À travers les bons coups et, parfois, les moins bons, nos critiques de restaurants vous racontent leur expérience, présentent l’équipe en salle et en cuisine, tout en expliquant ce qui a motivé le choix du restaurant. Cette semaine, on vous ramène à Westmount, au Bistro La Franquette.
Pourquoi en parler ?
C’est un peu le hasard, mais surtout l’envie d’essayer deux nouvelles tables dont l’excellente réputation se répand doucement dans l’île qui nous a amenées à Westmount deux semaines de suite. Ma collègue Iris Gagnon-Paradis vous parlait de La Sobremesa et de ses délices ibériques, samedi dernier. À mon tour de vanter la cuisine française généreuse et gourmande du Bistro La Franquette.
Lisez notre critique de La SobremesaQui sont-ils ?
Renée Deschenes et Louie Deligianis sont copropriétaires du restaurant, elle en salle, lui en cuisine. Dans le passé, ils ont fait partie de la grande famille Joe Beef, puis travaillé au restaurant Pastel, avec le chef Jason Morris, aujourd’hui aux commandes de Marcus. Le couple avait envie d’un bistro classique, de plats réconfortants, d’une carte des vins qui en jette et d’une ambiance décontractée. L’occasion s’est présentée dans l’ancien Lavanderia, à côté de Park. Une bonne partie de l’équipe, dont la directrice adjointe Tiffany Golarz, quelques cuisiniers et serveurs, est restée fidèle à La Franquette pendant l’éprouvante première année.
Notre expérience
Après une première tentative de souper à La Franquette en février contrecarrée à la dernière minute par un malheureux « show de boucane » dans la cuisine, nous y voici par un beau samedi soir de la mi-mars. La hotte fonctionne à merveille, l’air de la salle à manger est respirable, l’ambiance est juste assez animée et ma maman et moi sommes déterminées à passer une belle soirée. Ce sera le cas, du début à la fin.
À l’accueil et au service, Renée et Tiffany nous font sentir comme chez nous. Il y a quelque chose de vraiment chaleureux dans leur manière d’être aux petits soins avec leur clientèle. Ce sentiment de « maison » se reflète aussi dans la déco simple, toute de bois foncé et d’œuvres colorées d’artistes locaux.
Nous pourrions nous lancer tout de suite dans le vin, tant la carte fait saliver, mais les cocktails réussissent à détourner notre attention. Nous les sirotons en consultant le menu. Celui-ci fait dans la formule classique « entrée/plat », cinq de chacun, et trois desserts qui sont révélés à la fin du repas. Le choix est assez vite fait. Nous optons pour les deux entrées sans viande, puis pour le loup de mer et l’onglet de bœuf.
La salade, avec ses topinambours, ses lamelles de pomme et ses échalotes croustillantes qu’on mangerait comme des chips, est complémentaire au pavé d’halloumi maison bien grillé et servi avec poivron rôti, balsamique et huile d’olive noire. Certes, le tartare de bœuf, le parfait de foie de volaille ou l’agneau rôti en fines tranches auraient fait plus « bistro français », mais n’ambitionnons pas trop sur la bonne viande.
L’onglet qui suit est suffisamment charnu pour nos appétits d’omnivores à tendance flexitarienne. La réaction de Maillard est incarnée à la perfection dans cette belle pièce de bœuf à la carapace exemplaire, servie en tranches épaisses avec beurre composé. Les frites à tremper dans un aïoli juste assez aillé sont d’un doré profond, taillées « à la belge » et non en allumettes.
Le loup de mer est un plat tout en délicatesse. Le poisson blanc à la peau croustillante est déposé sur des pommes de terre rates qui, elles, baignent dans un coulis de coriandre d’un vert éclatant. Laitue sucrine grillée et salade de fenouil et d’herbes fraîches accentuent encore plus l’illusion printanière.
Il n’était pas question de se passer de dessert. On sait de quelles splendeurs est capable la pâtissière Olive Park, ancienne employée de Patrice Pâtissier, qui travaille à La Franquette depuis le quasi-début. Mais on ne s’attendait pas à une telle finesse ni à un accord aussi parfait entre les ingrédients : poire, pâte phyllo et noix de coco. J’ai pu goûter au gâteau aux carottes étagé le lendemain matin, petite gâterie à emporter. Les parfums entêtés des épices et du sarrasin qui le composent sont atténués par l’onctuosité d’un glaçage au fromage à la crème. Il y avait aussi un délicieux pain au levain de la maison dans mon sac. Si vous en commandez sur place, pendant le repas, vous voudrez probablement acheter une miche en partant.
Dans notre verre
Tommy Stronach prépare des cocktails simples, sans garnitures, inspirés des classiques. Des six proposés, on opte pour un Vesper à l’orange, qui n’a du fameux martini de James Bond que le gin et le Lillet, mais se révèle néanmoins d’une grande élégance. Le faux bourdon (interprétation très libre du Bee’s Knee’s ?) contient de la tequila, de l’amaro, du miel, du gingembre et du citron. C’est un apéritif irréprochable. Le seul regret qu’on puisse avoir, en commandant un cocktail, serait celui d’avoir un verre de vin de moins à s’accorder. On peut picoler à prix raisonnable (50 $) et moins raisonnable (200 $), au verre ou à la bouteille. C’était un soir « bouteille ». Mais comment concilier bœuf et poisson blanc ? On avait envie de rouge, alors Renée nous a fait voyager en Sicile (Marsala), chez Nino Barraco. Son nero d’avola 2017 était peut-être un peu enveloppant pour le poisson, mais sa bouche fraîche de mûres, de poivre et de salinité méditerranéenne donnait envie d’y revenir… souvent !
Bon à savoir
La salle à manger, un espace ouvert aux plafonds très hauts, est au rez-de-chaussée, mais il faut monter à la mezzanine pour les toilettes. Celles-ci ne sont donc pas accessibles aux personnes à mobilité réduite.
Prix
Les entrées coûtent de 16 à 20 $, les desserts autour de 14 $, tandis que les plats varient de 28 $ (pâtes végétariennes) à 45 $ (côtelette de bœuf). Avec des cocktails (16-18 $) et une bonne bouteille de vin, l’addition montera facilement à un minimum de 300 $ pour deux. Pour faire mousser son deuxième service auprès d’une clientèle un peu moins fortunée que celle du quartier, peut-être, La Franquette propose un menu entrée/plat à 45 $, après 21 h.
Information
Le Bistro La Franquette est ouvert du mercredi au samedi, de 18 h à minuit.
374, avenue Victoria, Montréal
Consultez le site du Bistro La Franquette