(Yamachiche) Au surlendemain d’une défaite historique du Parti libéral du Québec (PLQ), de nouveaux élus de la formation politique et des candidats défaits ont tous fait front commun derrière leur cheffe, Dominique Anglade, qui devra bientôt faire face à un vote de confiance.

Ils étaient tous rassemblés mercredi pour un bilan de la campagne électorale dans un motel en bordure de l’autoroute 40, à Yamachiche, en Mauricie.

« Les militants méritent une certaine stabilité. On a vécu beaucoup d’instabilité au cours des dernières années et malgré tout, on a été capable de faire de grandes transformations au sein du parti », a alors indiqué Saul Polo, candidat défait du PLQ dans Laval-des-Rapides.

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Le député libéral Enrico Ciccone, réélu dans la circonscription de Marquette, en marge du rassemblement à Yamachiche, mercredi

Même son de cloche chez tous les autres représentants du parti rencontrés sur place qui souhaitent voir Dominique Anglade continuer d’occuper ses fonctions de chef malgré le résultat décevant de lundi soir.

« Je pense que nous avons une bonne cheffe, elle a mon appui et on va suivre le processus », a affirmé le député de LaFontaine, Marc Tanguay, tout en invitant les militants à appuyer Dominique Anglade.

Selon la constitution du PLQ, si le parti ne réussit pas à former le gouvernement, son chef doit se soumettre à un vote de confiance lors du Congrès du parti suivant immédiatement les élections générales.

Anglade en paix

Candidate défaite dans Verdun par à peine plus de 400 voix, Isabelle Melançon n’a pas voulu lancer la pierre à sa cheffe pour sa décision de terminer la campagne dans le Grand Nord du Québec au moment où plusieurs châteaux forts de l’île de Montréal semblaient en danger.

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Isabelle Melançon, candidate libérale défaite dans Verdun

« Je veux vous dire que les sondages nationaux me mettaient bonne troisième [dans Verdun], et puis loin, à part de ça. Et dans la dernière semaine, c’est drôle, j’ai comme gagné 7 [points de pourcentage]. Est-ce que vous attribuez ça à l’itinéraire [de la cheffe] ? », a-t-elle lancé, encore sous le choc de sa défaite de lundi soir.

Plus tard, lors d’un point de presse, Dominique Anglade s’est dite « en paix » avec sa décision de se rendre à Kuujjuaq dans les dernières heures de la campagne, après un saut de puce à Grande-Rivière et aux Îles-de-la-Madeleine, trois circonscriptions où le parti a terminé au mieux troisième.

Des problèmes d’organisation

Le rassemblement de mercredi a été l’occasion pour l’équipe libérale de revenir sur la dernière campagne électorale. Des candidats défaits y ont notamment pris la parole avant de céder la place au caucus des élus, dont près de la moitié en sont à leurs premiers pas en politique active.

Des problèmes d’organisation ont notamment été soulevés lors des discussions alors que Dominique Anglade s’est retrouvée à plusieurs reprises durant la campagne dans des rassemblements militants dégarnis.

Dominique Anglade a d’ailleurs reconnu que des correctifs devraient être apportés.

Ça ne va pas vous surprendre, on a eu un début de campagne plus difficile et il va falloir faire un post-mortem par rapport à ça.

Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec

La cheffe a également insisté sur l’importance de maintenir « une présence sur le terrain » afin de regagner les appuis des francophones qui ont boudé le PLQ lors du scrutin. « La campagne électorale de 2026, à toutes fins pratiques, elle commence maintenant », a-t-elle également déclaré.

Reconnaissance de QS et du PQ

La cheffe libérale a ensuite refusé de dire si elle était favorable à ce que Québec solidaire et le Parti québécois soient reconnus comme groupes parlementaires, eux qui ont respectivement fait élire 11 et 3 députés tout en récoltant 15,43 % et 14,61 % des votes exprimés (soit plus que le PLQ et ses 14,37 %).

Pour être reconnu comme groupe parlementaire, un parti doit avoir obtenu 20 % des voix ou fait élire 12 députés. Ce statut permet aux partis de l’opposition d’avoir plus de budget et de temps de parole au Salon bleu, notamment. Il peut être accordé à d’autres formations politiques qui ne remplissent pas ces critères si tous les partis reconnus acceptent de façon consensuelle.

Dominique Anglade lie son appui à leur reconnaissance, par le gouvernement, d’une réforme du parlementarisme. « S’il n’y a pas d’ouverture du gouvernement par rapport à une réforme parlementaire, ça va être très difficile », a-t-elle précisé.

Encaissant la pire défaite de leur histoire en proportion des suffrages exprimés, les libéraux de Dominique Anglade sont parvenus à sauver les meubles en nombre de sièges le 3 octobre. Le parti a ainsi conservé le titre d’opposition officielle avec l’élection de 21 députés, plus que jamais concentrés à Montréal.