(Saint-John) Le chef conservateur Erin O’Toole a refusé à plusieurs occasions, jeudi, de dire ce qu’il pense réellement de l’approche du premier ministre Jason Kenney face à la COVID-19 en Alberta, alors que la province fait face à une importante détérioration de la situation épidémiologique.

« Toutes les provinces ont essayé de faire la balance » entre les restrictions de santé publique et l’économie, a simplement offert l’homme de 48 ans lors d’une mêlée de presse en début dans un centre de curling de Saint-John, au Nouveau-Brunswick, alors qu’il était talonné de questions par les journalistes sur l’état d’urgence sanitaire en sol albertain, où le réseau de la santé est de nouveau surchargé.

À quatre jours du scrutin, il a aussi soutenu que les provinces n’ont pas eu « de partenariats solides » avec le gouvernement Trudeau, laissant entendre que les libéraux ont « échoué » à contrôler la circulation du variant Delta, notamment. « Arrêter les vols entre l’Inde et le Canada, arrêter les vols entre l’Iran, entre la Chine », a-t-il dit lorsqu’interrogé à savoir ce qu’il aurait fait pour limiter ce variant.

« On doit être plus prêts dans le futur, avec les tests rapides et des vaccins fabriqués chez nous. Et les provinces méritent un partenaire. Je vais être prêt pour les défis à venir, comme une future pandémie », a insisté le conservateur, sans jamais vraiment répondre aux questions.

Mais jamais, lors de son point de presse, Erin O’Toole n’a dit s’il critiquait la gestion du gouvernement provincial en Alberta, en omettant aussi de dire qui a mieux géré la pandémie entre Justin Trudeau et Jason Kenney selon lui. Il n’a d’ailleurs jamais prononcé le nom du premier ministre albertain, en préférant attaquer son rival libéral à plusieurs reprises. « Je vais travailler avec les provinces. […] On a besoin d’un changement d’un océan à l’autre », a-t-il offert aux médias. Son équipe a même suggéré de suspendre la conférence, avant de se rétracter, alors que des journalistes réclamaient une réponse à leurs questions.

Nouvelles attaques croisées

Plus tôt, jeudi, le chef libéral Justin Trudeau n’a pas hésiter à laisser entendre que la détérioration de la situation épidémiologique en Alberta devrait faire réfléchir les Canadiens qui s’apprêtent à voter au scrutin fédéral, en prévenant que son rival Erin O’Toole pourrait emmener le pays dans la même direction. « Ça ferait du bien d’avoir des voix libérales [dans l’Ouest] », a-t-il notamment soutenu.

« On a une quatrième vague à cause de sa lenteur », lui a rétorqué M. O’Toole à ce sujet, en le taxant de nouveau d’avoir déclenché une élection de façon « totalement irresponsable ». « C’est un premier ministre qui est toujours là pour ses petits amis, mais pas pour les Canadiens », a accusé le conservateur.

En Alberta, mercredi, Jason Kenney a finalement été contraint de faire volte-face en annonçant l’instauration prochaine d’un passeport vaccinal et de mesures de restriction dont il n’avait jamais voulu auparavant en Alberta, disant craindre pour l’atteinte aux libertés individuelles qu’elles engendreraient.

La province a rapporté mercredi 1609 nouveaux cas et 24 décès, alors que 877 personnes sont hospitalisées, dont 218 aux soins intensifs. L’Alberta avait levé toutes ses mesures sanitaires liées à la pandémie il y a plus de deux mois, mais la hausse récente des cas a forcé l’annulation de nombreuses chirurgies.

D’ailleurs, lors de sa conférence de presse mercredi, le premier ministre Kenney avait lui-même avoué que cette décision était une erreur. « La première mission du gouvernement est d’éviter le plus de décès possible. Nous devons affronter la vérité en face », a-t-il dit.

Aînés : une nouvelle prestation proposée

Sur le plan politique, M. O’Toole a par ailleurs réitéré jeudi sa proposition d’instaurer une nouvelle prestation pour les soins aux aînés qui verserait 200 $ par mois, par ménage, à chaque Canadien qui vit avec un parent de plus de 70 ans et qui en prend soin. Pour ceux qui souhaitent adapter leur logement pour garder un proche aîné avec eux, par exemple en installant un monte-personne ou des rampes d’accès, le chef conservateur suggère de faire passer le crédit d’impôt pour l’accessibilité domiciliaire de 10 000 $ par logement à 10 000 $ par personne. Il veut aussi que le crédit d’impôt pour frais médicaux puisse être réclamé pour les aînés vivant à la maison, et non uniquement à ceux qui vivent dans une résidence pour aînés. Quant aux CHSLD et autres résidences de soins de longue durée pour aînés, il veut investir 3 milliards au cours des trois prochaines années pour les rénover.

La Presse Canadienne