(Chibougamau) Au neuvième anniversaire de l’attentat contre la première ministre Pauline Marois, le chef bloquiste Yves-François appelle ses adversaires à durcir leurs engagements contre la possession et le trafic d’armes à feu.

M. Blanchet, qui a été ministre dans le gouvernement Marois, accroît ainsi la pression dans le débat sur les armes à feu qui plombe la campagne électorale du chef conservateur Erin O’Toole.

Ce dernier a promis jeudi de maintenir l’interdiction sur les armes d’assaut, bien que sa plateforme électorale indique noir sur blanc la volonté du parti d’abolir la loi C-71 et le décret de mai 2021 interdisant certaines armes à feu et certains dispositifs au pays.

Appelé à commenter en mêlée de presse à Chibougamau, le chef bloquiste Yves-François Blanchet a rappelé les évènements d’il y a exactement neuf ans au Métropolis de Montréal. Le 4 septembre 2012, la cheffe péquiste Pauline Marois, tout juste élue première ministre, avait échappé aux tirs de Richard Henry Bain, qui a néanmoins fait une victime, un technicien de scène.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Richard Henry Bain, le soir du 4 septembre 2012

« Dans le contexte du dossier des armes à feu, je veux mentionner que c’est le neuvième anniversaire de l’attentat contre Pauline Marois », a dit M. Blanchet. Après un long silence, il a enchaîné : « J’invite les partis à vraiment considérer les mesures nécessaires. »

Le chef bloquiste a assuré que son parti a joué un rôle exemplaire sur l’enjeu du contrôle des armes à feu, contrairement, selon lui, à ses opposants libéraux et conservateurs.

Il a rappelé qu’il réclame notamment le rachat obligatoire, et non facultatif, des armes d’assaut en circulation. « La conversion des libéraux à cette mesure » a été tardive, a-t-il déploré.

En outre, M. Blanchet exige de la « clarté » de la part d’Erin O’Toole.

Le chef conservateur a affirmé qu’il maintiendrait l’interdiction des armes d’assaut, mais à l’opposé, son programme électoral indique qu’il abolirait « le projet de loi C-71 (sur les armes) et le décret de mai 2020 ».

Le décret de mai 2020 du gouvernement libéral a interdit la possession de neuf types « d’armes à feu de style armes d’assaut ». Le Ruger Mini-14, qui est celui utilisé dans la tuerie de Polytechnique, fait partie de la liste.

Le Bloc soutient toutefois que le décret qui interdit au total 1500 armes d’assaut « comporte d’importantes failles », car un certain nombre d’armes d’assaut demeurent tout à fait légales.

Une journée en sourdine

Le chef du Bloc a mené une journée de campagne en sourdine en ce samedi du long week-end de la fête du Travail. Il a fait beaucoup de kilométrage, mais aucune nouvelle annonce. Sa caravane est partie de Roberval en matinée et devait terminer son parcours à Val-d’Or en soirée.

Il a visité une immense serre à la fine pointe de la technologie à Saint-Félicien en matinée, tandis qu’en après-midi, il s’est arrêté chez un producteur agricole isolé au nord de Chapais.

À Saint-Félicien, la serre Toundra s’est plainte à M. Blanchet des nombreuses tracasseries que lui fait subir le gouvernement fédéral.

« C’est incroyable, la paperasserie et la complexité du programme de travailleurs étrangers », a commenté le président de l’entreprise, Éric Dubé, qui accompagnait M. Blanchet au cours de la visite des installations immaculées et futuristes.

Il dénonce les embûches dans le processus d’obtention de travailleurs étrangers temporaires. Le producteur de concombres a aussi déploré le refus du fédéral d’accorder des prêts pour l’expansion de l’entreprise.

« Ottawa n’a pas une pensée compétente » en économie, a renchéri M. Blanchet.

« La bureaucratie domine la nécessité d’efficacité en termes économiques », a-t-il poursuivi.

Le chef du Bloc, qui ne manque jamais une occasion de dénoncer le gouvernement canadien, a laissé entendre qu’il ferait écho aux récriminations de l’entreprise.

Le gouvernement libéral sortant a pour sa part fait valoir qu’une entente Québec-Ottawa a été conclue en août dernier, en vue de pouvoir accroître le nombre de travailleurs étrangers que les entreprises pourront accueillir.

« Encore une fois, le Bloc nie l’évidence pour tenter de justifier sa pertinence, a confié une source libérale à La Presse Canadienne. La réalité, c’est que […] l’équipe libérale a prouvé sa volonté et sa capacité de livrer des ententes asymétriques qui répondent aux besoins et aux demandes du Québec. »

M. Dubé a néanmoins rendu hommage à l’ancien ministre fédéral conservateur Denis LeBel et à l’ancien premier ministre du Québec Philippe Couillard, sans qui la serre n’aurait pas vu le jour, a-t-il laissé entendre.

La serre Toundra est une immense installation de 27 hectares. L’exploitation agricole, qui emploie 170 personnes, a nécessité des investissements de 175 millions jusqu’à maintenant et elle prévoit d’autres phases d’expansion.

À terme, Toundra produira 150 millions de concombres par an. Elle prévoit d’autres phases d’expansion, en plus d’élargir sa production éventuellement à d’autres légumes, comme des haricots et des poivrons.