsables” à première vue, mais le sont-ils vraiment ? », s’est interrogée l’experte après avoir pris connaissance de la courte liste. Elle connaissait les pratiques d’une des entreprises suggérées, dont elle utilise les produits ménagers. Pour les autres, il était nécessaire de vérifier leurs déclarations environnementales des produits (DEP), s’ils s’avéraient dignes d’intérêt, a-t-elle précisé.

C’est donc l’esprit ouvert, mais le regard aiguisé qu’elle a entrepris la visite de l’ExpoHabitation de Montréal, à son ouverture, jeudi. Il fallait la voir à l’œuvre, posant des questions précises sur les produits qui attiraient son attention, qui affichaient souvent être écologiques ou écoresponsables. C’était leur cycle de vie qui l’intéressait, c’est-à-dire leur fabrication, le transport, leur utilisation et leur entretien, leur durabilité ainsi que leur fin de vie. Aboutiront-ils dans un site d’enfouissement ?

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Claudia Bérubé, designer d’intérieur et conseillère experte en ESG

Le cycle de vie d’un produit est encore un concept très abstrait pour certains et trop peu considéré par la majorité des entreprises.

Claudia Bérubé, conseillère experte en ESG

Pour voir à travers l’écoblanchiment (greenwashing), elle a donc multiplié les questions, n’obtenant des réponses satisfaisantes qu’à deux endroits. Lorsqu’elle était dans le doute, elle sortait son cellulaire et consultait le site web des entreprises à la recherche des fameuses déclarations environnementales des produits, pour vraiment l’éclairer. Elle est restée sur sa faim.

Designer d’intérieur, elle comprend trop bien la difficulté de choisir entre un matériau durable qui n’est pas nécessairement écologique et un matériau écologique qui n’est pas nécessairement durable. D’emblée, elle a éliminé les produits fabriqués en Chine. « On oublie cela, a-t-elle tranché, en examinant un produit pourtant prometteur. Ce n’est pas tant pour la question environnementale, mais pour le côté social. »

Voici donc les deux stands, d’entreprises québécoises, qui ont retenu favorablement son attention.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Claudia Bérubé utilise déjà les produits nettoyants de l’entreprise Myni. Pour la forme, elle a posé des questions à Lili Ménard, coordonnatrice du marketing.

Myni

L’entreprise Myni a été fondée en 2020 par Marie-Hélène David, qui avait déjà une fibre environnementale et a constaté avec horreur que les émanations toxiques des produits ménagers entreposés sous son évier en avaient percé le tuyau. Établie à Québec, elle cherche depuis à offrir des produits ménagers et corporels efficaces, fabriqués avec des ingrédients de source naturelle, biodégradables et ne générant aucun déchet. Sous forme de pastilles, les produits se mélangent avec de l’eau, éliminant l’utilisation de bouteilles de plastique. Les emballages sont compostables.

« C’est difficile de ne pas recommander cette entreprise puisque j’utilise les produits », souligne Claudia Bérubé, en faisant remarquer que tous les aspects du cycle de vie, jusqu’à l’emballage, ont été pris en considération.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Au stand de Premier Tech, Michel Lemieux et Robert Bélanger ont fait bonne impression grâce à la transparence de leurs propos.

Premier Tech

Claudia Bérubé a averti le photographe, arrivé une fois le tour d’horizon effectué : « Les produits ne sont pas sexy. » Ce sont en effet une installation septique (avec le biofiltre Ecoflo comportant de la bourre de noix de coco durable) et un récupérateur d’eau de pluie (Rewatec) qui sont mis en évidence dans le stand de l’entreprise Premier Tech, dont le siège social mondial se trouve à Rivière-du-Loup.

« La gestion de l’eau est une problématique à la grandeur de la planète, indique la conseillère. Il faut faire attention à l’eau, même ici, parce qu’avec les changements climatiques il n’y en aura peut-être pas en aussi grande quantité. »

Elle a aussi apprécié la franchise de Michel Lemieux, retraité passionné de Premier Tech, et Robert Bélanger, coordonnateur du service à la clientèle. « Ils ont pris le temps de nous parler et j’ai aimé la transparence de leurs explications, précise-t-elle. S’ils ne savaient pas quelque chose, ils le disaient. Ils ne racontaient pas de mensonges inutiles. »