(Ottawa) Malgré la défaite et un nombre de sièges jusqu’ici moins élevé qu’en 2019, le chef conservateur Erin O’Toole n’entend pas plier bagage. Il veut toutefois « examiner » sa campagne de très près et « tirer des leçons » pour augmenter ses appuis à travers le pays, particulièrement dans les grandes villes et les banlieues.

« Je suis déçu que nous ayons perdu des députés. On doit examiner notre campagne, chaque aspect, pour s’améliorer pour la prochaine fois. On doit gagner la confiance des Canadiens. Comme leader, je vais travailler avec tous les membres du caucus et du parti pour tirer des leçons », a martelé mardi M. O’Toole lors d’une conférence de presse depuis son studio d’Ottawa, moins de 24 heures après que les Canadiens eurent de nouveau élu un gouvernement libéral minoritaire.

L’homme de 48 ans dit « déjà avoir commencé à regarder ce qui a bien été et ce qui a mal été » pour revenir plus fort. « Je suis clairement déçu, et tous nos membres le sont aussi, qu’on en soit au statu quo », a-t-il dit, faisant référence au fait que le portrait du Parlement est pratiquement le même qu’à la dissolution.

« Dans environ 30 circonscriptions, nous étions à 2000 voix des libéraux. Nous nous dirigeons vers la victoire la prochaine fois », a enchaîné le conservateur en se montrant convaincu que la prochaine fois sera la bonne pour son parti. « On doit grossir notre mouvement, particulièrement dans les grandes villes et les banlieues », a-t-il toutefois reconnu en parlant de Toronto, de Vancouver et du Québec, notamment.

Nous n’avons pas eu les résultats que nous espérions, mais je suis fier de notre équipe qui a maintenu les libéraux à une minorité.

Erin O’Toole, chef conservateur

De nouvelles attaques envers Bernier

Si, tout au long de sa campagne, M. O’Toole cherchait à éviter à tout prix de prononcer le nom de Maxime Bernier et du Parti populaire du Canada (PPC), craignant de leur donner encore plus d’importance, cette position a clairement changé dans les derniers jours. À son dernier rassemblement, dimanche, il avait soutenu que « Justin Trudeau veut que vous divisiez le vote en votant pour le PPC ».

Mardi, il est allé encore plus loin, affirmant être particulièrement mécontent par les résultats « dans les circonscriptions où on a vu des votes par frustration avec le PPC ». « Seulement M. Trudeau et M. Bernier ont utilisé la pandémie pour faire des gains politiques », a-t-il aussi lâché à ce sujet.

Même s’il n’a fait élire aucun député, Maxime Bernier avait souligné lundi soir que le nombre de votes récoltés par son parti en fait « le seul vrai parti d’opposition ».

« Aujourd’hui, nous avons fait l’histoire. La politique canadienne sera changée à tout jamais », a-t-il déclaré devant ses militants en Saskatchewan. Son parti a récolté un peu plus de 5 % des votes, contre moins de 2 % en 2019, selon des résultats encore préliminaires.

Mais M. Bernier n’a pas réussi à se faire élire en Beauce, où il a été de nouveau vaincu par le conservateur Richard Lehoux. Erin O’Toole, lui, a reconnu mardi que son parti devra « combler ces petits écarts », faisant ainsi directement un lien avec les troupes de Maxime Bernier, qui semblent lui avoir volé des votes précieux dans certaines circonscriptions.

« Je suis le chef »

Il ne sera peut-être pas premier ministre, mais le chef conservateur n’entend pas partir pour autant. Interrogé à savoir comment il justifiait sa volonté de rester – alors qu’en 2019, Andrew Scheer avait obtenu 121 sièges, mais s’était tout de même retiré –, le principal intéressé s’est fait assez évasif.

« Je suis le chef du parti qui a fondé ce grand pays. Et j’en suis vraiment fier. Nous nous sommes rapprochés dans de nombreuses régions du pays, mais pas assez. La prochaine fois, nous le ferons. Et nous devons être prêts », a-t-il simplement offert, réitérant au passage que les conservateurs forment plus que jamais « un parti moderne et ouvert ». « Je viens de finir une campagne. Et on a connecté avec les milliers de Canadiens. Nous sommes ici pour le bien-être de tous les Canadiens », a-t-il insisté.

Dans un discours lundi soir, devant ses militants à Oshawa, M. O’Toole avait déjà soutenu que son parti devra « continuer de grandir », s’il veut prendre le pouvoir aux prochaines élections fédérales, en laissant clairement entendre que le travail pour recentrer la formation « n’est pas terminé ». « Nos meilleurs jours sont à l’horizon. Nous devons guérir les divisions au Canada, ne pas risquer de les aggraver pour des jeux égoïstes », avait-il encore insisté, sur un ton malgré tout très optimiste.