(Rouyn-Noranda) Dominique Anglade, François Legault et Éric Duhaime sont des millionnaires qui peuvent contribuer davantage en payant plus d’impôt, estime le chef parlementaire de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois en s’appuyant sur les bilans financiers des chefs.

« Ces chefs, dans les derniers jours, ont dit que Québec solidaire s’attaquait à la classe moyenne [avec son impôt sur les actifs nets de plus d’un million de dollars et sur les grandes successions]. Moi, je pense que la classe moyenne au Québec n’a pas des millions de mis de côté, et je pense que les gens qui ont des millions de côté peuvent contribuer davantage à la société », a lancé M. Nadeau-Dubois en point de presse à Rouyn-Noranda.

« Moi, que Mme Anglade, M. Legault et M. Duhaime soient des millionnaires, ça ne me dérange pas. Ce n’est pas un problème en soi d’être millionnaire dans la vie. La question qu’il faut se poser, c’est si ces gens-là peuvent contribuer un peu plus à la société parce qu’ils ont un peu plus d’argent », a-t-il expliqué. « La position de QS est claire, on pense que oui. Quand on a plusieurs millions de mis de côté, on a les moyens de mettre un petit 1000 $ par million », a ajouté M. Nadeau-Dubois.

En matinée, les chefs des partis politiques se sont soumis à un exercice de transparence en dévoilant leur bilan financier. Dominique Anglade détient des actifs nets de 12,5 millions de dollars, selon les données qu’elle a transmises aux médias mardi. Les actifs de François Legault s’élèvent de son côté à un peu moins de 10 millions. Éric Duhaime, lui, a déclaré des actifs totaux de 3,74 millions.

Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon et les co-porte-parole de Québec solidaire Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois ferment la marche, en deçà de 500 000 $.

Avant la sortie de Gabriel Nadeau-Dubois, Dominique Anglade a expliqué qu’il est « normal » de dévoiler ses actifs lorsque l’on veut « administrer les taxes et les impôts de tout le monde ». Elle le fait « par souci de transparence ».

« Vous vous demandez ce que ça veut dire sur la personnalité des chefs ? Chacun sera libre de répondre à cette question, mais je peux vous dire ce que ça représente pour moi. J’ai été élevée par deux enseignants, et s’il y a une chose qu’ils m’ont inculquée comme valeur, c’est l’importance de travailler fort, de payer ses taxes et ses impôts, et de faire ce que tu as envie de faire, d’être passionnée par ce que tu fais. C’est ce que j’ai fait dans ma carrière avant la politique. Et je l’ai fait avec succès, et j’en suis fière », a affirmé la cheffe libérale.

Remous

M. Nadeau-Dubois profite de cet exercice pour recadrer sa promesse de réforme fiscale, qui crée des remous dans la campagne de Québec solidaire depuis son annonce la semaine dernière. Il a dû rapidement reculer en écartant les terres agricoles de cet impôt sur la richesse accumulée, et se fait critiquer par ses adversaires, qui l’accusent de taxer la classe moyenne.

Le chef parlementaire réplique que seuls les 5 % les plus riches seront visés par cette mesure, mais les critiques semblent faire mouche. La veille, lors d’une assemblée populaire tenue à Rouyn-Noranda, une militante qui a fait « beaucoup de pointage » a constaté un effet négatif sur le terrain. Elle a demandé à M. Nadeau-Dubois comment il comptait redresser le message. Lors d’un passage récent à Trois-Rivières, une femme avait également souligné à M. Nadeau-Dubois que beaucoup de gens croyaient être touchés par cette mesure.

Celui-ci a rétorqué que son parti ne comptait pas imposer davantage la classe moyenne et les PME. « On n’en entend pas plus parler que d’autres propositions qu’on a faites. Ce dont on entend surtout parler sur le terrain, c’est d’environnement et de changements climatiques. Quand on a des adversaires qui critiquent ces propositions, des gens ont des questions. Des gens ont aussi des questions sur notre plan climat », a dit M. Nadeau-Dubois ce matin.

Gain en capital

Autre critique entendue : lors de la mort d’un citoyen, le gain en capital de ses avoirs liquidés – à l’exception de la résidence principale – est taxé, et le serait encore plus sous un gouvernement solidaire. Il serait donc doublement taxé par un impôt sur la succession, au-delà du premier million.

Le parti réplique qu’il s’agit d’un point de vue idéologique. Il estime que gain en capital est en fait un impôt qui a été « reportée » durant la vie du défunt, et qu’il ne s’agit pas d’un impôt sur la succession. La valeur de la maison, elle, serait basée sur l’évaluation municipale.

Avec Tommy Chouinard, La Presse