(Québec) Le chef du Parti conservateur a « tendu » la main aux Québécois dans un discours aux accents nationalistes, mercredi, promettant un « fédéralisme de partenariat » dans une tentative évidente de ravir des votes au Bloc.

Dans une allocution livrée à l’aéroport Jean-Lesage de Québec en début de soirée, Erin O’Toole a voulu prendre ses distances de son prédécesseur. Andrew Scheer n’avait réussi à faire élire que 10 députés au Québec au scrutin de 2019.

« Par le passé, je sais que vous avez hésité à nous faire confiance. Le Parti conservateur n’a pas toujours été clair concernant sa position sur les enjeux sociaux. Je veux être très clair avec vous. Je suis pro-choix. Et j’ai toujours été pro-choix », a lancé Erin O’Toole.

« Je crois aussi aux changements climatiques », a ajouté l’homme de 48 ans, natif de Montréal.

Dans un discours concis, mais direct, il a promis un nouveau contrat aux Québécois. Les conservateurs entendent d’ailleurs envoyer par la poste un contrat symbolique dans les chaumières québécoises.

« Au cours des prochains jours, vous allez recevoir mon contrat par la poste. Je vous invite à le lire et à me faire confiance », a lancé l’homme.

Cette « main tendue » au Québec s’accompagne de plusieurs promesses. Le programme conservateur prévoit l’application de la loi 101 aux entreprises à charte fédérale, une déclaration de revenus unique pour les Québécois, la fin du financement fédéral des contestations judiciaires de la loi 21, une plus grande autonomie au Québec en matière d’immigration…

Les conservateurs promettent aussi de protéger la représentation du Québec à la Chambre des communes lorsque de nouvelles circonscriptions sont créées.

« Trop longtemps, les politiciens fédéraux vous ont parlé de fédéralisme d’ouverture. Il faut aller plus loin, dit-il. Un gouvernement conservateur va instaurer un fédéralisme décentralisé et fondé sur le respect : le fédéralisme de partenariat. »

« Mon message pour vous est clair : tous les nationalistes du Québec sont les bienvenus au Parti conservateur », a lancé le chef conservateur, entouré de ses candidats dans la région de Québec.

La veille, mardi, les conservateurs avaient également promis d’éponger 40 % de la facture d’un futur tunnel autoroutier Québec-Lévis. Le coût total du projet pourrait atteindre 10 milliards de dollars, selon le gouvernement de François Legault.

Un flou sur les garderies

Il sera maintenant intéressant de voir si l’appel d’Erin O’Toole aux nationalistes viendra gruger les appuis bloquistes.

Le chef du Bloc québécois a dit cette semaine que le Parti conservateur n’avait aucune chance de défaire les libéraux.

« La course au Québec sera une course entre les libéraux et le Bloc québécois », a assuré Yves-François Blanchet. « Les gens qui peuvent empêcher les libéraux de faire les gains, qui peuvent enlever des comtés aux libéraux, ce sont les bloquistes. »

Quoi qu’il en soit, la journée des conservateurs à Québec avait commencé avec moins de punch qu’elle ne s’est terminée. M. O’Toole était resté flou en matinée sur une promesse phare de son parti, celle de rembourser une partie des frais de garde d’enfants.

Les conservateurs proposent de rembourser jusqu’à 75 % des frais de garde s’ils sont élus. Mais le Québec a déjà son système de centres de la petite enfance (CPE). Les Québécois paient généralement moins cher qu’ailleurs au pays.

Avec le plan conservateur, les Québécois laisseraient-ils « de l’argent sur la table », comme le veut l’expression ? M. O’Toole et ses candidats ne se sont pas avancés sur une possible compensation pour le Québec.

« On aura l’occasion de revenir là-dessus. La campagne va encore durer 33 jours », a promis le député sortant de Louis-Saint-Laurent, Gérard Deltell.

Rappelons que les libéraux proposent de créer un réseau similaire à celui du Québec dans les autres provinces, à 10 $ par jour.

Pour compenser le Québec, Justin Trudeau a promis de verser 6 milliards au Québec sur cinq ans, que François Legault dit vouloir réinvestir en grande partie pour créer des places subventionnées et améliorer les conditions de travail des éducatrices.

Quelque 51 000 enfants québécois attendent toujours une place subventionnée.