(Peterborough) Au dernier jour d’une semaine de campagne difficile, samedi, Andrew Scheer était visiblement peu enclin à aborder le sujet de la candidate conservatrice expulsée la veille pour ses propos homophobes.

À la sortie du festival des récoltes de Newcastle, en Ontario, les journalistes ont tenté de questionner le chef conservateur à propos de Heather Leung, son ancienne candidate dans la circonscription de Burnaby Nord-Seymour, en Colombie-Britannique.

« Comme vous le savez, la candidate a été renvoyée de notre campagne », a déclaré M. Scheer, en pressant le pas vers son autocar.

Dans une vidéo publiée sur YouTube en 2013, Mme Leung avait laissé entendre que les membres de la communauté LGBTQ cherchent à « recruter » des enfants. Dans une autre vidéo qui remonterait pour sa part à 2016, Mme Leung traite de ce qu’elle décrit comme leurs « préférences sexuelles perverties ».

Le Parti conservateur a annoncé vendredi soir qu’elle s’était fait montrer la porte pour ses « commentaires offensants ».

L’équipe de campagne de M. Scheer ne l’a pas rendu disponible aux médias samedi. Les journalistes ont donc dû le talonner à travers un stationnement pour lui poser leurs questions.

M. Scheer leur a répondu qu’il avait confiance dans le processus de sélection des candidats de son parti. « Nous demandons à nos candidats d’être ouverts et francs, a-t-il déclaré. Et lorsque nous prenons connaissance de choses inappropriées, nous prenons les mesures qui s’imposent. »

Les conservateurs ont présenté cette semaine des engagements électoraux importants en matière de politique étrangère et de lutte contre la violence armée, mais M. Scheer a dû investir beaucoup de temps et d’énergie à défendre ses propres croyances et son parcours personnel.

M. Scheer a notamment dû expliquer pourquoi il n’avait jamais fait mention de sa double nationalité, obtenue par le biais de son père né aux États-Unis et à laquelle il compte renoncer.

Le chef conservateur avait passé tout le début de la campagne — y compris un laborieux débat des chefs lundi soir — à maintenir un flou autour de sa position personnelle sur l’avortement. Il a finalement admis mardi qu’il est « pro-vie », mais il a réitéré que s’il est porté au pouvoir, son gouvernement ne restreindrait pas l’accès à cette procédure au Canada.

Plus tôt samedi, M. Scheer a eu droit à un moment d’accalmie. Il était l’invité d’honneur à l’inauguration de ce qui a été décrit comme le plus grand temple bouddhiste en dehors de la Chine.

Le chef conservateur a été chaleureusement accueilli par des centaines de fidèles assistant à cette célébration, au sud-ouest de Peterborough. Le grand temple en bois du jardin bouddhiste de Wutai Shan, avec son toit doré, surplombe une région rurale vallonnée, où sont déjà apparues les couleurs d’automne.

Le président du temple, Dayi Shi, a traduit le nom de famille de M. Scheer en chinois, associant son patronyme avec un « esprit calme » et la « sagesse ».

Lors de son allocution, M. Scheer a souligné que ce nouveau lieu de culte, qui est encore partiellement en construction, sera « le plus grand temple bouddhiste en Amérique du Nord et le plus grand au monde en dehors de la Chine ».

Il a également promis que si son parti forme le gouvernement, il « défendra la liberté de religion ici comme à l’étranger […], nous protégerons la liberté de conscience, de pensée et de croyance en tant que droits fondamentaux ».

La campagne conservatrice devrait faire relâche dimanche, avant de reprendre le collier lundi en vue du débat des chefs en anglais, à Ottawa.