(Montréal) La cheffe libérale Dominique Anglade se dit prête à collaborer avec le gouvernement et les autres partis politiques, mais ne confirme pas qu’elle soutiendra une entente pour permettre à Québec solidaire (QS) et au Parti québécois (PQ) d’être reconnus comme groupes parlementaires à l’Assemblée nationale.

Au terme des élections de lundi, seul le Parti libéral (PLQ) a rempli les conditions essentielles pour être reconnu comme groupe d’opposition.

Selon les règles de l’Assemblée nationale, un parti doit faire élire 12 députés ou obtenir 20 % du vote populaire pour être reconnu comme groupe parlementaire officiel. Or, ni QS ni le PQ n’ont rempli l’un de ces deux critères. Ils seront donc privés de cette reconnaissance, à moins qu’un consensus ne se dégage entre tous les partis.

En mêlée de presse, mardi, Mme Anglade a souligné qu’elle prendra volontiers part à des discussions à l’Assemblée nationale à ce sujet, mais elle n’a pas clairement indiqué si elle sera en faveur d’une telle entente.

« Le système qu’on a n’est pas un système qui est parfait ; ça on le reconnaît tous. Ça va faire partie des discussions qu’il va y avoir dans les prochaines semaines certainement, mais la réalité, c’est qu’on est l’opposition officielle », a souligné la cheffe libérale.

« Pendant toute la campagne, les gens se demandaient qui sera l’opposition officielle : nous sommes l’opposition officielle, de manière claire. On a 21 députés qui vont vouloir s’exprimer comme opposition officielle et on va faire ce travail. »

Mme Anglade a assuré que son parti voudra jouer son rôle d’opposition en étant extrêmement ouvert et avec comme objectif de rassembler les Québécois.

Concernant sa collaboration avec le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ), Mme Anglade a une fois de plus affirmé qu’elle serait partante pour rencontrer et travailler avec François Legault, notamment sur la question de l’économie, à la condition que le chef caquiste accepte de reconnaître les problèmes qui touchent ce secteur.

« On a des enjeux qui sont sérieux par rapport à la pénurie de main-d’œuvre, qui frappe de plein fouet des secteurs comme la santé et l’éducation, donc ce sont des secteurs importants qu’on va vouloir regarder », a-t-elle réitéré.

Les libéraux ouverts à changer le mode de scrutin

Le PLQ a réussi à conserver sa place d’opposition officielle à l’Assemblée nationale, lors des élections de lundi, mais il a toutefois vu son nombre de députés passer de 27 à 21.

Sa députation sera malgré tout plus importante que celle de QS (11) et du PQ (3) au Salon bleu, même si ces deux partis ont obtenu plus de votes lors du scrutin. Le PLQ a récolté le plus faible pourcentage du vote populaire de son histoire, à 14,4 %, tandis que QS a obtenu 15,4 % des faveurs et que le PQ a été choisi par 14,6 % des électeurs. La CAQ a fini loin devant, avec 41 % des appuis.

Questionnée à savoir si elle soutiendrait une éventuelle réforme du mode de scrutin – afin de mettre en place un système qui assurerait une meilleure représentativité du vote populaire à l’Assemblée nationale –, Mme Anglade a démontré de l’ouverture.

« Le jour où ce sera dans ma plateforme électorale, ce sera un engagement que je vais tenir », a-t-elle tranché mardi.

Les chances que le mode de scrutin change d’ici la prochaine élection sont toutefois faibles, puisque M. Legault a répété mardi qu’il s’est engagé à ne pas rouvrir ce débat et qu’il n’a aucune intention de le faire.

Un renouveau au sein du parti

Au lendemain de l’élection, Mme Anglade a choisi d’aller à la rencontre des électeurs, dans sa circonscription de Saint-Henri–Sainte-Anne, pour les remercier de lui avoir confié un troisième mandat comme députée.

Sa réélection a été remise en doute au cours de la campagne, notamment en raison de la montée de QS, mais elle l’a finalement emporté avec 36,2 % des appuis.

En après-midi, Mme Anglade a tenu son point de presse devant la station de métro Lionel-Groulx, où elle a croisé certains partisans qui l’ont félicitée pour sa victoire. Quelques personnes se sont approchées pour prendre des photos, tandis que d’autres lui ont rappelé l’importance de tenir tête à la CAQ.

Malgré les résultats peu reluisants de son parti – qui a reçu environ 410 000 votes de moins qu’en 2018 –, Mme Anglade croit que l’arrivée de nouveaux visages permettra à son parti de reconstruire en neuf et viendra donner un nouveau souffle à sa formation.

« J’ai hâte que les gens découvrent les députés qui se joignent à notre équipe. Parce que quand on parle d’un renouveau au Parti libéral, c’est d’eux qu’on parle. »