Après avoir d’abord voulu rester neutre sur le troisième lien dans la région de Québec, le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet s’est dit « convaincu » mardi que le projet peut être « écologique », se montrant plutôt favorable à sa réalisation.

« Je vais vous faire une confidence. J’aurais aimé ça être dans le projet et qu’on me demande si je suis capable de rendre ça le plus écologique possible, parce que je suis convaincu que ça peut l’être, et que Québec est parfaitement conscient que ce projet-là a un potentiel positif en termes d’environnement », a expliqué M. Blanchet lors d’une conférence de presse tenue mardi matin à Pont-Rouge, en banlieue de la capitale, où il fera campagne durant une partie de la journée.

« Je ne l’haïs pas », a-t-il ensuite dit lorsqu’interrogé à savoir s’il aimait l’idée d’un troisième lien entre Québec et Lévis, du moins dans sa forme actuelle.

Le bloquiste s’est ensuite mis dans la peau d’un résidant de Lévis ou de Montmagny pour illustrer son point. « Il faut que je me rende au centre-ville de Québec. Il y a un projet qui dit : je vais te couper une heure de route, que je le fasse avec du transport collectif ou avec mon auto. Et on dit sur des bases qui relèvent souvent de l’idéologie : non, tu n’y auras pas droit. Ça me rend assez sensible aux arguments de la Rive-Sud », a-t-il dit.

M. Blanchet est aussi revenu sur la position du gouvernement Legault, qui a demandé début août à Ottawa de financer 40 % de la construction du troisième lien. « Si Ottawa ne veut pas procéder, ils devront s’expliquer. Mais c’est clair que tout relève de Québec. Les évaluations environnementales, l’acceptabilité sociale, les consultations publiques, la demande de 40 %. Qu’Ottawa mette l’argent dans une enveloppe, et envoie l’argent à Québec », a-t-il revendiqué.

Dans les rangs néo-démocrates, le chef adjoint Alexandre Boulerice a martelé en après-midi que « le Bloc québécois est complètement déconnecté de la réalité ». « Comment peut-il se dire écologiste et engagé dans la lutte contre la crise climatique s’il est prêt à financer une autoroute à six voies sous le fleuve ? Le Bloc est une vraie girouette et fait clairement la démonstration qu’il n’est pas mieux que les libéraux en matière de lutte contre les changements climatiques », a-t-il fustigé.

De neutre à favorable

La sortie d’Yves-François Blanchet contraste avec les propos qu’il avait d’abord tenus en début de campagne. Pas plus tard que lundi dernier, il affirmait en effet que son parti « n’a pas à avoir d’opinion sur le troisième lien », en soutenant toutefois là encore « que les Québécois ont élu un gouvernement à Québec, que ce gouvernement-là va arriver avec des projets et que le fédéral n’a pas à intervenir ».

Le tout survient alors que la semaine dernière, les conservateurs d’Erin O’Toole ont promis d’injecter des milliards de dollars d’argent fédéral dans un tunnel entre Québec et Lévis s’ils remportent l’élection du 20 septembre. Selon le parti, qui se dit déjà prêt à éponger 40 % de la facture, le troisième lien n’engendrera pas davantage de pollution.

« C’est fini, la guerre à l’auto », avait alors lancé le député sortant de Charlesbourg–Haute-Saint-Charles, Pierre Paul-Hus. C’est un projet que veulent les gens de Québec, qui favorisera le développement économique et la mobilité de tout l’est du Québec. »

Selon les estimations du gouvernement, la facture totale du troisième lien pourrait frôler les 10 milliards, si bien sûr l’État évite les dépassements de coûts. Un récent sondage commandé par la Chambre de commerce de Lévis – très favorable au projet – indiquait que 59 % des citoyens de Québec étaient en faveur de la construction du tunnel. L’appui au projet s’effrite toutefois à chaque nouveau sondage.