Les nourrissons du Québec pourront recevoir gratuitement dès l’automne prochain un médicament pour prévenir les infections des voies respiratoires dues au virus respiratoire syncytial (VRS), qui a surchargé les urgences pédiatriques au cours des dernières années, annoncera ce vendredi le ministère de la Santé et des Services sociaux.

Quand sera-t-il offert ?

Québec deviendra la première province à couvrir le Beyfortus, un médicament injectable contre le VRS pour les nourrissons. Les premières livraisons du produit devraient arriver d’ici le début du mois de septembre. Le médicament, composé de l’anticorps nirsevimab, pourra être administré gratuitement à compter de l’automne 2024 dans les établissements de santé. « C’est fantastique. C’est une arme de plus dans notre arsenal pour contrer cette infection pour laquelle il y a quelques années à peine, il y avait vraiment très peu d’options », se réjouit le professeur spécialisé en immunologie et virologie de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) Alain Lamarre. Le gouvernement s’attend à ce que le médicament contribue à réduire le nombre de consultations médicales, de visites aux urgences et d’hospitalisations liées à des complications.

Qui sera admissible ?

Tous les nourrissons de moins de 6 mois seront admissibles pendant la saison du VRS, qui commence généralement à l’automne et culmine l’hiver. Hors saison, le médicament sera réservé aux nourrissons de moins de 6 mois vulnérables, ayant des risques accrus de complications. Les nouveau-nés sont les plus susceptibles de souffrir de complications du virus. « Ça peut prendre 6 à 18 mois avant que le système immunitaire de l’enfant soit assez fonctionnel pour être protecteur », explique le DDonald Vinh, infectiologue, microbiologiste clinique et chercheur au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). La semaine dernière, le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) a recommandé son utilisation chez les nourrissons.

Comment fonctionne ce médicament ?

Le médicament est administré dès la naissance du bébé en une seule dose d’anticorps par injection intramusculaire. « Ces anticorps vont agir au même titre que les anticorps que vous produiriez à la suite d’une infection ou de la vaccination », dit le virologue Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM. Ces anticorps générés en laboratoire peuvent se fixer directement au virus et l’empêcher d’infecter les cellules des poumons des nouveau-nés, explique Alain Lamarre. « Ça agit un peu comme une barrière pour diminuer le risque d’infection. »

Le médicament est-il efficace ?

Oui, répond Alain Lamarre. « Dans les études cliniques, les enfants qui étaient traités avec l’anticorps avaient 70 % moins de risques de développer une infection à VRS que les nouveau-nés qui étaient traités avec un placebo », dit-il. Une étude réalisée en 2022 a montré une diminution assez importante des hospitalisations, ajoute le DVinh. Les effets secondaires du nirsevimab, notamment une douleur, une rougeur ou un gonflement à l’endroit où l’injection a été faite, ont été peu fréquents au cours des essais cliniques, précisent sur leur site internet les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) des États-Unis.

Quelles sont les conséquences du VRS ?

C’est un virus qui circule chaque année pendant la saison froide et qui provoque une infection des poumons et des voies respiratoires. « C’est la cause principale d’infections respiratoires chez les enfants et les nouveau-nés », dit le professeur Alain Lamarre. Chez les adultes et les enfants de plus de 2 ans en bonne santé, le virus provoque principalement des symptômes semblables au rhume, soit un écoulement nasal, de la toux et de la fièvre. Les conséquences peuvent être plus graves chez les nourrissons et les enfants immunodéprimés. « Ça peut causer des bronchiolites et des pneumonies, ce qui nécessite souvent que les enfants soient hospitalisés plusieurs jours et reçoivent des traitements d’oxygène. Ils peuvent même être en soins intensifs et il y a des décès à chaque année d’enfants de moins de 6 mois », dit le spécialiste en virologie.

À part ce nouveau médicament, comment peut-on protéger les enfants du virus ?

« C’est dur à prévenir, parce que c’est une infection virale qui se transmet facilement par des enfants qui ont le nez qui coule », lance le DVinh. Il existe toutefois d’autres produits pour protéger les nourrissons contre cette maladie. Depuis mai 2022, le palivizumab, un anticorps monoclonal relativement coûteux et administré en quatre ou cinq doses, est offert aux nourrissons présentant des problèmes de santé sous-jacents à haut risque. Un vaccin administré pendant la grossesse est également disponible. Les anticorps maternels contre le VRS sont alors transférés au fœtus à travers le placenta, ce qui protège temporairement le nouveau-né du virus.