Pourquoi en parler ?
De nouvelles tables, il y en a à la tonne à Montréal ! Si la découverte de nouvelles propositions gourmandes demeure une de nos activités favorites, retourner visiter des restaurants établis depuis longtemps fait aussi partie du travail de critique resto. Ainsi, nous sommes retournées au Chien Fumant. Ouvert depuis 2009 et reconnu pour ses soirées festives, l’établissement a modifié sa proposition gastronomique depuis le retour de la pandémie.
Qui sont-ils ?
Le duo à la tête du Chien Fumant est le même qu’au premier jour : le chef Maksim Morin, et son acolyte derrière le bar, Nicolas Gamache. « Quand on a ouvert le resto, à l’époque, on avait 22, 23 ans, on voulait s’offrir le restaurant qu’on cherchait : ouvert tard pour faire la fête et manger après le travail. Au début, on servait seulement des cocktails, on n’avait même pas de carte des vins ! rappelle le chef-propriétaire. Le Chien Fumant est un peu calqué sur nous, sur nos besoins, et il a suivi notre évolution. » Aujourd’hui, Maksim, qui est là tous les soirs comme Nicolas, n’est plus aux fourneaux, car il veut laisser la place à une nouvelle génération. Il continue à signer les menus, mais le temps du service venu, il s’amuse à se promener en salle avec quelques produits proposés au « guéridon », « mon nouveau fun », dit-il en riant.
Notre expérience
Samedi soir de février, le Plateau est enseveli sous une couche de neige fraîche qui ne semble pas vouloir arrêter de tomber. À travers la tempête, Le Chien Fumant s’offre comme un petit cocon à l’ambiance feutrée et aux lumières tamisées où on s’empresse de s’engouffrer, mon amie et moi.
Comme leur resto, les propriétaires ont vieilli, se sont assagis et leurs goûts ont évolué. Résultat : l’endroit autrefois festif où on pouvait manger et boire jusqu’à tard propose aujourd’hui une formule renouvelée… avec des cuisines qui ferment à 22 h.
On parcourt le menu rapidement, sur lequel un ingrédient noble n’attend pas l’autre – encore une nouveauté, demandée par la clientèle qui a vieilli et s’est raffinée également, semble-t-il. Plusieurs choix de caviars de la Maison Caviari, oursin, bœuf wagyu, côte de veau, bar rayé sauvage, truffe noire… Le tout divisé en « petits » et « plus gros » plats puisant leurs inspirations autant dans la cuisine française classique (blanquette de veau, canard moutarde) que dans d’autres cuisines du monde (pommes de terre chaat masala, donair de flanc de porc…).
Nul doute que ceux qui ont un goût pour le luxe ont l’embarras du choix. Mais nous restons un peu perplexes : que commander et surtout, quelle quantité ? Heureusement, on comprend vite que la carte est davantage un point de départ qu’une finalité en soi, lorsque Nicolas nous suggère fortement de nous laisser tenter par le menu dégustation, qui pourra être adapté à nos envies… et à notre budget.
Au menu depuis des années, le tartare de bœuf à la coréenne est un classique du Chien, présenté façon « bibimpap » avec son jaune d’œuf cru au centre. Le serveur mélange devant nous lanières de filet mignon (bien relevées) et ses accompagnements (riz soufflé, échalotes frites, kimchi…). Un beau jeu sur les textures, des saveurs punchées : c’est un bon départ !
La force de cette table se trouve dans la finesse de l’exécution et la qualité des produits. On sent l’expérience en cuisine derrière chaque création, même si la ligne directrice du menu n’est pas 100 % claire, à part un certain goût pour l’opulence.
Les petits plats se suivent – souvent des demi-portions ou même des quarts de portion – tous très bien travaillés, sans réelle fausse note, mais sans nous surprendre ni nous subjuguer. Le micro-sandwich de bœuf wagyu dans son pain au lait maison avec une petite sauce acidulée fond en bouche ; l’avalanche de truffes noires râpées sur nos gnocchis au ricotta est un plaisir dont on profite à chaque bouchée ; les crevettes du Mexique dodues avec leur beurre blanc et œufs tobiko sont bien apprêtées, les saveurs plutôt subtiles.
Notre coup de cœur : les fromages au guéridon, en fin de repas, avec une sélection assez raffinée, généralement européenne : le Lavort, un lait cru de brebis de Savoie, Crémeux du Jura, Chabibou du Poitou… Les amateurs seront servis !
Dans notre verre
Nous recommandons d’entamer la soirée avec un cocktail de la maison. Quelques déclinaisons de gin tonic ou de martini sont au programme, ainsi que d’autres classiques et des créations de la maison. Nous avons choisi le French 75 (avec du vrai champagne, svp !) et le Paloma, équilibrés et satisfaisants. La carte des vins s’accorde bien au style de l’endroit avec des bouteilles de maisons établies, surtout du Vieux Monde, et des grands crus. Encore là, en optant pour le menu dégustation, vous pourrez laisser à l’équipe le choix de vous proposer des vins au verre pour accompagner vos différents services.
Prix
On ne peut qualifier une soirée au Chien Fumant d’abordable. La lecture du menu donnera des palpitations à certains : Oursin & Palourdes (45 $), Paccheri aux couteaux de mer (50 $), Sandwich wagyu A5 avec caviar (190 $)… qui se retrouvent tous dans la section « Petits Plats ». Ainsi, nous recommandons vivement le menu dégustation, qui commence à 100 $ par personne. Avec ce type de proposition, Le Chien Fumant est davantage un endroit de destination, qu’on s’offre pour une occasion spéciale ou pour se gâter.
Bon à savoir
Le Chien Fumant n’est sans doute pas l’endroit de prédilection pour les végétariens (et encore moins pour les véganes !), même si quelques options sans viande sont proposées. L’endroit est exigu, mais comme il est situé au rez-de-chaussée, il peut accueillir les personnes à mobilité réduite.
Ouvert du mardi au samedi, de 18 h à 22 h.
4710, rue De Lanaudière, Montréal
Consultez le site du restaurant