Des kiwis gros comme des raisins, sucrés comme des bonbons, qu’on mange avec la pelure et qui poussent dans des plants qui peuvent grimper comme des vignes. Non, ce n’est pas une farce ; ça existe pour vrai, ça pousse chez nous, et on peut même en adopter quand on n’a pas la place pour les planter chez soi !

« L’industrie agricole sait que c’est l’un des plus beaux produits émergents du Québec », soutient Michel Larocque, copropriétaire d’O’kiwi ça pousse ici, producteur de plants de kiwis arctiques de la région de Joliette. « Il n’a pas encore de prédateurs connus au Québec, pas de maladies non plus. C’est un gros plus. »

PHOTO NODAR CHERNISHEV, GETTY IMAGES/ISTOCKPHOTO

Les kiwis arctiques sont originaires de Sibérie.

Originaires de Sibérie, où ils poussent de façon rustique, les premiers plants de kiwis arctiques ont été introduits au Québec il y a déjà 40 ans, mais on ne plantait à l’époque que les mâles, pour leurs qualités ornementales. Ce n’est qu’il y a une quinzaine d’années que l’on a décidé de planter aussi des femelles pour pouvoir faire la récolte de fruits. Comme les plants mettent environ 12 ans avant d’atteindre leur plein rendement, on comprend pourquoi c’est encore très difficile d’en trouver au détail.

« Le verger de Tilly, de Saint-Apollinaire, près de Québec, est le plus gros producteur, nous apprend Marie-Michèle Bellemare, associée de Michel Larocque. On va bientôt commencer à en trouver en épicerie, mais je pense qu’on va devoir attendre encore cinq ans avant d’avoir un volume adéquat pour une vente au détail. »

On peut aussi choisir de planter son propre kiwier chez soi – O’kiwi ça pousse ici est l’un des producteurs qui proposent des cultivars particulièrement adaptés à notre climat.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Marie-Michèle Bellemare et Michel Larocque, propriétaires d’O’Kiwi ça pousse ici

La variété Kolomikta est idéale pour les clients résidentiels, elle pousse bien dans des conditions mi-ombragées. Elle produit des fruits après trois ans, on peut en récolter près de 30 kg par année à pleine maturité.

Marie-Michèle Bellemare, copropriétaire d’O’kiwi ça pousse ici

La variété Arguta pousse quant à elle dans les champs et est adaptée pour être en plein soleil. Elle produit après seulement de 4 à 7 ans, mais peut générer jusqu’à 100 kg de fruits. « Dans les exploitations commerciales, on les plante en rangées, montés sur un pied, comme dans un vignoble, mais plus haut, on les tient entre 6 et 8 pi, explique Marie-Michèle Bellemare. Les particuliers peuvent en faire un mur végétal ou les faire grimper à des poteaux. Le plus grand que j’ai vu à Montréal avait deux étages et demi. Et ça vit de 100 à 150 ans ! »

PHOTO FOURNIE PAR LA FERME DU MIHOULI

Les plants de kiwis d’ici sont aménagés dans les champs comme les vignes de raisin.

Adoptez votre kiwier

Comme c’est le genre de plantes dont les racines résistent mal au gel, il n’est pas conseillé de les cultiver en pot, on ne peut donc en garder à la maison s’il est impossible de les planter dans le sol. Mais sachez qu’il est possible d’adopter son propre plant à la Ferme du Mihouli, à Saint-Bernard-de-Lacolle. « Plein de gens nous disaient : ‟Je n’ai pas le temps, je n’ai pas le pouce vert” », nous dit Nadine Gelly, une professionnelle des communications qui a démarré sa ferme avec son conjoint fraîchement retraité du milieu bancaire. « On s’est dit : pourquoi ne pas leur proposer d’adopter un plant de kiwi ? Les gens peuvent donc venir ici entretenir leur plant, mais aussi ceux des autres. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Nadine Gelly et Claude Gagnon, propriétaires de la Ferme du Mihouli

En retour de quoi les parents adoptifs pourront récolter l’équivalent d’un dixième de la production d’un kiwier – on parle d’un minimum de 6 kg de fruits. Lors de la première année d’adoption, les clients vont aussi avoir une place à la Grande Tablée des récoltes, évènement annuel qui sera organisé pour la première fois à l’automne par la Ferme du Mihouli. « Ce sera un lieu d’accueil pour les producteurs du coin et pour les restaurateurs, car on va avoir une infrastructure de restauration pour accueillir des chefs, il y en aura quelques-uns de très connus », affirme Mme Gelly en ajoutant que tous les profits seront versés à la Tablée des chefs, qui lutte contre l’insécurité alimentaire. « L’évènement sera ouvert au public, mais la priorité va aux gens qui ont adopté leur plant de kiwi ; c’est en fait à cette occasion qu’ils vont choisir leur plant. »

Pour Mme Gelly, ce projet représente le meilleur des deux mondes, à cheval entre sa nouvelle vie rurale et sa passion pour le tourisme et la culture. « On a visité plein d’autres producteurs à travers le monde, on a vu leurs immenses entrepôts et on s’est dit que ce n’était pas ça que l’on voulait faire, se remémore-t-elle. Ce qu’on voulait, c’est créer une communauté autour de ce projet-là. »

Et, bien sûr, faire connaître le kiwi d’ici !

Consultez le site d’O’kiwi ça pousse ici Consultez le site de la Ferme du Mihouli