Expulsé du Parti libéral du Canada (PLC) pour des commentaires qualifiés d’antisémites, Hassan Guillet a décidé d’être le caillou dans le soulier et de se présenter quand même comme indépendant dans la circonscription de Saint-Léonard–Saint-Michel.

Sans aller jusqu’à accuser les instances du PLC d’avoir orchestré la publication de ses propos passés pour le déloger au profit de la candidate d’origine italienne Patricia Lattanzio, il s’interroge tout de même sur le traitement que le parti lui a fait subir.

« Il y a plusieurs candidats dans notre parti comme dans d’autres partis qui ont eu des révélations sur des photos ou des anciennes publications ou des anciennes photos et ces candidats sont toujours là. Il y avait seulement moi qui devais payer le prix pour des anciennes publications », a-t-il affirmé en conférence de presse, mardi, alors qu’il annonçait sa décision de demeurer dans la course.

Il soutient que ses propos, « qui sont utilisés comme excuse pour annuler ma candidature, étaient connus par le parti il y a très très longtemps ».

« Je sens qu’il y a deux poids, deux mesures. Ça saute aux yeux », a-t-il pesté devant les médias et un petit groupe de partisans venus l’appuyer.

Candidature « troublante »

La circonscription de Saint-Léonard–Saint-Michel élit des libéraux d’origine italienne avec des majorités massives depuis des décennies. L’élection de Hassan Guillet, un musulman, qui avait devancé de justesse Mme Lattanzio à l’investiture libérale le 27 mai dernier, était considérée comme une surprise de taille et avait été mal reçue par de nombreux membres de la communauté italienne, dont le député démissionnaire sortant Nicola Di Iorio qui était allé jusqu’à demander à Justin Trudeau d’annuler le résultat du vote.

Hassan Guillet a d’ailleurs qualifié la candidature de Mme Lattanzio de « troublante », étant donné les allégations de « comportements éthiquement discutables » dont elle fait l’objet en tant que commissaire à la Commission scolaire English Montreal, tout juste avant d’affirmer qu’il entendait mener une campagne « propre, professionnelle et inclusive ».

Hassan Guillet affirme qu’il adhère toujours aux valeurs véhiculées par le Parti libéral du Canada, mais qu’il ne peut accepter certaines politiques ou attitudes des gens qui le dirigent.

Libéré de la ligne de parti

Tout en reconnaissant qu’il n’aura pas les mêmes ressources pour faire campagne que ses adversaires des grands partis, il fait valoir qu’il aura « les coudées franches » une fois au parlement pour servir les intérêts de ses électeurs sans devoir se plier aux contraintes imposées par les lignes de parti.

Le candidat indépendant a profité de l’occasion pour révéler qu’il avait envoyé des mises en demeure tant au PLC qu’à l’organisme B’nai Brith — qui a signalé les propos passés de M. Guillet au parti — les enjoignant de se rétracter et de présenter des excuses.

Les commentaires en question visaient entre autres à saluer la libération d’un militant proche du Hamas et appelaient à la libération de la Palestine, alors que, dans un autre cas, M. Guillet déplorait l’influence du gendre de Donald Trump, Jared Kushner, qui est de confession juive, dans la politique américaine envers Israël.