(Halifax) Le Parti vert a présenté mercredi matin une version chiffrée de sa plateforme électorale.

À Halifax, Elizabeth May s’est félicitée d’être la première des leaders des partis principaux à se prêter à pareil exercice. Elle a ainsi détaillé ce qu’un gouvernement vert dépenserait et où il trouverait ses revenus.

Ses chiffres ont été vérifiés par le Directeur parlementaire du budget, qui s’est penché sur les 24 promesses les plus coûteuses du Parti vert.

Mme May qualifie ses promesses d’« audacieuses ». Elle prévoit néanmoins qu’un gouvernement vert arriverait à un budget équilibré en cinq ans.

« Dans un esprit de responsabilité et de transparence, nous invitons les Canadiens à examiner nos propositions de recettes et de dépenses », a-t-elle offert.

Elle croit pouvoir trouver tout l’argent nécessaire pour réaliser sa plateforme en réduisant les échappatoires fiscales et en mettant fin aux subventions aux entreprises pétrolières et gazières et aux grandes sociétés.

Elle calcule que la fin des échappatoires fiscales rapporterait 5 milliards aux coffres de l’État. L’annulation des subventions aux entreprises d’énergies fossiles équivaudrait à une économie de 3 milliards. Les verts auraient aussi l’intention de taxer les géants du web et estiment que cela rapporterait 1 milliard à la cinquième année de leur plan.

Mme May rappelle qu’un gouvernement vert n’irait évidemment pas de l’avant avec le projet d’oléoduc Trans Mountain. Si les 4,5 milliards payés par le gouvernement libéral ne sont pas récupérables, les verts estiment que de poursuivre ce projet coûterait entre 10 et 13 milliards supplémentaires, des milliards qu’un gouvernement vert ne dépenserait pas.

« On doit annuler l’oléoduc Trans Mountain », a rappelé Mme May.

« Nous ne récupérerons jamais ces 4,5 milliards. Ils en rient encore au Texas » s’est-elle désolée. « Nous sommes propriétaires de cet oléoduc et ça, ça ne changera pas. Mais pas question de dépenser 10 à 13 milliards de plus », a-t-elle déclaré.

Une assurance médicaments coûteuse

La mise en place d’un régime d’assurance médicaments universel par le Parti vert coûterait par ailleurs 26,7 milliards la première année.

Cet engagement à faire en sorte que tous les Canadiens aient accès aux médicaments est le principal poste de dépense du plan des verts.

La plateforme montre en effet que d’ici 2024-2025, le régime d’assurance médicaments des verts coûterait 31,3 milliards, mais le parti prévoit qu’à ce moment-là, les provinces participeront à hauteur de 17 milliards.

Les libéraux et les néo-démocrates ont eux aussi promis un programme national d’assurance médicaments.

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a déclaré qu’il dépenserait 10 milliards par an pour que tous les médicaments et appareils médicaux nécessaires soient gratuits partir de 2020. Le chef libéral Justin Trudeau a de son côté annoncé sa promesse d’assurance médicaments cette semaine, mais n’a pas révélé quels seraient ses coûts ni à quel moment elle entrerait en vigueur.

M. Trudeau a précisé qu’il serait guidé par un groupe dirigé par l’ancien ministre de la Santé de l’Ontario, Eric Hoskins, qui a estimé le coût à 15,3 milliards par an d’ici 2027, lorsque le programme sera pleinement fonctionnel.

Elizabeth May a déclaré qu’elle ne s’attendait pas à ce que le coût total de son programme atteigne 27 milliards.

Lorsque le bureau parlementaire du budget est revenu avec ce chiffre inattendu, le parti a dû ajuster son budget, a admis Mme May.