La longue fin de semaine des Patriotes s’annonçait juste parfaite avec la météo au rendez-vous, mais pour mon conjoint, le congé a été marqué par un épisode d’urgence cardiaque. Heureusement, je peux en témoigner, le professionnalisme de la chaîne des soins du préhospitalier, à l’angioplastie aux soins intensifs cardiaques, est juste hautement louable.

Dimanche, mon chum et moi partons pour un tour de vélo avec clips et casques. Comme d’habitude, il part comme une flèche sur la piste cyclable du canal de Lachine, dépassant tous les cyclistes du dimanche. Moi, derrière, je peine à garder le rythme. Nous traversons le pont de la Concorde et prenons la sortie vers l’île Notre-Dame. Au pont du Cosmos, étonnamment, je le dépasse. Je l’attends de l’autre côté, près du kiosque d’information.

Il me rejoint, s’arrête net et me dit : « Je ne me sens pas bien. » Il trottine à côté de son vélo vers la maison tunisienne, met son vélo dans le rack et s’assoit sur le sol. Il me dit qu’il a un spasme rétrosternal, une douleur thoracique. Cela fait vraiment mal. Je lui dis, un peu agacée, de prendre une gorgée d’eau, de prendre de grandes respirations. Il insiste, il a vraiment mal.

À ma décharge, lorsque j’avais annoncé à mon chum en 2022 que je partais en mission pour l’Ukraine, il avait eu une douleur thoracique. Il avait été évalué dans une urgence avec dosage de troponine, électrocardiogramme, échographie cardiaque, observation en urgence sous scope pour une nuit et test sur tapis roulant le lendemain. On avait conclu à une crise d’anxiété.

Donc, je le regarde, en plissant des yeux et je lui dis, sur un ton un peu sévère : « Tu as vraiment mal ? » À ce moment, il est couché sur le dos, la main sur le sternum en insistant toujours que, cette fois, c’est différent.

Je pars vers le kiosque d’information et je dis au jeune homme que mon conjoint a une douleur rétrosternale et que je pense qu’il fait une crise cardiaque. Le jeune homme est un peu déboussolé. Je lui indique d’appeler une ambulance. Il hésite. Je retourne rapidement voir mon chum. « Tu es OK, on appelle une ambulance. » Je reviens au kiosque et le jeune homme m’annonce qu’il a appelé les « opérations de sécurité ». Je retourne auprès de mon chum toujours en douleur extrême en essayant de le rassurer que des secours arrivent. Rapidement, je regarde sur mon téléphone l’application DEA-Québec*. Cette application permet de localiser un défibrillateur externe automatisé. Selon l’appli, il y en a un au Casino.

Une voiture blanche de la sécurité arrive, deux intervenants arrivent avec un sac à dos, le défibrillateur est vite déballé. Mon chum a un pouls et il nous parle. Il fait rapidement avec eux son histoire médicale, ses antécédents médicaux. Mon chum, malgré sa douleur, offre gentiment le fait qu’il est anxieux, mais rajoute que cela fait vraiment mal. Les premiers répondants sont appelés tout de suite. Un gros camion de pompiers arrive en trombe. Même évaluation, même propos, même douleur. Une ambulance est appelée aussitôt. Rebelote, même évaluation, même histoire, même douleur. Les ambulanciers embarquent mon chum dans l’ambulance, ferment les portes. Pas le temps de dire au revoir, mais je l’entends dire qu’il veut aller au CHUM. Deux minutes plus tard, ils disent qu’ils l’amènent d’urgence au CHUM avec les sirènes. Je passe sa carte d’assurance maladie par la fenêtre au chauffeur.

Subito presto, je pédale à grande vitesse jusque chez moi, ramasse des vêtements pour mon chum, sa tablette, son téléphone, ses chargeurs et je prends le métro pour le CHUM. J’arrive aux urgences, je demande où je peux le trouver. La dame hésite, fait quelques coups de téléphone et me dit qu’il est au huitième étage en hémodynamie. Je blêmis. Je me retrouve donc au huitième étage, désorientée, seule devant la réception abandonnée du département. J’interpelle une personne de l’entretien qui ne peut pas m’aider. Finalement, un infirmier me dit que je devrais aller attendre dans le salon des soins intensifs cardiaques. Une infirmière qui me reconnaît me dit, une fois que je donne le nom de mon conjoint, qu’il a eu un STEMI (un acronyme qui précise une forme d’infarctus du myocarde transmural). Je ne reconnais pas cet acronyme médical sur le coup. Elle m’explique alors gentiment qu’il a fait un infarctus.

Malgré tout ce qu’on dit sur le système de santé au Québec, quand ça marche, ça marche.

Mon chum a eu deux interventions d’angioplastie avec pose d’endoprothèses vasculaires (« stents ») pour rétablir la circulation sanguine de son cœur. Sa première intervention a été faite en moins de deux heures du début de ses symptômes. Ses artères opérées sont indemnes de lésions significatives. Comme a dit en boutade son cardiologue, avec une bonne hygiène de vie, il ne mourra pas d’une maladie du cœur.

Nous ressortons de cette mésaventure avec le sentiment d’une infinie gratitude pour les équipes médicales d’hémodynamie et des soins intensifs cardiaques du CHUM et nous disons encore une fois un très grand merci pour tous les services préhospitaliers reçus.

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