(Montréal) À la veille d’une importante marche sur le climat à Montréal, le Parti vert du Canada a prévenu qu’il n’appuierait jamais un gouvernement minoritaire sans plan crédible et vérifiable en matière d’environnement.

Cela comprend notamment la promotion de projets liés aux énergies fossiles comme l’expansion de l’oléoduc Trans Mountain, a expliqué la chef de la formation politique, Elizabeth May, jeudi, de passage dans la métropole, où elle a également estimé que les surplus d’Hydro-Québec devraient servir à approvisionner les autres provinces plutôt que le marché américain.

« Nous sommes prêts à défaire n’importe quel gouvernement lors d’un vote de confiance sur le discours du Trône, même si cela signifie (que les électeurs) doivent retourner aux urnes », a-t-elle lancé en conférence de presse.

L’avertissement de Mme May survenait alors que plusieurs sondages suggèrent que le Parti libéral du Canada (PLC) et le Parti conservateur du Canada sont au coude-à-coude dans les intentions de vote, ce qui pourrait se traduire par l’élection d’un gouvernement minoritaire.

Mme May a affirmé que son parti ne pourrait « jamais accepter » un gouvernement qui n’affiche pas d’engagement profond à l’endroit des cibles du rapport publié en octobre 2018 par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat suggérant de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius.

« Donc, pour la question d’un gouvernement minoritaire, (ça serait) un très court gouvernement minoritaire sans un engagement d’agir immédiatement », a dit la chef des verts.

Interrogée, elle n’a pas voulu spéculer sur l’approche qu’elle adopterait si on lui demandait son appui en échange d’un poste clé ou d’un ministère dans le cadre de la formation d’un gouvernement de coalition, qualifiant la question d’hypothétique.

L’hydroélectricité du Québec

Elle a fait le point sur le rôle que le Québec pourrait jouer dans la stratégie des verts visant à réduire de 60 % les émissions de gaz à effet de serre du pays d’ici 2030, soit par la mise sur pied d’un réseau électrique pancanadien.

Afin que « toute l’électricité » du pays soit renouvelable d’ici 2030, le Parti vert souhaite un « réseau électrique national », un projet qui pourrait venir court-circuiter les ambitions d’exportations d’Hydro-Québec aux États-Unis.

La formation politique a notamment suggéré que les surplus de la société d’État puissent servir à approvisionner les autres provinces. La question du prix offert à Hydro-Québec par le parti n’a pas été abordée.

Invitée à préciser son approche à l’endroit de la société d’État alors qu’elle a un contrat ferme d’approvisionnement avec le Massachusetts et qu’elle souhaite signer d’autres ententes similaires, notamment avec la Ville de New York, Mme May a affirmé qu’il faudrait négocier.

« Négocier les contrats qui existent maintenant, parce que nous sommes dans une situation d’urgence climatique, a-t-elle répondu. Ce n’est pas acceptable de dire à nos enfants “désolé, il y a des contrats et ce n’est pas possible de renégocier les contrats pour protéger votre avenir”. Ce n’est pas acceptable. On doit faire des efforts sans précédent. »

La chef des verts a convenu qu’il serait nécessaire d’en discuter avec le premier ministre québécois François Legault, ajoutant que ce dernier comprenait que nous étions dans une situation « d’urgence climatique ».