Dans une communauté crie de la région Eeyou Istchee Baie-James, dans le nord du Québec, une mine de lithium, dans laquelle le gouvernement du Québec a investi des centaines de millions, doit entrer en production en 2025. Mais à Nemaska, où les installations de la mine sont en chantier, le projet divise la communauté, et selon deux anciens chefs, il n’a jamais reçu l’approbation de la population.

Un projet critiqué

Lorsqu’on écrit le mot « Nemaska » dans un moteur de recherche, la majorité des résultats réfèrent à l’entreprise Nemaska Lithium, qui s’est placée à l’abri de ses créanciers avant d’être en partie rachetée par Investissement Québec au terme d’une aventure qui aura fait perdre des économies importantes à des dizaines de milliers de petits investisseurs.

PHOTO STÉPHANE BLAIS, LA PRESSE CANADIENNE

Le bâtiment qui abrite les bureaux du gouvernement de la Nation crie, à Nemaska

Mais Nemaska, c’est avant tout une communauté crie qui s’est construit un village isolé au cœur de la forêt boréale, à plus de 1500 km de Montréal, et qui partage son territoire avec une riche variété d’espèces typiques des grandes forêts nordiques comme l’ours, le loup, l’orignal ou encore le lynx.

Les forêts vierges qui entourent Nemaska, avec l’abondance du lichen qui y pousse, sont un endroit de prédilection pour les hardes de caribous qui font escale dans le secteur depuis toujours.

Ces écosystèmes fragiles, qui abritent une multitude d’espèces menacées, devront bientôt cohabiter avec de nouveaux visiteurs : chaque jour, une quinzaine de camions lourds transporteront, à travers les territoires de chasse traditionnels, les milliers de tonnes de minerai que compte exploiter quotidiennement l’entreprise Nemaska Lithium à partir de 2025.

Selon les promoteurs, la région possède l’un des plus grands gisements de spodumène au monde, une roche à partir de laquelle est extrait le métal précieux à la transition énergétique et à l’électrification des transports.

Nemaska Lithium se décrit comme une « société qui entend faciliter l’accès à l’énergie verte, au bénéfice de l’humanité ».

La fosse à ciel ouvert de la mine Whabouchi sera située à une trentaine de kilomètres du village de Nemaska, dans le bassin versant de la rivière Rupert, l’un des joyaux écologiques du Québec.

Si l’eau vient à être contaminée par la mine, je ne vois pas comment on peut limiter les dégâts dans la chaîne alimentaire.

Thomas Jolly, ancien chef de Nemaska

Celui qui dirigea Nemaska de 2015 à 2019 souligne l’importance de la pêche pour sa communauté.

Nemaska signifie « là où le poisson abonde », et c’est d’ailleurs en raison du garde-manger que représentent les immenses cours d’eau qui serpentent la région que les Cris ont choisi cet endroit, en 1979, pour y construire une communauté.

« À l’époque, le ministère des Affaires indiennes voulait nous imposer un autre site […] mais c’était partiellement un marécage, on a plutôt choisi de s’établir ici, au sec, dans un endroit où il y a tout ce qu’il faut pour chasser et pêcher. Qui voudrait vivre les pieds dans la boue ? », demande Thomas Jolly, rencontré dans sa communauté, sur la rive du lac Champion.

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Thomas Jolly, ancien chef de Nemaska

Le ton de l’ancien chef devient beaucoup plus sérieux lorsqu’il explique que si sa communauté a dû construire un nouveau village « à partir de rien », c’est parce qu’elle a été « forcée de s’enfuir », « de se séparer » et « d’abandonner », au prix de traumatismes, son village ancestral d’Old Nemaska, au début des années 1970, sous la menace d’être inondé par le projet de barrages d’Hydro-Québec Nottaway-Broadback-Rupert.

L’inondation d’« Old Nemaska » ne s’est toutefois jamais produite, car après avoir étudié diverses options, la société d’État a finalement choisi d’aménager des réservoirs dans un autre secteur.

Mais différents projets d’Hydro-Québec comme le complexe hydroélectrique de La Grande, dans les années 1980, ont entraîné une augmentation du mercure dans des lacs et rivières près de Nemaska, au point où il est recommandé par la Santé publique que les gens ne consomment pas plus que deux poissons par mois de certaines espèces provenant de ces plans d’eau.

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Le projet minier de Nemaska Lithium soulève des inquiétudes chez certains notamment quant à la contamination que pourraient subir des cours d’eau du secteur.

L’un des cours d’eau où la teneur en mercure est la plus haute du secteur, selon la Santé publique, est la rivière Nemiscau, l’endroit choisi par Nemaska Lithium comme effluent minier.

C’est donc dans cette rivière que s’écoulera « le surplus d’eau de drainage du site minier ».

« Quel autre degré de contamination peuvent supporter ces cours d’eau ? », s’interroge Thomas Jolly.

Il explique qu’il se méfie des études de la société minière concernant les impacts que peut représenter l’extraction du lithium sur l’environnement, particulièrement sur l’eau, de la même façon qu’il se méfiait à l’époque d’Hydro-Québec.

Hydro-Québec disait qu’elle ne savait pas que ça se produirait [la contamination au mercure], voyons, comment ça, elle ne savait pas ?

Thomas Jolly, ancien chef de Nemaska

Un « suivi des eaux rigoureux »

La construction de la mine provoquera l’élimination d’un lac et d’un ruisseau, en plus de modifier plusieurs plans d’eau. Au total, « les effets négatifs résiduels anticipés sur le poisson et son habitat » couvriraient un territoire estimé à 54 600 m2, selon l’Agence d’évaluation d’impact du Canada. Nemaska Lithium travaille à mettre en œuvre un plan de compensation pour cette perte d’habitat.

L’approbation de la mine par le gouvernement fédéral vient avec des dizaines de conditions. En entrevue, le directeur Environnement et relations avec les parties prenantes chez Nemaska Lithium, Vincent Perron, soutient que la minière a « un programme de suivi de qualité des eaux très exhaustif et très rigoureux ». Il explique que Nemaska Lithium s’engage par exemple à vérifier, tous les trois ans, « la concentration des métaux lourds dans la chair des poissons ».

M. Perron précise qu’une station de traitement des eaux sera installée afin de traiter « le surplus d’eau de drainage avant son rejet dans la rivière Nemiscau ». Au cours de l’entrevue, il souligne plusieurs fois que l’entreprise veut se démarquer avec « ses standards environnementaux très élevés ».

Des espèces en péril

Selon des documents de l’entreprise, 10 espèces de mammifères à statut particulier – menacés, vulnérables ou en péril – peuvent fréquenter le secteur de la mine, dont le carcajou et le caribou forestier, ainsi que différentes espèces d’oiseaux à statut particulier comme l’aigle royal.

L’Agence d’évaluation d’impact du Canada considère que toutes ces espèces « pourraient être affectées par la perte ainsi que par la fragmentation des habitats ».

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Le caribou forestier, désigné comme espèce vulnérable au Québec depuis 2005, fréquente le secteur de la mine.

Toutefois, l’Agence conclut que les « effets cumulatifs négatifs seraient peu importants compte tenu de la disponibilité des habitats similaires à proximité et de la mise en place des mesures d’atténuation » du promoteur.

Pour Thomas Jolly, peu importe les mesures d’atténuation, « il est évident » que les animaux seront affectés par le dynamitage, l’extraction et le transport du minerai, et il souhaite que les administrateurs de la mine tiennent compte du savoir traditionnel autochtone et pas seulement « de la science des livres » dans la gestion des risques.

Vous, les gens du Sud, lorsque vous parlez d’animaux et de plantes, vous utilisez le mot “espèce”. Nous, on les appelle les éducateurs.

Thomas Jolly, ancien chef de Nemaska

« Il faut écouter les gens qui vivent sur le territoire, qui comprennent le comportement des animaux », car « les animaux réagissent beaucoup plus rapidement que nous lorsqu’il y a un danger ou un changement à l’environnement », poursuit Thomas Jolly, en expliquant que « les éducateurs » seront les premiers à réagir si un problème survient.

Vincent Perron soutient que la mine « mise beaucoup » sur les connaissances des Cris, et que si les habitants de Nemaska observent un changement de comportement « du caribou, de l’orignal ou de l’ours », Nemaska Lithium va « trouver des mesures d’atténuation pour veiller à ce que la situation s’améliore ».

Mais l’ancien chef reste sur ses gardes : « Trouvez-moi une loi du gouvernement canadien ou du gouvernement du Québec qui reconnaît que les connaissances traditionnelles autochtones peuvent être appliquées de la même manière que les connaissances académiques sont appliquées ? »

Une mine verte

Nemaska Lithium veut se positionner comme une référence en matière d’écoresponsabilité.

« Nous serons parmi les producteurs de lithium les plus verts au monde » en privilégiant « l’utilisation d’énergie renouvelable » provenant d’Hydro-Québec, avance le directeur Environnement de Nemaska Lithium, Vincent Perron.

Notre projet aura donc l’une des plus faibles intensités de production en équivalent CO2 dans le monde, émissions de procédés et de transport combinées. Cela représente près de trois fois moins que la moyenne globale dans le monde et plus de six fois moins que la Chine.

Vincent Perron, directeur Environnement de Nemaska Lithium

Mais Thomas Jolly tient à rappeler que l’hydroélectricité n’est pas aussi « verte » que certains l’entendent et il explique que les impacts sur l’environnement des grands barrages sont considérables, en citant les communautés entières qui ont dû quitter leur village en raison d’inondations ou de menace d’être inondés, les territoires de chasse traditionnels qui ont disparu sous l’eau des réservoirs hydroélectriques, l’augmentation des taux de mercure, les rivières harnachées et tous les changements importants que ces bouleversements ont entraînés dans le mode de vie traditionnel des Cris de la baie James.

Le gouvernement québécois a investi des centaines de millions de dollars dans Nemaska Lithium.

Le premier ministre François Legault, qui rêve d’un Québec qui exporterait ses batteries de véhicules électriques partout dans le monde et qui serait un chef de file en matière de transports au XXIe siècle, considère Nemaska Lithium comme « une composante importante de l’économie verte ».

Lorsque l’on fait remarquer à Thomas Jolly que le gouvernement compte sur le lithium qui sera extrait des terres traditionnelles cries pour lutter contre les changements climatiques, après une longue hésitation, il réagit en posant ces deux questions :

« Qui est responsable de la crise climatique ? »

« Est-ce à nous [les Cris] de payer et de souffrir pour ce qu’ils ont fait ? »

Un projet « qui n’a pas l’appui de la population »

Selon Thomas Jolly, la mine de Nemaska Lithium qui s’apprête à ouvrir et dont Investissement Québec est l’actionnaire à 50 % n’a jamais reçu l’approbation de la population.

La décision du conseil de bande d’accepter le projet de Nemaska Lithium a été prise « derrière des portes closes », selon sa version des faits.

PHOTO STÉPHANE BLAIS, LA PRESSE CANADIENNE

En chantier, les installations de la mine Whabouchi prenaient peu à peu leur place, en octobre dernier.

L’entente entre le promoteur et le conseil de bande pour construire une mine sur le territoire a été ratifiée en novembre 2014, à une époque où Thomas Jolly était adjoint au chef.

Il indique que selon les règles, les rencontres du chef et des conseillers doivent être ouvertes aux membres de la communauté, mais que le vote concernant la mine a été organisé « en dehors de la communauté », empêchant ainsi la population de participer à la réunion.

« Nous étions trois conseillers contre le projet et quatre étaient en faveur », alors « quatre personnes ont choisi pour toute la population », raconte-t-il, en ajoutant que « si un référendum avait eu lieu, le projet n’aurait pas été accepté ».

La Presse Canadienne n’a pas pu confirmer avec d’autres membres du conseil de l’époque cette version des faits, et celui qui était chef en 2014, Matthew Wapachee, s’est éteint depuis.

Mais un autre ancien chef de Nemaska, George Wapachee, affirme lui aussi dans un livre intitulé Going Home, paru à l’automne, que la décision d’accepter la mine de lithium « avait été prise sans l’approbation des membres de la communauté ».

Le mariage forcé

Dans les mois qui ont suivi la ratification de l’entente avec Nemaska Lithium, tous les membres du conseil de bande ont perdu leurs élections, à l’exception de Thomas Jolly.

Après ces élections, il est devenu chef et a hérité de la responsabilité d’aider à l’implantation d’une mine sur le territoire de ses ancêtres, alors qu’il n’appuyait pas le projet.

« Je n’étais pas à l’aise avec la situation », explique M. Jolly en précisant qu’il a tout de même accepté de travailler avec les promoteurs pour planifier l’ouverture de la mine, car le contrat était déjà signé.

« La courbe d’apprentissage a été compliquée. Comment préparer quelque chose qu’on n’a jamais prévu ? »

Le projet de mine ne vient pas de la communauté, ça vient d’un développeur qui a eu une idée pour faire de l’argent.

Thomas Jolly, ancien chef de Nemaska

Mais ce promoteur, ajoute M. Jolly, « sera parti dans 25 ans » alors que le territoire « sera changé pour toujours ».

Une communauté divisée

La ratification de l’entente avec Nemaska Lithium a créé beaucoup de division au sein de la population et fait « l’objet de nombreuses critiques de la part de membres de la communauté, qui déplorent ne pas avoir été consultés à son sujet », souligne une thèse de doctorat intitulée « Les dimensions silencieuses de l’acceptabilité sociale en contexte autochtone ».

L’auteure, la doctorante à l’Université Laval Julie Fortin, a assisté aux audiences du Comité d’examen des répercussions sur l’environnement et le milieu social (COMEX) concernant la mine Whabouchi, qui se sont déroulées pendant une journée et demie et qui ont été présidées par l’ancien politicien André Boisclair, en mars 2015 à Nemaska, après la ratification de l’entente. Le COMEX a le pouvoir de recommander, ou non, l’autorisation d’un projet.

La thèse de Julie Fortin souligne que certains participants déploraient « le court laps de temps » pour analyser « une quantité importante d’information ».

Dans un mémoire déposé au comité, une citoyenne du nom de « Theresa S. » a écrit :

« Ils nous bousculent avec ce projet. Pourquoi nos dirigeants placent les membres de la communauté en dernier ? Ils ont déjà accepté ce projet, alors pourquoi venir nous voir si tard ? J’ai une question pour nos dirigeants : pouvez-vous partager avec la communauté quel sera le prochain projet ? »

La thèse de Julie Fortin souligne que la signature de l’entente a provoqué des conflits « de nature politique, générationnelle et identitaire », et « certains individus, qui s’affichent ouvertement contre le projet, subissent des représailles tant verbales que physiques ».

Un outil de développement économique

Si certains membres de la population de Nemaska jugent ne pas avoir été suffisamment consultés par rapport au projet de mine, la porte-parole du conseil de bande Laurence Gagnon soutient que « la communauté fut consultée durant les assemblées générales annuelles en 2011, 2012, 2013, 2014 », notamment.

Dans une entrevue avec La Presse Canadienne, elle indique que la raison pour laquelle le conseil de bande de Nemaska a accepté ce projet, « c’est à 100 % pour les bénéfices économiques ».

La porte-parole précise qu’il est prévu que la communauté reçoive des redevances chaque année : « On parle de plusieurs millions de dollars sur 30 ans pour la communauté. »

Cette somme « retourne [aux] citoyens pour avoir de meilleures infrastructures, de meilleurs services ».

Laurence Gagnon s’occupe des communications pour le conseil de bande, mais aussi pour le chef actuel Clarence Jolly.

Ce dernier faisait partie des élus qui, en 2014, ont voté en faveur de la ratification de l’entente avec la mine.

Sur une période de plusieurs mois, La Presse Canadienne a mainte fois tenté de s’entretenir avec lui pour discuter des impacts de la mine et de son acceptabilité sociale, mais il a décliné toutes les demandes.

Lors de la dernière demande, Laurence Gagnon a justifié le refus du chef en expliquant que la mine de lithium était « un sujet délicat », qu’il préférait « ne pas aborder en période électorale ».

Étonnamment, le chef a proposé de répondre aux questions de La Presse Canadienne après les élections de la communauté, qui auront lieu au mois de février.

De douloureux souvenirs

Lors des audiences du Comité d’examen des répercussions sur l’environnement et le milieu social (COMEX) concernant la mine de lithium Whabouchi, en 2015, de nombreux participants ont fait part du traumatisme causé par la relocalisation de la communauté des décennies plus tôt, comme si le projet de mine de lithium rouvrait des blessures qui n’avaient jamais été guéries.

Au début des années 1970, le gouvernement fédéral, Hydro-Québec et le gouvernement du Québec auraient chassé les Cris de Nemaska de leur territoire ancestral, selon plusieurs témoignages recensés dans le livre Going Home, coécrit par l’ancien chef de Nemaska George Wapachee, paru à l’automne 2022.

Or, le projet hydroélectrique de la rivière Nottaway-Broadback-Rupert a été abandonné et l’inondation de Nemaska n’a jamais eu lieu.

La communauté s’est relocalisée pour « absolument rien », selon George Wapachee.

PHOTO STÉPHANE BLAIS, LA PRESSE CANADIENNE

L’ancien chef de Nemaska Thomas Jolly était adolescent lorsque sa communauté a été relocalisée.

Au printemps 1968, Thomas Jolly avait 15 ans lorsqu’il est retourné chez lui après avoir passé une année scolaire dans un pensionnat, qu’il a décrit « comme un camp de concentration pour enfants ».

Il se souvient d’un avion qui a atterri à Nemaska et de la consigne qu’il a reçue.

On m’a dit que je pouvais apporter un sac avec moi.

Thomas Jolly, ancien chef de Nemaska

La communauté s’est séparée et relocalisée dans un village situé à une centaine de kilomètres de Nemaska et dans un autre à plus de 300 km. Les femmes ont laissé sur place leur machine à coudre, les familles n’ont pu apporter leur canot et des chiens de chasse ont été abandonnés, lit-on dans Going Home, qui recense, en plus de 600 pages, de nombreux récits de citoyens de Nemaska accusant les différents gouvernements d’avoir pressé les Cris de quitter leur village jusqu’à ce qu’ils s’enfuient dans d’autres communautés en 1970.

Dans leurs nouvelles communautés, les gens de Nemaska sont devenus « les plus pauvres des pauvres » et ont vécu dans des « conditions déplorables sans aucun service », en plus d’être « victimes d’abus physiques et verbaux ». Ce n’est qu’en 1977 qu’ils se sont reconstruit un nouveau village.

Une perception différente

En réponse aux accusations des membres de la communauté de Nemaska, le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations Ian Lafrenière a écrit ceci dans un échange avec La Presse Canadienne : « Aujourd’hui, je ne peux vous répondre sur les intentions du gouvernement qui était en place en 1968. Oui, il y a eu un déménagement, mais je ne peux pas vous dire comment ça s’est passé à l’époque… Concernant des allégations des Cris quant au contexte du déménagement, mon équipe et moi collaborons très bien avec la communauté de Nemaska. »

De son côté, Hydro-Québec, par la voix de son porte-parole Francis Labbé, a écrit : « Nous n’avons jamais obligé ou demandé aux Cris de Nemaska de déménager. Il se peut que la perception des évènements diffère selon les versions et nous comprenons ce fait. Il importe de rappeler que le site Old Nemaska n’a jamais été inondé. Il y a eu effectivement des discussions sur une éventualité de projet sur les rivières Nottaway-Broadback-Rupert, au début des années 1970, mais ce projet n’a jamais été concrétisé. »

Quant au gouvernement fédéral, le ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord Canada a indiqué que « si la Nation crie de Nemaska soumet une revendication au Ministère, les responsables travailleront en collaboration avec la communauté pour mener des recherches historiques sur le sujet et régler les différends liés aux terres ».

Le journaliste Stéphane Blais a été soutenu par la Fondation Michener, qui lui a attribué la bourse Michener-Deacon pour le journalisme d’enquête en 2022, afin de documenter les répercussions possibles de l’extraction du lithium dans le nord du Québec. Cet article est le premier d’une série de quatre reportages.